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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0069
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LA BOUTIQUE VERTE

HEUR ET MALHEUR

Tenez, caporal, voilà votre congé! Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir fiche une fois civil?

Dessin de Mars-Tmck.

{Dans le train deux poilus fortement
éméchés filent en permission sur Paris.)

premier poilu. — Pour du bon pinard,
mon pote, j’ai repéré un coin à Panam où
tu siffleras du bon pinard. Un bistro épa-
tant, comme t’en connais pas et comme
j’en connais pas deux. On ira s’taper la
tête chez lui d'main et quand on s’ramé-
nera dans not’ choléra d’gourbi, tu pou-
rras toujours causer aux aminches qu’tu
t’as envoyé du pinard de première et pas
chérot.

deuxième poilu. — Où qu’c’est qu’i’ per-
che c’te bistro?

premier poilu. — Où qu’i’ perche?

DEUXIÈME POILU. — Oui.

premier poilu, se grattant le crâne. —

Ben, ma vieille, j’sais pas au juste.’ C’est
p’tête ben rue de Charonne. Non, j’crois
plutôt qu’ c’est rue de la Glacière, à moins
que ça soye faubourg Saint-Denis, ou ben
encore rue de Belleville.

deuxième poilu. — Dis donc, c’est qu’ça
s’toucbe pas, tous ces endroits-là!

premier poilu. — Ça fait rien. J’connais ben l’coin et j’t’y con-
duirai comme qui dirait les yeux dans un sac. J’ai un bon truc
pour retrouver la boutique. Elle est verte avec des lettres blan-
ches. Une belle boutique, bien espacieuse et puis verte. C’est
comme si que je la voyais.

deuxième poilu. — Dis donc, c’est qu’i’ en manque pas à Pa-
nam des boutiques vertes.

premier poilu. — T’en fais pas. Y en a pas tant qu’tu dis, sur-
tout avec des lettres blanches sur le dessus. C’est pus la peine
d’en causer. Demain, que j’te dis, tu pourras t’en envoyer plein la
lampe du pinard qu’est vraiment du pinard.

{Le lendemain, les deux poilus s'en vont en tanguant quelque
peu à travers les rues de Paris.)

deuxième poilu. — Dis donc, c’est core loin, ta boutique verte?
V’ià combien d’temps qu’on trotte après?

premier poilu. — T’frappe pas, mon pote. J’crois ben qu’j’re-
connais l’quartier. Quand nous passerons d’vant, j’te dirai tout
de suite : « Tiens, c’est là. »

deuxième poilu. — Quand nous passerons d’vant? Non, mais
tu charries. Ça peut durer toute not’ perm, c’te balade-là. Les
guibolles commencent à plus en vouloir, tu sais.

premier poilu. — Chiale pas. On va t’ia balancer en douce, la

chœur des chasseurs. — fcont ils beie.-^, ces chiens, de tirer de la sorte, il n’y a pourtant pas de gibier!...

l’amoureux transi. — Mais si, messieurs : c’est un lapin..’. Dessin de J.-J. Roussau.
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