LOGIQUE EÉMININË
— Mais, madame, vous êtes montée en première avec un billet de
troisième.
— Et moi qui me croyais en seconde !... Dessin de H. Armengol.
déric... lium!... Vous seriez dans la plus grossière erreur.
Armand Grenadine était un de ces rares maris dont le front est
lisse et dénué de bois. Il y a de ces exceptions.
Ah ! pourquoi faut-il que le destin prenne du plaisir à détruire
les plus solides bonheurs et les plus établis! La vie est ainsi
laite que les plus heureux sont les plus durement atteints, et
nul ne peut affirmer qu’il a devant lui un avenir couleur de
rose !
Un jour, Armand Grenadine, à l’ombre fraîche d’une verte
tonnelle, par un ciel pur et lumineux, buvait de la chartreuse
mêlée de glace pilée, dans un grand verre, et fumait un havane
parfumé entre sa femme Fiduline et- son ami Gaston-Frédéric
des Petitspots.
Il riait et faisait des bons mots. D’une main il tapait sur
l’épaule de son ami, et de l’autre il caressait les contours char-
mants de son épouse.
Tout à coup, la femme de chambre apporta une dépêche, sur
le traditionnel plateau d’argent.
Armand Grenadine l’ouvrit (je ne parle pas de la femme de
chambre), la lut, pâlit, rougit, verdit et poussa un cri de déses-
poir qui s’en fut réveiller de lointains échos : son banquier
venait de filer avec sa fortune!
Il comprit pourquoi ce coquin prenait un soin si scrupuleux
un fin Connaisseur
— C’est épatant ce que ces vieux loups de mer avaient des tètes de
caractère...
— Mais c’est pas un vieux loup de mer!... C’est ma grand'mère !
Dessin de Nollat.
des argents à lui confiés, et les faisait si bellement prospérer :
il s’occupait de sa future propre fortune.
Armand Grenadine n’avait plus un sou. Il n’eut pas le courage
de finir sa chartreuse verte, laissa s’éteindre son cigare et,
désolé, partit nu-téte à travers la campagne, pour cuver son
chagrin, tandis que Fiduline et Gaston-Frédéric demeuraient
abasourdis, l’œil triste et la bouche en O.
Armand Grenadine n’était pas un bon marcheur. Au bout de
dix minutes il préféra cuver son chagrin dans un fauteuil, et
revint à sa villa.
— En amant de cœur, passe encore : deux ou trois, c’est de l’inconduite !
— Laisse-moi le temps de choisir : je procède à des épreuves de sélection.
Dessin de M. Radiguet.
— C’est maintenant que l'on apprécierait une
bonne cigarette roulée dans de 1 excellent papier
Zig-Zag !. . . Dessin de Manfredtnt.
.
— Mais, madame, vous êtes montée en première avec un billet de
troisième.
— Et moi qui me croyais en seconde !... Dessin de H. Armengol.
déric... lium!... Vous seriez dans la plus grossière erreur.
Armand Grenadine était un de ces rares maris dont le front est
lisse et dénué de bois. Il y a de ces exceptions.
Ah ! pourquoi faut-il que le destin prenne du plaisir à détruire
les plus solides bonheurs et les plus établis! La vie est ainsi
laite que les plus heureux sont les plus durement atteints, et
nul ne peut affirmer qu’il a devant lui un avenir couleur de
rose !
Un jour, Armand Grenadine, à l’ombre fraîche d’une verte
tonnelle, par un ciel pur et lumineux, buvait de la chartreuse
mêlée de glace pilée, dans un grand verre, et fumait un havane
parfumé entre sa femme Fiduline et- son ami Gaston-Frédéric
des Petitspots.
Il riait et faisait des bons mots. D’une main il tapait sur
l’épaule de son ami, et de l’autre il caressait les contours char-
mants de son épouse.
Tout à coup, la femme de chambre apporta une dépêche, sur
le traditionnel plateau d’argent.
Armand Grenadine l’ouvrit (je ne parle pas de la femme de
chambre), la lut, pâlit, rougit, verdit et poussa un cri de déses-
poir qui s’en fut réveiller de lointains échos : son banquier
venait de filer avec sa fortune!
Il comprit pourquoi ce coquin prenait un soin si scrupuleux
un fin Connaisseur
— C’est épatant ce que ces vieux loups de mer avaient des tètes de
caractère...
— Mais c’est pas un vieux loup de mer!... C’est ma grand'mère !
Dessin de Nollat.
des argents à lui confiés, et les faisait si bellement prospérer :
il s’occupait de sa future propre fortune.
Armand Grenadine n’avait plus un sou. Il n’eut pas le courage
de finir sa chartreuse verte, laissa s’éteindre son cigare et,
désolé, partit nu-téte à travers la campagne, pour cuver son
chagrin, tandis que Fiduline et Gaston-Frédéric demeuraient
abasourdis, l’œil triste et la bouche en O.
Armand Grenadine n’était pas un bon marcheur. Au bout de
dix minutes il préféra cuver son chagrin dans un fauteuil, et
revint à sa villa.
— En amant de cœur, passe encore : deux ou trois, c’est de l’inconduite !
— Laisse-moi le temps de choisir : je procède à des épreuves de sélection.
Dessin de M. Radiguet.
— C’est maintenant que l'on apprécierait une
bonne cigarette roulée dans de 1 excellent papier
Zig-Zag !. . . Dessin de Manfredtnt.
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