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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0857
l’efficacité de son appel aux « poilues de la repopulation ». Bien
rares sont les citoyennes qui se diront :
— Je vais me faire faire un enfant pour contenter M. Pinard!
Non, non, ce n’est pas ainsi que les choses se passent... Et
M. Pinard devrait savoir, tout le premier, que lui faire plaisir et
repeupler sont deux choses fort différentes dans l’esprit de la
plupart de nos contemporaines.
* * „. Nous sommes en train de voter à tour de bras... Après
avoir fait et défait des députés, des conseillers généraux, des
conseillers municipaux, nous avons à procéder — par procu-
ration — à la révision des pères-conscrits : heureusement, ils
n’ont pas à se mettre tout nus devant leurs électeurs.
La plupart des députés blackboulés songent à poser leur can-
didature au Sénat.
Il est bien certain qu’un mandat de sénateur serait, pour eux,
une consolation fort acceptable. Le-Luxembourg est un palace
comparé au Palais-Bourbon. Imaginez un grand cercle dont Les
membres ne paieraient pas de cotisation, mais, au contraire, en
toucheraient une de 15.000 francs par an. Et quand on est
sénateur, c’est pour neuf ans... Vous parlez d’un filon!
Hélas ! ils sont beaucoup à y avoir pensé... Et les blackboulés
en deuxième instance ne pourront pas poser ailleurs leur can-
didature, si ce n’est à l’Académie française.
Un de mes amis se déclare partisan de la création de cent
sénateurs inamovibles.
— Ce bloc, déclare-t-il, serait le grand régulateur politique de
l'Etat... Au milieu des tourbillons parlementaires, il serait ce qui
reste, ce qui dure et, par conséquent, ce qui assure l’équilibre.
—Très bien, lui dis-je, mais où les prenez-vous vos cent pairs
éternels ?
— Dans tous les milieux.
— Par exemple ?
— Je nomme sénateurs inamovibles les anciens Présidents de
la République. Ils ont bien droit à une petite indemnité quand
ils ont tiré sept ans de service. A côté d’eux, j’installe les maré-
chaux de France... Ce serait pour eux un retour du bâton.
— Et après ?
— Quelques membres de l'Institut... Mettons dix!
— Cela fait seize. Il faut encore en trouver quatre-vingt-
quatre.
— Le Conseil d’Etat, la Cour des comptes, la Cour de cassation
nous fourniront quelques sages vieillards : mettons vingt.
LA LIGUE CONTRE LE JAZZ-BAND
— Ah! c’est vous le nègre? Eh bien, ne continuez pas.
Dessins de L. Métivet.
— Plus que soixante-quatre!
— Eh bien, je choisis l’archevêque de Paris; Jouhaux, le
secrétaire-général de la C. G. T.; Arthur Meyer, Alexandre-
Duval, Guitry...
— Vous plaisantez?
— Pas du tout... Il faut être éclectique. Arthur Meyer repré-
senterait la vieille aristocratie française; Alexandre Duval,
l’élégance et les escalopes de veau ; Guitry, le théâtre... Vient
ensuite Pathé ou Gaumont, sénateur du cinéma, représentant
des cow-boys; Paul Fort, sénateur-prince des poètes ; Tristan
Bernard et Courteline, sénateurs de l’humour; Pierre Decour-
celle, sénateur du feuilleton; Charles Maurrâs, sénateur de
l’article de fond ; André de Fouquières, qui doit avoir l’âge,
sénateur du cotillon... Vous voyez !
— L’amour déléguerait au Sénat cet excellent Landru !
Mon ami ne badinait pas. Il tient à ses cent inamovibles mais
il ne les. tient pas. Cent spécialistes célèbres ? Existent-ils ? En
France, vous le savez, il y a disette de spécialistes!
Les nouveaux députés sont, pour la plupart, très
embêtés... Ils ne trouvent pas le moindre logement à Paris!
L’un d’eux n’a pas hésité à s’adresser au blackboulé qu’il rem-
place et il a reçu cette réponse :
« Mon cher ancien adversaire,
« Je suis prêt à vous céder mon appartement mais à la
condition que vous repreniez tout ce qu’il contient.
« Je vous ferai, d’ailleurs, les conditions les meilleures.
« Veuillez agréer, etc.
« Lestiboudois. »
Enchanté, l’élu s’en fut visiter l’appartement, très confortable
et très gentiment meublé. Il fut reçu par une dame encore fort
appétissante qui lui dit :
— Vous reprenez tout?
— Tout.
— Alors, mon chéri, tu peux t’installer... Tu verras, nous
nous entendrons très bien.
— Je ne comprends pas !
— C’est cependant bien simple, mon loup : je fais partie de la
liquidation... Tu as pris le siège de Lestiboudois ; tu prends son
appartement et ses meubles; tu dois prendre sa petite amie...
Le nouveau député ne voulait pas coucher sous les ponts : il
a fini par accepter. Pick-me-up.
rares sont les citoyennes qui se diront :
— Je vais me faire faire un enfant pour contenter M. Pinard!
Non, non, ce n’est pas ainsi que les choses se passent... Et
M. Pinard devrait savoir, tout le premier, que lui faire plaisir et
repeupler sont deux choses fort différentes dans l’esprit de la
plupart de nos contemporaines.
* * „. Nous sommes en train de voter à tour de bras... Après
avoir fait et défait des députés, des conseillers généraux, des
conseillers municipaux, nous avons à procéder — par procu-
ration — à la révision des pères-conscrits : heureusement, ils
n’ont pas à se mettre tout nus devant leurs électeurs.
La plupart des députés blackboulés songent à poser leur can-
didature au Sénat.
Il est bien certain qu’un mandat de sénateur serait, pour eux,
une consolation fort acceptable. Le-Luxembourg est un palace
comparé au Palais-Bourbon. Imaginez un grand cercle dont Les
membres ne paieraient pas de cotisation, mais, au contraire, en
toucheraient une de 15.000 francs par an. Et quand on est
sénateur, c’est pour neuf ans... Vous parlez d’un filon!
Hélas ! ils sont beaucoup à y avoir pensé... Et les blackboulés
en deuxième instance ne pourront pas poser ailleurs leur can-
didature, si ce n’est à l’Académie française.
Un de mes amis se déclare partisan de la création de cent
sénateurs inamovibles.
— Ce bloc, déclare-t-il, serait le grand régulateur politique de
l'Etat... Au milieu des tourbillons parlementaires, il serait ce qui
reste, ce qui dure et, par conséquent, ce qui assure l’équilibre.
—Très bien, lui dis-je, mais où les prenez-vous vos cent pairs
éternels ?
— Dans tous les milieux.
— Par exemple ?
— Je nomme sénateurs inamovibles les anciens Présidents de
la République. Ils ont bien droit à une petite indemnité quand
ils ont tiré sept ans de service. A côté d’eux, j’installe les maré-
chaux de France... Ce serait pour eux un retour du bâton.
— Et après ?
— Quelques membres de l'Institut... Mettons dix!
— Cela fait seize. Il faut encore en trouver quatre-vingt-
quatre.
— Le Conseil d’Etat, la Cour des comptes, la Cour de cassation
nous fourniront quelques sages vieillards : mettons vingt.
LA LIGUE CONTRE LE JAZZ-BAND
— Ah! c’est vous le nègre? Eh bien, ne continuez pas.
Dessins de L. Métivet.
— Plus que soixante-quatre!
— Eh bien, je choisis l’archevêque de Paris; Jouhaux, le
secrétaire-général de la C. G. T.; Arthur Meyer, Alexandre-
Duval, Guitry...
— Vous plaisantez?
— Pas du tout... Il faut être éclectique. Arthur Meyer repré-
senterait la vieille aristocratie française; Alexandre Duval,
l’élégance et les escalopes de veau ; Guitry, le théâtre... Vient
ensuite Pathé ou Gaumont, sénateur du cinéma, représentant
des cow-boys; Paul Fort, sénateur-prince des poètes ; Tristan
Bernard et Courteline, sénateurs de l’humour; Pierre Decour-
celle, sénateur du feuilleton; Charles Maurrâs, sénateur de
l’article de fond ; André de Fouquières, qui doit avoir l’âge,
sénateur du cotillon... Vous voyez !
— L’amour déléguerait au Sénat cet excellent Landru !
Mon ami ne badinait pas. Il tient à ses cent inamovibles mais
il ne les. tient pas. Cent spécialistes célèbres ? Existent-ils ? En
France, vous le savez, il y a disette de spécialistes!
Les nouveaux députés sont, pour la plupart, très
embêtés... Ils ne trouvent pas le moindre logement à Paris!
L’un d’eux n’a pas hésité à s’adresser au blackboulé qu’il rem-
place et il a reçu cette réponse :
« Mon cher ancien adversaire,
« Je suis prêt à vous céder mon appartement mais à la
condition que vous repreniez tout ce qu’il contient.
« Je vous ferai, d’ailleurs, les conditions les meilleures.
« Veuillez agréer, etc.
« Lestiboudois. »
Enchanté, l’élu s’en fut visiter l’appartement, très confortable
et très gentiment meublé. Il fut reçu par une dame encore fort
appétissante qui lui dit :
— Vous reprenez tout?
— Tout.
— Alors, mon chéri, tu peux t’installer... Tu verras, nous
nous entendrons très bien.
— Je ne comprends pas !
— C’est cependant bien simple, mon loup : je fais partie de la
liquidation... Tu as pris le siège de Lestiboudois ; tu prends son
appartement et ses meubles; tu dois prendre sa petite amie...
Le nouveau député ne voulait pas coucher sous les ponts : il
a fini par accepter. Pick-me-up.