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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0098
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DERNIÈRES NOUVELLES DE LA CONFÉRENCE
;— On parle ? — On parle. — Et on prend des décisions ? — On prend le thé...

LE RIRE DE LA SEMAINE

Us en l'ont des chichis, à la Chambre, avec ces malheureux
250 francs promis aux démobilisés!

Tout d’abord, les députés avaient promis mille francs. Mais
après avoir gaspillé tant de milliards, nos représentants se
dirent tout à coup :

— Soyons économes... Les démobilisés auront 250 francs.
C’est une somme pour des gens qui gagnent dix sous par jour!

Puis, ils eurent un deuxième remords...

— N’allons pas trop vite! déclarèrent ces nouveaux et zélés
défenseurs du Trésor public... Nous voterons plus tard cette
magnifique donation à nos héros! 250 francs, fichtre! C’est de
quoi déjeuner au moins deux fois chez Larue!

Maintenant, les 250 francs ne sont plus destinés, de droit, à
tous les démobilisés. H faudra prouver qu’on en a besoin... Très
bien; mais qui n’a pas, en somme, besoin de 250 francs? L’un
c’est pour manger, l’autre c’est pour boire, un troisième c’est
pour payer son tailleur, le quatrième c’est pour aller voir les
poules, le cinquième, c’est pour acheter un peu de beurre... Il
y a des moments où M. de Rothschild lui-même a besoin de
250 francs!

Mais la Chambre discute, ergote, recule devant l’addition,
comme si nous en étions encore à un milliard prèsl

Les 250 francs se font donc attendre...

Ah! ce n'est pas comme les 15.000!...

Souvenez-vous de la rapidité avec laquelle fut menée cette
opération. M. Baudon monta à la tribune du Palais-Bourbon
et lut à voix basse un petit texte de rien du tout. Aussitôt, les
mains se levèrent...

— Adopté! dit le président.

Prévenus, les sénateurs attendaient le « projet de loi » qui,
sans tarder une seconde, leur arrivait en auto... Ah! je vous
prie de croire que la rue de Tournon fut grimpée en quatrième
vitesse! Prestement, un père-conscrit monta à la trinune du
Luxembourg, et lut à son tour, en bredouillant, le fameux texte.
Les mains se levèrent.

— Adopte! dit le president.

En une demi-heure, le tour avait été joué... : jamais l’union
sacrée n’avait été si touchante, — c’est bien le cas de le dire.

Si j’étais mathématicien, je résoudrais ce problème ;

Etant donné que 15.000 francs, renouvelables pendant quatre
ans, ont été cotés en trente minutes, combien de temps faut-il
pour voler 250 francs, une fois donnés ?

Voilà de quoi distraire les mob lisés à qui l’on a dit : « Nous
vous devons tout, » et qui, en attendant, n'obtiennent pas grand’-
chose.

* * * C’est pendant une minute seulement que les cheminots
du P. L. M. ont fait grève, ces jours derniers. Après la grève
perlée, la grève minutée...

Pendant soixante secondes, très exactement, les mécaniciens
ont arrêté leurs trains pour « donner un avertissement » à la
Com agnie. Les hommes d’equipe, les employés des guichets et
des bureaux se sont, eux, croisé les bras pendant un quart
d’heure... Ce n’est pas le quart d heure du Japonais : c’est le
quart d’heure du cheminot, mais il n'est pas moins inquiétant!

Pourvu que d’autres corporations ne se mettent pas, elles
aussi, à interrompre brusquement tout travail pendant un cer-
tain nombre de minutes fixé par un mystérieux et tyrannique
« maure de l’heure » I

Vous voyez-vous chez le coiffeur, le menton à moitiA rasé, au
moment même où le garçon s’écrie :

— Je me f... en grève pendant vingt minutes, ordre de la
C. G. T. Vive la Sociale!

Si les dentistes étaient des prolétaires syndiqués, je me méfie-
rais... Ce ne serait pas drôle d’être tout à coup abandonné avec
une dent à moitié arrachée!

Et supposez que les petites dames hospitalières se mettent,
elles aussi, à faire de la grève perlée...

J’imagine la tète du monsieur qui, au bon moment, alors que
cela va très bien, voit soudain Carmen se redresser en criant :

— Vive la grève !

— Quelle grève?

— La grève d’un quart d’heure... La C. G. T. nous a donné
l’ordre de cesser le travail pendant quinze minuies, de cinq
heures à cinq heures un quart. En ce moment, toutes les syndi-
quées se croisent les jambes.

— Qu’est-ce que tu me chantes là?

— Mon petit, je suis une militante... Alors, tu comprends, je
milite.
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