LA BONNE PAROLE
UN PHÉNOMÈNE
— Pour bien montrer, mes chers collègues, que nous n’avons rien de
commun avec l’ancienne Chambre, je vous propose, mes chers collègues,
de porter nos émoluments à 30.000 francs. Dessin de George-Edward.
Viens chez moi, il y a du feu...
Mais alors? Tu... tu as un appartement ? et tu... as du charbon?
Dessin de Marcel Arnac.
BALLADE
DU DÉPUTÉ SORTI
LETTRE DE M. LONGUET A SON AMI MATERAS
Air : Ah! le beau rêve !
Mon vieux Mayéras, c’est un succès !
Dire que, depuis longtemps, j’étais
Parti, comme toi, loin de la terre.
Vers le pays de la chimère!
J’voulais voir tous les peuples s’unir,
Français et Teutons s’entrebénir.
J’suis si socialiste
Et si pacifiste
Qu’à la guerr’ jamais je n’ai voulu partir.
Ah! qu’il est beau le rêve,
Que j’ai fait près de toi,
De rendre heureux, sans trêve,
Nos amis berlinois !
Quand nous menions campagne,
Nous, l’espoir du parti,
En avons-nous bâti
Des châteaux en... AU’magne!
Cequi me consol’,c’estqu’nouspourrons
Inviter, de temps en temps, Brizon,
Dont la veste aussi fut si gentille,
A fair’ 1’ troisième à la manille.
Pour êtr’ réélus, j’ sais un pays
Qui nous accueill’ra . Sembat m’a dit
Qu’on nous gard’, sans blague,
Un’ place au Reichstague
Et là-bas, du moins, nous serons entre amis.
Ah ! qu’il est beau, le rêve
Que j’ai fait, près de toi,
Où le capital crève! —
Sauf le mien, toutefois.
Le peuple point ne bouge ;
Allons planter nos choux!
Mais, bons socialist’s, nous
N’ plant’rons que des choax-
1 rouges.
Je regrette le temps où j’étais
Député, car là, du moins, j’avais
Comme toi le droit incontestable
D’ètre qualifié d’« honorable ». [tout :
Maint’nant, y n’inspir’ plus d’respect du
Hier, j’ tutoie un citoyen; c’est fou !
Il m’ répond : « Volaille,
J’aim’ pas qu’on m’ tutoille!
J’ai jamais gardé les Cachin avec vous ! »
Ah! qu’il est beau, le rêve
Que j’ai fait près de toi,
D’organiser la grève
Général’ tous les mois!
Mais ce chômag’ sans trêve
Nous a porté malheur :
Ce sont nos électeurs,
Cett’ fois, qui ont fait grève.
Georges Merry.
— Est-ce un poème, mon beau soupirant?
— Non, madame, un cahier de revendications!... L’indemnité de vie chaste..., le vers de deux
pieds et l’emploi facultatif de l’échelle de corde. Dessin de L. Kern.
UN PHÉNOMÈNE
— Pour bien montrer, mes chers collègues, que nous n’avons rien de
commun avec l’ancienne Chambre, je vous propose, mes chers collègues,
de porter nos émoluments à 30.000 francs. Dessin de George-Edward.
Viens chez moi, il y a du feu...
Mais alors? Tu... tu as un appartement ? et tu... as du charbon?
Dessin de Marcel Arnac.
BALLADE
DU DÉPUTÉ SORTI
LETTRE DE M. LONGUET A SON AMI MATERAS
Air : Ah! le beau rêve !
Mon vieux Mayéras, c’est un succès !
Dire que, depuis longtemps, j’étais
Parti, comme toi, loin de la terre.
Vers le pays de la chimère!
J’voulais voir tous les peuples s’unir,
Français et Teutons s’entrebénir.
J’suis si socialiste
Et si pacifiste
Qu’à la guerr’ jamais je n’ai voulu partir.
Ah! qu’il est beau le rêve,
Que j’ai fait près de toi,
De rendre heureux, sans trêve,
Nos amis berlinois !
Quand nous menions campagne,
Nous, l’espoir du parti,
En avons-nous bâti
Des châteaux en... AU’magne!
Cequi me consol’,c’estqu’nouspourrons
Inviter, de temps en temps, Brizon,
Dont la veste aussi fut si gentille,
A fair’ 1’ troisième à la manille.
Pour êtr’ réélus, j’ sais un pays
Qui nous accueill’ra . Sembat m’a dit
Qu’on nous gard’, sans blague,
Un’ place au Reichstague
Et là-bas, du moins, nous serons entre amis.
Ah ! qu’il est beau, le rêve
Que j’ai fait, près de toi,
Où le capital crève! —
Sauf le mien, toutefois.
Le peuple point ne bouge ;
Allons planter nos choux!
Mais, bons socialist’s, nous
N’ plant’rons que des choax-
1 rouges.
Je regrette le temps où j’étais
Député, car là, du moins, j’avais
Comme toi le droit incontestable
D’ètre qualifié d’« honorable ». [tout :
Maint’nant, y n’inspir’ plus d’respect du
Hier, j’ tutoie un citoyen; c’est fou !
Il m’ répond : « Volaille,
J’aim’ pas qu’on m’ tutoille!
J’ai jamais gardé les Cachin avec vous ! »
Ah! qu’il est beau, le rêve
Que j’ai fait près de toi,
D’organiser la grève
Général’ tous les mois!
Mais ce chômag’ sans trêve
Nous a porté malheur :
Ce sont nos électeurs,
Cett’ fois, qui ont fait grève.
Georges Merry.
— Est-ce un poème, mon beau soupirant?
— Non, madame, un cahier de revendications!... L’indemnité de vie chaste..., le vers de deux
pieds et l’emploi facultatif de l’échelle de corde. Dessin de L. Kern.