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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0099
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— Voyons, tu ne vas pas me laisser ainsi?

— Attends un quart d’heure...

— Un quart d’heure? Mais, ma petite, je n’ai plus vingt ans!
C’est du sabotage, du bolchevisme... J’ai un ami député qui
interpellera Clemenceau! Un quart d’heure? En voilà, un sale
coup! Allons, sois gentille...

— Rien à faire! Vive la Sociale!...

Voilà une scène de revue toute faite... Je vois d’ici Mistinguett
dans le' rôle de la syndiquée qui a tout lâché pour un quart
d’heure et que le malheureux bourgeois laissé en panne pour-
suit et maudit au nom des idées de conservation sociale.

Encore, les trains du P. L. M. sont repartis... Les victimes de
la grève perlée des prolétaires de l’amour auront peut-être de
la peine à se remettre en route.

* * * Un autre type de revue, c’est le monsieur qui doit
aller à Londres en aérobus.

Vous le rencontrez revêtu d’une fourrure de Samoyède, coiffé
d’un bonnet d’ourson...

— Vous allez au pôle Nord? lui demandez-vous...

Il vous répond négligemment :

— Non, je vais à Londres en aérobus... Je suis du premier
voyage.

— Quand partez-vous?

— Demain... ou après-demain, au plus tard. J’attends un coup
de téléphone de Diclc Farman.

— Vous n’êtes pas un peu... ému?

— Et pourquoi, mon cher? Mais c’est la chose la plus banale
du monde..., je vous assure : on prend l’aérobus comme on
prend Madeleine-Bastille.

— On se dispute tout de même moins les places...

Trois ou quatre jours se passent. Vous rencontrez de nouveau
le voyageur aérien.

— Pas encore parti ?

— Non... Le temps est défavorable. Mais à la première
éclaircie, j’attends le coup de téléphone de Dick Farman... Et
en route !

Vous rencontrez encore pas mal de fois cet Icare emmitouflé.
Il est toujours sur le point de s’envoler et il ne s’envole jamais :
il attend de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en
mois, le coup de téléphoné de Dick Farman. Y tient-il à ce
coup de téléphone? Et maudit-il bien sérieusement les brouil-
lards de la Manche?

Quoi qu’il en soit, partout où il va, il lance sa petite phrase à
effet :

. — Je vais à Londres en aérobus... J’ai ma place retenue.

On l’entoure, on le félicite, on l’admire. Les hommes disent:
« C’est un lapin! » Les femmes aussi d’ailleurs... 11 est bon de
passer pour un lapin aux yeux des femmes, car cet animal est
réputé pour ses prouesses, sinon aériennes, du moins amou-

LES « PRINCES DHT l’iLE »

4 -Fichue idée d’échanger des « vues » avec des gens qui en ont de si
louches,

Dessins de L. Métivet.

reuses. Et en attendant le coup de téléphone de Dick Farman,
le gaillard y va plus d’une fois de son petit voyage au septième
ciel : il fait de l’aviation en chambre, franchit le détroit avec
une audace étonnante et s’il fait la culbute, au moins c’est
avec de fortes chances de ne pas se casser grand’chose...

* * * Il y a d’ailleurs aussi la dame qui doit aller à Londres
en aérobus.

Elle a peut-être tort de vouloir quitter le plancher des vaches,
mais, que voulez-vous, il y a le costume, il y a les reporters, il
y a les photographes, il y a les chères amies à la fois jalouses
et fermement décidées à ne pas en faire autant.

Je constate cependant que nombre de femmes sont très dési-
reuses d’aller en avion... Elles veulent; sinon siéger au plafond
comme Lamartine, du moins « plafonner » comme Védrines.
Leur rêve serait d’aller aux Galeries Farfouillettes sur un
« zinc » rapide... Et s’il y avait, pour elles aussi, 25.000 francs
de prime, je vous prie de croire qu’elles les auraient dépensés
avant d’être descendues au rez-de-chaussée!

Des aviatrices vont même faire partie de la Roosevelt memo-
rial arctic Expédition qui tentera prochainement l’exploration
des régions polaires en aéroplane.

Jusqu’à présent, le pôle Nord ça manque de femmes!

Les aviatrices vont aller représenter le sexe aimable sur les
banquises de l’Océan glacial... Les femmes sont admises au cer-
cle arctique et littéraire, — pas celui de la rue Boissy-d’Anglas.

J’imagine qu’il y aura quelques flirts au cours de cette expé-
dition... Quand on approche du pôle magnétique, on doit avoir
des idées folâtres. Evidemment, ces régions offrent aux romans
modernes un cadre moins banal que Venise : de plus, il y a
ceci d’avantageux pour les amoureux que la nuit dure six
mois... Et, quand il s'agit d’une folle nuit, cela doit être très
agréable !

Le malheur, c’est que, pour l’amour, la banquise ne vaut pas
l’herbe tendre... De plus, les exploratrices du pôle doivent faire
des difficultés pour enlever leur chemise : par quarante-cinq
degrés de froid, on peut trouver que la pudeur a du bon. ‘ -

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