son traînée par deux perche-
rons solides. Il admira la vi-
gueur de l’attelage.
— Peste, dit-il, vous vous
mettez bien !
— Songez que nous devons
représenter des cambrioleurs
mondains, selon le goût du
jour. Il faut que tout soit très
chic. Regardez d’ailleurs mes
acteurs. N’ont-ils pas l’air de
gentlemen accomplis?
Et bientôt, dès que l'opéra-
teur eut procédé à l’installa-
tion de son appareil, les gent-
lemen se mirent à l’ouvrage
avec une dextérité parfaite. Si
M. Durandard avait encore eu
quelques craintes, elles se fus-
sent vite dissipées, à voir les
hommes jongler littéralement,
et sans la moindre anicro-
che, avec son mobilier de salon, sa pen-
dule, son argenterie, le petit secrétaire,
les statuettes. Tant d’habileté l’émerveil-
lait.
En quelques minutes tout fut terminé.
Le metteur en scène s’approcha :
— Je crois que c’est vivement fait, n’est-
ce pas? Nous aurons là un film sensa-
tionnel. Maintenant, il faut que je fasse
sortir la voiture pour régler l’incident
final. Car nous terminons par un petit
incident imprévu, dont vous me direz des
nouvelles.
— Qu’est-ce que c’est donc?
— Vous allez voir ça. 'Venez avec
moi.
LE DÉPUTÉ.,. SORTI
Vous
n avez
— Alors, toi aussi, tu me mets à la porte de ta chambre?
Dessin de René Jodenne.
géant vers la porte, quand, soudain, le met-
teur en scène s’écria :
— Sapristi I J’ai oublié mon chronomè-
tre enregistreur. Je dois l’avoir laissé dans
votre chambre,
rien vu?
— Ma foi, je ne sais pas...
— Un petit appareil nickelé.
11 m’est indispensable. Sans lui,
j’aurais peur de dépasser le
temps que doit durer notre pe-
tite histoire. J’en ai absolument
besoin... D’autre part, si je
m’absente une minute, tout ris-
que de rater. Nous serions obli-
gés de recommencer... Comme
c'est ennuyeux !
— Voulez-vous que j’aille le
chercher?
— Je vous en prie. Vous me
sauvez la vie.
M. Durandard se précipita,
monta l’escalier quatre à qua-
tre, entra dans la chambre,
regarda, chercha, explora... et
ne trouva rien.
Il doit l’avoir laissé ailleurs, pensa-
t-il.
ERE NOUVELLE
Tous deux suivaient la voiture se diri-
II inspecta le salon, la salle à mangei.
Peine inutile. De guerre lasse, il se décida
à rejoindre le visiteur!
Mais, comme par hasard, il n’y avait
plus personne devant la porte. Le met-
teur en scène, l’opérateur, les acteurs,
tout le monde avait disparu.
Déjà loin, sur la route, la voiture filait
au grand trot de son attelage. Juché sur
le toit du véhicule, un gentleman. agitait
dans l’air un mouchoir passablement iro-
nique...
Alors M. Durandard comprit quel était
l’incident imprévu, qui devait terminer
si bien le soi-disant prétendu cambrio-
lage.
Édouard OeMOnt.
— Etonnant! Jules Verne!!!... Son bonhomme
ne met que 80 jours pour faire le tour du
monde ! ! !
— Quand on pense au temps qu’on met au-
jourd’hui pour arriver à Saint-Cyr-sur-Morin !
Dessin de M. Sauvayre.
r
— Qu’est-ce que tu regardes au poulailler?
— Je zyeute si des fois le patron n’y serait
pas. Dessin de Mauryee Motet.
— Pas d’argent ? pas de montre ?
— Non, mais une bonne surprise :
à cigarettes Zig-Zag !...
du papier
À
rons solides. Il admira la vi-
gueur de l’attelage.
— Peste, dit-il, vous vous
mettez bien !
— Songez que nous devons
représenter des cambrioleurs
mondains, selon le goût du
jour. Il faut que tout soit très
chic. Regardez d’ailleurs mes
acteurs. N’ont-ils pas l’air de
gentlemen accomplis?
Et bientôt, dès que l'opéra-
teur eut procédé à l’installa-
tion de son appareil, les gent-
lemen se mirent à l’ouvrage
avec une dextérité parfaite. Si
M. Durandard avait encore eu
quelques craintes, elles se fus-
sent vite dissipées, à voir les
hommes jongler littéralement,
et sans la moindre anicro-
che, avec son mobilier de salon, sa pen-
dule, son argenterie, le petit secrétaire,
les statuettes. Tant d’habileté l’émerveil-
lait.
En quelques minutes tout fut terminé.
Le metteur en scène s’approcha :
— Je crois que c’est vivement fait, n’est-
ce pas? Nous aurons là un film sensa-
tionnel. Maintenant, il faut que je fasse
sortir la voiture pour régler l’incident
final. Car nous terminons par un petit
incident imprévu, dont vous me direz des
nouvelles.
— Qu’est-ce que c’est donc?
— Vous allez voir ça. 'Venez avec
moi.
LE DÉPUTÉ.,. SORTI
Vous
n avez
— Alors, toi aussi, tu me mets à la porte de ta chambre?
Dessin de René Jodenne.
géant vers la porte, quand, soudain, le met-
teur en scène s’écria :
— Sapristi I J’ai oublié mon chronomè-
tre enregistreur. Je dois l’avoir laissé dans
votre chambre,
rien vu?
— Ma foi, je ne sais pas...
— Un petit appareil nickelé.
11 m’est indispensable. Sans lui,
j’aurais peur de dépasser le
temps que doit durer notre pe-
tite histoire. J’en ai absolument
besoin... D’autre part, si je
m’absente une minute, tout ris-
que de rater. Nous serions obli-
gés de recommencer... Comme
c'est ennuyeux !
— Voulez-vous que j’aille le
chercher?
— Je vous en prie. Vous me
sauvez la vie.
M. Durandard se précipita,
monta l’escalier quatre à qua-
tre, entra dans la chambre,
regarda, chercha, explora... et
ne trouva rien.
Il doit l’avoir laissé ailleurs, pensa-
t-il.
ERE NOUVELLE
Tous deux suivaient la voiture se diri-
II inspecta le salon, la salle à mangei.
Peine inutile. De guerre lasse, il se décida
à rejoindre le visiteur!
Mais, comme par hasard, il n’y avait
plus personne devant la porte. Le met-
teur en scène, l’opérateur, les acteurs,
tout le monde avait disparu.
Déjà loin, sur la route, la voiture filait
au grand trot de son attelage. Juché sur
le toit du véhicule, un gentleman. agitait
dans l’air un mouchoir passablement iro-
nique...
Alors M. Durandard comprit quel était
l’incident imprévu, qui devait terminer
si bien le soi-disant prétendu cambrio-
lage.
Édouard OeMOnt.
— Etonnant! Jules Verne!!!... Son bonhomme
ne met que 80 jours pour faire le tour du
monde ! ! !
— Quand on pense au temps qu’on met au-
jourd’hui pour arriver à Saint-Cyr-sur-Morin !
Dessin de M. Sauvayre.
r
— Qu’est-ce que tu regardes au poulailler?
— Je zyeute si des fois le patron n’y serait
pas. Dessin de Mauryee Motet.
— Pas d’argent ? pas de montre ?
— Non, mais une bonne surprise :
à cigarettes Zig-Zag !...
du papier
À