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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0114
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ESSAI DE MISE AU POINT

Tout dépend d’où l’on regarde, c’est une question de... perspective : le Président de Notre République est aussi un grand orateur, et j’en sais
d'aucuns qui lui trouveraient du génie... s’il était Américain.

LE RIRE DE LA SEMAINE

Une à une, les joies d’avant-guerre nous sont rendues.

Nous n’avons pas encore les choux à la crème, mais nous
avons retrouvé la valse chaloupée : Mistinguett, et Max Dearly
nous restituent — enfin ! — cette danse qui commençait à nous
manquer terriblement.

La valse chaloupée, c’est toute la paix, la paix d’autrefois, avec
ses excitants, ses excitées, ses apacheries artistiques, ses plai-
sirs à la fois faubouriens et raffinés; la valse chaloupée, c’est
l’heureux temps où l’on ne pensait à rien qu’à contempler la
grande Marcelle pâmée dans les bras du petit Julot... Depuis
nous avons eu la grosse Bertha!

Les dieux soient loués : la valse chaloupée, essentiellement
parisienne, a succédé au grand rigodon international... Paris
redevient Paris : ça fait plaisir de se retrouver entre soi!

Que nous manque-t-il encore?

Les courses, avec les joies du pari mutuel ?... Soyez tranquille :
ce sera pour bientôt. La démocratie ne peut pas attendre plus
longtemps : elle veut mettre ses cent sous sur le favori...

Les cabarets de nuit? Ils ont déjà entr’ouvert leurs portes et
à moitié fermé leurs volets... Nous avons fait la paix avec la
Hongrie : les tziganes vont nous revenir, plus rouges que
jamais.

Les tripots? Quelques tenanciers avaient cru devoir dire :
« Rien ne va plus! » Au moment où, en somme, cela n’allait
pas très bien. Mais les pontes des mille et une nuits veulent
qu’on leur rende leur « petit chemin de fer » : la crise des trans-
ports ne peut pas durer toujours! Nous avons fabriqué du maté-
riel : il s’agit maintenant de faire sa matérielle.

Encore quelques semaines et ce qu’il est convenu d’appeler
la « vie parisienne » aura repris tout son éclat... Ces messieurs
de l’Académie nous avaient dit : « La guerre nous rendra ver-
tueux ! » Tu parles...; jamais le « nu esthétique » n’a été si à la
mode dans les petits théâtres et même dans les grands; les spec-
tatrices sont évidemment à la veille de nous en montrer autant
que les petites femmes de revue... Les armements seront peut-
être limités, mais le décolleté d’une jolie femme sous les armes
ne l’est pas : le soir, elle nous montre ses nichons jusqu’au

nombril; le jour, elle nous fait voir ses mollets jusqu’à l’endroit
où ils commencent à changer de nom.

Malgré la disette de beurre et la menace du bolchevisme, la
paix s’annonce comme devant être très joyeuse... Ohé! ohé!
Max Dearly et Mistinguett dansent la « chaloupée » sur un vol-
can, et pour le grand soir en préparation, la petite baronne se
fait faire une robe que sa grand’mère n’eût pas osé porter
comme chemise...

* * De temps en temps, des imprudents ou des maladroits
font éclater un obus ou une grenade au milieu d’un cercle...
Naturellement, il y a de nombreux éclats que se partagent les
badauds : ce « fait divers » tend à devenir banal et nous le
lirons bien longtemps après la signature définitive de la paix.

Les « gaz » font, à leur tour, parler d’eux. Je découpe ces
lignes dans un grand quotidien :

« Un cinéma en larmes. — Dimanche soir, les spectateurs
qui se trouvaient au cinéma Excelsior, avenue de la Grande-
Armée, ressentirent soudain des picotements à la gorge, au
yeux, au nez; bientôt tout le monde toussa, pleura, se moucha,
tant et si bien qu’il fallut interrompre le spectacle. On décou-
vrit bientôt celui qui avait causé ce trouble; c’était un individu
qui avait ouvert un tube de gaz lacrymogène. 11 s'apprêtait à en
ouvrir un autre lorsqu’on l’arrêta. »

Qu’est-ce que vous voulez, on s’amuse comme on peut!

Mais ce mauvais plaisant est, peut-être, un novateur...

J’imagine que nombre de tubes de gaz hilarant sont restés
sans emploi : c’est le moment de les refiler aux directeurs de
ces théâtres où l’on joue des pièces gaies parfaitement assom-
mantes... Avec un tube ou deux, tous les effets portent, tous les
mots passent la rampe, toutes les grimaces amuseûf prodigieu-
sement la salle.

Seulement, il s’agit de ne pas se tromper...

Voyez-vous un chef de claque maladroit ouvrant, par erreur,
un tube de gaz lacrymogène au moment où le premier comique
apparaît en caleçon chez la cocotte du second acte? Le public
se mettrait à verser des larmes... En revanche, un tube de gaz
hilarant provoquerait une hilarité générale, lorsque la jeune
première repousse le traître et lui dit en roulant les r :

— Monsieur le marquis, ma vertu est au-dessus de vos calom-
nies... Je. suis vierge!...
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