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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0083
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ment plus intéressants que le banal communiqué de M. Dutasta.

Je vois d’ici ce titre à fracas :

Le Honduras frappe du poing sur la table et s'écrie :

« Vous ne m'avez pas regardé! »

Ou bien :

Le Japon dit au Panama :

« Assez de chichis! Fermez ça! »

Mais le canal restera ouvert malgré tout.

Les rédacteurs corseraient leurs « papiers » de détails sensa-
tionnels sur les froncements de sourcil de M. Clemenceau, sur
les longues dents de M. Wilson, sur les sourires mystérieux des
Chinois... Le moindre différend serait transformé en alterca-
tion, — et la paix n’en serait pas plus avancée.

Naturellement, les photographes monteraient sur la table de
la Conférence avec leurs trépieds et leurs bombes à magnésium ;
Sem dans un coin croquerait les grandes et les petites puis-
sances sans souci de leurs grimaces; les opérateurs de cinémas
tourneraient leurs manivelles et le Congrès ressemblerait tout
à fait à ces grands procès où se presse le Tout-Paris; on finirait
par y voir Mme Réjane, Max Dearly et Mistinguett.

Non content d’être international, le Congrès serait aussi très
parisien... Reste à savoir si, tout compte fait, la diplomatie
secrète ne vaut pas mieux que la diplomatie à jazz-band.

* * * Si vous allez à Bruxelles un de ces jours —par exemple
en aérobus — n’oubliez pas de visiter l’exposition de cunicul-
ture. Cuniculture? Keksekça?

Souvenez-vous qu’en latin cuniculus signifie « lapin ».

Elever des lapins, c’est faire de la cuniculture; en poser, c’est
être cunicole. Quand Zozo, Totoche ou Mad vous écrit : « Impos-
sible de venir ; ma tante de Coulommiers est arrivée, » c’est de
la cuniculture, tout simplement.

Il y a à Paris, quelques coins où la cuniculture est très flo-
rissante. Je citerai le terminus des tramways, boulevard Hauss-
mann, près de la rue Taitbout; la place de la Bourse, devant le
Métro; les salons de lecture des grands magasins; la salle des
pas perdus de la gare Saint-Lazare, etc. C’est inouï ce que l’éle-
vage des lapins prospère dans ces endroits-là!...

Ceci dit, la vraie cuniculture mérite d’être encouragée.

Le bolchevisme nous menace. Qui nous en préservera? Le
lapin...

En effet, le lapin peut nous éviter la disette, mère des révolu-
tions. La race lapine ignore la dépopulation. Elle se reproduit
avec ardeur, hiver comme été, partageant avec l’espèce hu-

110MMAGE AU « PAPE d’aMÉRIQUE »

Dans un accès étrange de cléricalisme, les socialistes, ayant pro-
clamé l'infaillibilité du Président Wilson, lui décernent une tiare civile.

REPRISE DES DÉCORATIONS CIVILES
... et non moins impavides que nos poilus dormant sous les mitrailles,
nos ronds-de-cuir attendent en somnolant le bienfaisant bombardement.

Dessins de L. Métivet.

maine le privilège de pouvoir faire l’amour en toute saison.

Le lapin doit être encouragé dans ses sentiments familiaux et
conservateurs; cet animal essentiellement pacifique, peut, seul,
nous éviter les horreurs de la guerre civile. Il remplacera les
veaux, vaches, cochons et couvées que M. Claveille abandonne
dans les gares lointaines... Si j’osais, je dirais que le lapin mé-
rite bien, lui aussi, de la patrie !

^ ^ On n’a pas assez parlé d'une certaine entrevue de

MM. les auteurs dramatiques avec MM. les critiques, également
dramatiques.

MM. les auteurs ont dit ceci :

— Messieurs lés critiques, la qualité des pièces de théâtre
devient très mauvaise; autrement dit, la scène baisse...

MM. les critiques ont répondu:

— Messieurs les auteurs, nous n’osions pas le dire dans nos
comptes rendus, mais c’est un fait que vos productions sont au-
dessous de tout.

MM. les auteurs ont répliqué :

— Oh ! nos pièces sont bonnes... Mais il s’agit de ces nou-
veaux auteurs qui, vraiment, abusent de l’après-guerre pour
imposer au public des spectacles indignes de la Ville-Lumière.

MM. les critiques ont déclaré :

— Oui... Mais que faire ?

— Que faire? Mais des chefs-d’œuvre tout simplement.

Il en a été ainsi décidé par un procès-verbal que voici :

« Un certain nombre d’auteurs et critiques dramatiques se
sont réunis dans les locaux de la Société des auteurs, rue
Henner, et ont décidé de relever le niveau de la scène française
par une production intensive de pièces admirables, vraiment
dignes de la littérature française. »

Voilà de l’action, voilà de l’énergie !...

Je dois dire que tous les auteurs présents n'ont pas signé.
Quelques-uns sont même sortis indignés en s’écriant :

— C’est un guet-apens !... Pour qui nous prend-on?

Et ils sont rentrés immédiatement chez eux pour écrire des
pièces pas admirables du tout, parfaitement indignes de la litté-
rature française, mais qui feront le maximum pendant cent
représentations et même plus. Pick-me-up.
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