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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0836
l’élu essaie son banc
— Dites donc, huissier, va-t-il être solide? Il penche fortement à droite...
— Y a beaucoup de ces messieurs à qui ça ne fait pas peur.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Combien de temps durera la lune de miel de la nouvelle
Chambre ?
Si tout va bien, je crois qu’elle pourra se prolonger pendant
six mois.
En ce moment, les députés sont plongés dans les premières
délices d’un mariage d’amour (je parle des députés de la majo-
rité). Portés au Parlement par un vote enthousiaste, ils peuvent
se dire :
— Nous sommes populaires... La France nous adore et ne
doute pas que nous ne fassions son bonheur. C’est très agréable
d’être aimés comme ça!
Oui, mais Mme Bonaparte, née Ramolino, disait en apprenant
que son fils était devenu empereur :
— Pourvou que eéla doure !
La nouvelle Chambre fera bien de reprendre cette sage
formule : pourvu que cela dure !
D’ici peu de temps nous allons constater que :
1° Les impôts augmentent;
2° La vie renchérit de plus en plus;
3° La crise des transports s’aggrave ;
4° Les grèves se multiplient;
5° Le traité de paix tombe en miettes;
6° L’autobus est toujours complet;
7° Le tabac reste introuvable ;
8° Il est plus facile de découvrir le pôle sud qu’un appartement
vacant.
9° Etc., etc., etc.
Alors, nous nous exclamerons, furieux :
— Qu’est-ce qu’ils f..., nos députés?
Ce à quoi les élus répondront :
— Nous faisons ce que nous pouvons... : problèmes complexes...
crise universelle... Nous avons créé des commissions et des
sous-commissions... Faites-nous confiance!
Mais nous ne voudrons rien entendre :
— Vous nous aviez promis, leur dirons-nous, des améliorations
rapides... Et ça va plus mal que jamais!
— Patientez !
— Vous nous aviez donné rendez-vous dans la huitaine pour
faire notre bonheur : c’est un lapin!
Un lapin? C’est toujours ainsi que se terminent ces romans
électoraux commencés par un coup de foudre...
Tout de même, le moment venu, il ne faudra pas nous montrer
trop sévères... Nos députés ne peuvent accomplir des miracles
et nous aurions tort de compter sur eux pour faire autre chose
que des discours. Certes, il est parmi eux beaucoup d’hommes
de bonne volonté, pas mal de travailleurs et même quelques
esprits pratiques... Mais comment voulez-vous qu’on fasse quoi
que ce soit de sérieux quand on est plus de six cents à discuter?
Quelqu’un disait :
— Réunissez dans une salle de spectacle les hommes et les
femmes les plus intelligents, les plus spirituels de Paris et,
comme moyenne, vous obtiendrez le niveau intellectuel d’une
concierge...
Ce qui est vrai au théâtre est vrai à la Chambre.
C’est pourquoi je n’attends pas monts et merveilles de nos
députés : j'espère tout bonnement qu’ils ne feront pas trop de
bêtises. Et je crois que c’est déjà beaucoup demander...
* * A peine élus ou réélus, les représentants du peuple ont
reçu d’innombrables lettres, circulaires, prospectus, cartes
d’invitation, etc.
Un de mes amis, favorisé par le quotient et improvisé député,
m’a communiqué quelques spécimens de cette extraordinaire
correspondance.
Voici une circulaire imprimée sur papier de luxe :
« Monsieur le Député,
« Permettez-moi de vous féliciter du succès que vous avez
obtenu aux dernières élections : votre place était d’ailleurs
indiquée dans l’enceinte où siègent ceux qui ont su mériter la
confiance de leurs concitoyens.
« Votre situation de parlementaire en vue va vous créer des
obligations mondaines : vous serez tenu de faire figure dans la
société parisienne.
« De nos jours, vous le savez, les soirées sont pour la plupart
dansantes... Il importe, pour ne pas y être déplacé, de connaître
les pas à la mode : dis-moi comment tu danses et je te dirai
qui tu es.
— Dites donc, huissier, va-t-il être solide? Il penche fortement à droite...
— Y a beaucoup de ces messieurs à qui ça ne fait pas peur.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Combien de temps durera la lune de miel de la nouvelle
Chambre ?
Si tout va bien, je crois qu’elle pourra se prolonger pendant
six mois.
En ce moment, les députés sont plongés dans les premières
délices d’un mariage d’amour (je parle des députés de la majo-
rité). Portés au Parlement par un vote enthousiaste, ils peuvent
se dire :
— Nous sommes populaires... La France nous adore et ne
doute pas que nous ne fassions son bonheur. C’est très agréable
d’être aimés comme ça!
Oui, mais Mme Bonaparte, née Ramolino, disait en apprenant
que son fils était devenu empereur :
— Pourvou que eéla doure !
La nouvelle Chambre fera bien de reprendre cette sage
formule : pourvu que cela dure !
D’ici peu de temps nous allons constater que :
1° Les impôts augmentent;
2° La vie renchérit de plus en plus;
3° La crise des transports s’aggrave ;
4° Les grèves se multiplient;
5° Le traité de paix tombe en miettes;
6° L’autobus est toujours complet;
7° Le tabac reste introuvable ;
8° Il est plus facile de découvrir le pôle sud qu’un appartement
vacant.
9° Etc., etc., etc.
Alors, nous nous exclamerons, furieux :
— Qu’est-ce qu’ils f..., nos députés?
Ce à quoi les élus répondront :
— Nous faisons ce que nous pouvons... : problèmes complexes...
crise universelle... Nous avons créé des commissions et des
sous-commissions... Faites-nous confiance!
Mais nous ne voudrons rien entendre :
— Vous nous aviez promis, leur dirons-nous, des améliorations
rapides... Et ça va plus mal que jamais!
— Patientez !
— Vous nous aviez donné rendez-vous dans la huitaine pour
faire notre bonheur : c’est un lapin!
Un lapin? C’est toujours ainsi que se terminent ces romans
électoraux commencés par un coup de foudre...
Tout de même, le moment venu, il ne faudra pas nous montrer
trop sévères... Nos députés ne peuvent accomplir des miracles
et nous aurions tort de compter sur eux pour faire autre chose
que des discours. Certes, il est parmi eux beaucoup d’hommes
de bonne volonté, pas mal de travailleurs et même quelques
esprits pratiques... Mais comment voulez-vous qu’on fasse quoi
que ce soit de sérieux quand on est plus de six cents à discuter?
Quelqu’un disait :
— Réunissez dans une salle de spectacle les hommes et les
femmes les plus intelligents, les plus spirituels de Paris et,
comme moyenne, vous obtiendrez le niveau intellectuel d’une
concierge...
Ce qui est vrai au théâtre est vrai à la Chambre.
C’est pourquoi je n’attends pas monts et merveilles de nos
députés : j'espère tout bonnement qu’ils ne feront pas trop de
bêtises. Et je crois que c’est déjà beaucoup demander...
* * A peine élus ou réélus, les représentants du peuple ont
reçu d’innombrables lettres, circulaires, prospectus, cartes
d’invitation, etc.
Un de mes amis, favorisé par le quotient et improvisé député,
m’a communiqué quelques spécimens de cette extraordinaire
correspondance.
Voici une circulaire imprimée sur papier de luxe :
« Monsieur le Député,
« Permettez-moi de vous féliciter du succès que vous avez
obtenu aux dernières élections : votre place était d’ailleurs
indiquée dans l’enceinte où siègent ceux qui ont su mériter la
confiance de leurs concitoyens.
« Votre situation de parlementaire en vue va vous créer des
obligations mondaines : vous serez tenu de faire figure dans la
société parisienne.
« De nos jours, vous le savez, les soirées sont pour la plupart
dansantes... Il importe, pour ne pas y être déplacé, de connaître
les pas à la mode : dis-moi comment tu danses et je te dirai
qui tu es.