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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0115
L’emploi des gaz au théâtre est une affaire très délicate, mais
je crois que cette application de la chimie à l’industrie drama-
tique est appelée à un bel avenir.
* * * Je ne sais pas quels gaz sont projetés dans la salle où
siège la Conférence de la Paix, mais j’ai comme une idée que ce
sont des gaz somnifères.
Tudieu, que ces diplomates sont ennuyeux!...
Après la guerre d’usure, allons-nous avoir une paix d’usure?
Les délégués des grandes et des petites puissances semblent
s’être donné le mot pour mettre notre patience à une terrible
épreuve. Le <« communiqué » du front n’était pas toujours pas-
sionnant : celui du quai d’Orsay ne l’est jamais.
Nous avons attendu cinquante-deux mois pour voir la fin de
la guerre... Est-ce qu’il faudra que nous en attendions autant
pourvoir le commencement de la paix?
Le Congrès mondial me fait penser à un théâtre où la petite
pièce menaçait de durer jusqu’à l’heure du dernier métro.
La petite pièce, ce sont ces bavardages interminables sur des
à-côté ; la grande pièce, c’est la paix, la juste paix avec les
Boches.
Nous nous occuperons plus tard de 1’ « organisation du tra-
vail », du « statut des Arabes », de 1’ « administration des
colonies » et de 1’ « internationalisation des détroits » : c’est
très intéressant, mais c’est moins pressant que le règlement de
nos petites affaires avec l’Allemagne.
Si j’étais M. Clemenceau, je placerais dans la salle de la Con-
férence un poilu doué d’une voix énorme qui, toutes les
cinq minutes, s’écrierait :
— Messieurs, pensez aux Boches!...
Le Chinois serait en train de dire son mot sur la question du
Congo...
— Messieurs, pensez aux Boches!../
Le Libérien entreprendrait un discours sur la neutralisation
du pôle nord...
— Messieurs, pensez aux Boches!...
M. Bourgeois palabrerait avec une douce émotion sur le
désarmement général...
— Messieurs, pensez aux Boches!...
M. Wilson décrirait avec un large sourire la future Société
des natio ns...
l’émir fayçal a la conférence
Réticent et mystérieux, le fils du Roi du Hedjaz a, disent les jour-
naux, posé les revendications arabes en termes « voilés ».
Dessins de L. Métivet.
— Messieurs, pensez aux Boches!...
Voulez-vous parier que, grâce à cet obstiné caceant consules !
nous aurions cinq ou six ans plus tôt la paix que nous avons
payée si cher et dont nous avons le droit d’exiger la livraison
dans un bref délai.
* * * L’autre jour, un journaliste, pas très connu, pas très
brillant, reçoit la visite d’un de ses amis qui lui dit :
— Le journalisme conduit à tout, à la condition d’en sortir...
Je t’offre une place superbe!
— Ah!... Qu’est-ce que c’est?
— Tu toucheras 2.000 francs par mois, tu seras nourri, couché,
blanchi, chauffé, et tu habiteras un magnifique château des
environs de Paris.
— Jusqu’ici, cela ne me déplaît pas... Mais que ferai-je dans
ce château?
— Voici : M. P..., un de nos plus notoires nouveaux riches, a
une fille de 32 ans et un fils de29... Ces enfants — si je peux les
appeler, ainsi — manquent un peu d’instruction et d’éducation.
Il s'agit de les instruire et de les affiner.
— Je comprends : c’est une place de précepteur pour grandes
personnes.
— A peu prés... M. P... m’a dit ceci : « Pendant un an, je
paierai 2.000 francs par mois, plus l’entretien, au monsieur bien,
qui enseignera à ma fille et à mon fils la géographie ancienne et
moderne, l’art de se tenir dans le monde, un peu d’anatomie,
— j’v tiens, — la façon de raconter dans un salon une bonne
blague qui fait rigoler la société, l’histoire de la prise de la
Bastille, le bridge et le style... En un an, il faudra leur
apprendre tout ça! Après tout, j’ai gagné trois millions en un an...
On peut bien, dans le mê'me temps, se fourrer dans la tête
quelques notions scientifiques et mondaines! »
— Evidemment... Mais cette demoiselle de 32 ans m’inquiète!
— Elle est charmante et moins bête que,son millionnaire de
père !
— Je vais réfléchir...
A l’heure qu’il est, notre confrère réfléchit toujours. Il a tort...
La place est bonne et n’a rien d’humiliant. Et qui sait, en appre-
nant l’anatomie à la demoiselle de 32 ans, il trouvera peut-être
l’occasion d’étendre un petit peu le programme fixé parle papa.
L’anatomie,c’est très intéressant! Que d’observations curieuses à
faire! Cela peut aller très loin, jusqu’à la mairie! Pick-me-up.
je crois que cette application de la chimie à l’industrie drama-
tique est appelée à un bel avenir.
* * * Je ne sais pas quels gaz sont projetés dans la salle où
siège la Conférence de la Paix, mais j’ai comme une idée que ce
sont des gaz somnifères.
Tudieu, que ces diplomates sont ennuyeux!...
Après la guerre d’usure, allons-nous avoir une paix d’usure?
Les délégués des grandes et des petites puissances semblent
s’être donné le mot pour mettre notre patience à une terrible
épreuve. Le <« communiqué » du front n’était pas toujours pas-
sionnant : celui du quai d’Orsay ne l’est jamais.
Nous avons attendu cinquante-deux mois pour voir la fin de
la guerre... Est-ce qu’il faudra que nous en attendions autant
pourvoir le commencement de la paix?
Le Congrès mondial me fait penser à un théâtre où la petite
pièce menaçait de durer jusqu’à l’heure du dernier métro.
La petite pièce, ce sont ces bavardages interminables sur des
à-côté ; la grande pièce, c’est la paix, la juste paix avec les
Boches.
Nous nous occuperons plus tard de 1’ « organisation du tra-
vail », du « statut des Arabes », de 1’ « administration des
colonies » et de 1’ « internationalisation des détroits » : c’est
très intéressant, mais c’est moins pressant que le règlement de
nos petites affaires avec l’Allemagne.
Si j’étais M. Clemenceau, je placerais dans la salle de la Con-
férence un poilu doué d’une voix énorme qui, toutes les
cinq minutes, s’écrierait :
— Messieurs, pensez aux Boches!...
Le Chinois serait en train de dire son mot sur la question du
Congo...
— Messieurs, pensez aux Boches!../
Le Libérien entreprendrait un discours sur la neutralisation
du pôle nord...
— Messieurs, pensez aux Boches!...
M. Bourgeois palabrerait avec une douce émotion sur le
désarmement général...
— Messieurs, pensez aux Boches!...
M. Wilson décrirait avec un large sourire la future Société
des natio ns...
l’émir fayçal a la conférence
Réticent et mystérieux, le fils du Roi du Hedjaz a, disent les jour-
naux, posé les revendications arabes en termes « voilés ».
Dessins de L. Métivet.
— Messieurs, pensez aux Boches!...
Voulez-vous parier que, grâce à cet obstiné caceant consules !
nous aurions cinq ou six ans plus tôt la paix que nous avons
payée si cher et dont nous avons le droit d’exiger la livraison
dans un bref délai.
* * * L’autre jour, un journaliste, pas très connu, pas très
brillant, reçoit la visite d’un de ses amis qui lui dit :
— Le journalisme conduit à tout, à la condition d’en sortir...
Je t’offre une place superbe!
— Ah!... Qu’est-ce que c’est?
— Tu toucheras 2.000 francs par mois, tu seras nourri, couché,
blanchi, chauffé, et tu habiteras un magnifique château des
environs de Paris.
— Jusqu’ici, cela ne me déplaît pas... Mais que ferai-je dans
ce château?
— Voici : M. P..., un de nos plus notoires nouveaux riches, a
une fille de 32 ans et un fils de29... Ces enfants — si je peux les
appeler, ainsi — manquent un peu d’instruction et d’éducation.
Il s'agit de les instruire et de les affiner.
— Je comprends : c’est une place de précepteur pour grandes
personnes.
— A peu prés... M. P... m’a dit ceci : « Pendant un an, je
paierai 2.000 francs par mois, plus l’entretien, au monsieur bien,
qui enseignera à ma fille et à mon fils la géographie ancienne et
moderne, l’art de se tenir dans le monde, un peu d’anatomie,
— j’v tiens, — la façon de raconter dans un salon une bonne
blague qui fait rigoler la société, l’histoire de la prise de la
Bastille, le bridge et le style... En un an, il faudra leur
apprendre tout ça! Après tout, j’ai gagné trois millions en un an...
On peut bien, dans le mê'me temps, se fourrer dans la tête
quelques notions scientifiques et mondaines! »
— Evidemment... Mais cette demoiselle de 32 ans m’inquiète!
— Elle est charmante et moins bête que,son millionnaire de
père !
— Je vais réfléchir...
A l’heure qu’il est, notre confrère réfléchit toujours. Il a tort...
La place est bonne et n’a rien d’humiliant. Et qui sait, en appre-
nant l’anatomie à la demoiselle de 32 ans, il trouvera peut-être
l’occasion d’étendre un petit peu le programme fixé parle papa.
L’anatomie,c’est très intéressant! Que d’observations curieuses à
faire! Cela peut aller très loin, jusqu’à la mairie! Pick-me-up.