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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0844
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LA MODE DISCRETE

ON ATTEND UN HÉRITIER

— Ah! vraiment, ma chère amie, tu exagères! Ce n’était pas la peine... pour un portrait... Pourvu que ce ne soit pas un petit singe

— Tu ne sais pas ce que tu veux ! Tu m’avais dit de le faire faire en décolleté ! Dessin de René Miquel.

Dessin de Mars-Trick.

LE PLI

Jacques Darbouze traversait la vie avec un pli impressionnant
à son pantalon.

Les hasards d’une époque fertile en renversements sociaux
avaient beau râper sa jaquette de bourgeois appauvri, son pan-
talon gardait cette ligne impeccable qui caractérise l’homme
vraiment chic.

Jacques Darbouze ne faisait, d’ailleurs, aucune difficulté pour
livrer à l’imitation des foules le secret de son élégance :

•— Foin des tendeurs qui laissent une trace écrasée sur
l’étoffe qui se relâche ! confiait-il à ses amis. Dédaignez égale-
ment le coup de fer qui marque un trait sec et cassant. Conten-
tez-vous de plier avec soin votre pantalon chaque soir et de le
glisser bien à plat sous votre matelas. Le résultat est assuré
d’avance.

Sur ces entrefaites, Jacques se maria.

La nouvelle Mme Darbouze était une de ces personnes colorées

CATASTROPHE !

— Je t’envoie vendre des œufs au château et tu te laisses enjôler par
le fils !

— Il a dit qu’au prix qu’on lui vendait les œufs, y pouvait prendre

la poule qui les apportait. Dessin de M. Sauvayre.

dont les sourcils touffus et les prunelles étincelantes décèlent la
fougue du tempérament.

Et, dès le lendemain de ses noces, un curieux phénomène
éclata dans la tenue de Jacques Darbouze : le pauvre garçon
n’avait plus de pli à son pantalon. Ou, plus exactement, une
masse de faux plis fripaient l’étoffe, noyant le trait médian sous
leur avalanche superflue. On devinait que le matelas, jadis
immuable, était maintenant soumis à une animation dont les
effets dynamiques s’inscrivaient sur l’étoffe en tous sens.

Les premiers mois de la vie conjugale de cet ancien élégant
laissèrent ainsi des traces indélébiles sur sa tenue. Jacques
fondait, d’ailleurs, à vue d’œil ; et son amaigrissement crois-
sait en raison directe du nombre des faux plis qui froissaient
son pantalon.

Et ce fut ainsi jusqu’au jour où Mmo Darbouze introduisit
dans son intérieur LucioFerrara, professeur de tennis et cham-
pion de tango.

Les amis de Darbouze eurent ainsi la surprise de retrouver,
parmi les raies adventices la trace du pli normal.

Insensiblement, Jacques reprit son embonpoint de jadis et —
du même coup, si j’ose dire — l’étoffe s’apaisa.

Et, le jour où Jacques exhiba un pantalon à petits carreaux
dont un pli strict partageait l’étoffe en deux parts égales, les
camarades du mari ne ressentirent aucune surprise lorsque le
malheureux leur avoua :

— Ma femme a fichu le camp avec l’Argentin. Il la chauffait
terriblement ces derniers mois. Et quand il a eu envie de filer'
avec elle, ça n’a pas fait un pli. Albert-Jean.

— C’est pour une leçon de tango, Monsieur, de fox-trot, one-step???

— Ça m’est complètement égal ! C’est pour avoir chaud !

Dessin de Marc Vrignault.
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