LES TROIS COUPS
Musique, que de crimes on commet en ton nom, dans la pièce,
— pièce neuve et déjà démonétisée — du Trianon-Lyrique !
Oncques ne vis, en si peu de temps et de mesures, tant s’agiter
et tant s occire ! Par Maffia... quelle horrifique et peu troublante
histoire! Il y a là des bandits qui fixent à c’oups de marteau la
main dune femme sur le dessus d'une table, ou le pied d’une
table sur le dessus d’une femme, on ne sait plus. C'est le clou
de ce chef-d'œuvre, mais un clou rouillé. Il se tord. Le public
aussi. Car, avec son désir de nous faire frissonner, qui est
sadique, la Maffia, parodique malgré elle, et débonnaire, nous
dilate la rate. Ça s’appelle rater.
Dans la Dame Blanche, on chante : « Cette main, cette main
si joli-i-ie...'» Dans la Maffia les mains de femme servent à des
travaux de menuiserie. La Dame vaut mieux. Rendez-nous-la,
M. Masson!
Un jeune, — faut-il qu’il le soit! —, musicien (hum ?h M. G.
de Seyles, a trempé' tout ce sang dans du son. Ça fait une
bouillie sans nom, où l’on renifle des relents, voire des valses
relentes, à la Mascagni, hélas ! et à la Leoncavallo, holà!... Placé
entre la bonne et la mauvaise musique, comme Hercule dans
son carrefour, M. de Seyles a opté. Il s’est assis sur la mauvaise.
Et... patatras!
Recommandé : le chœur des Solfatarri. Pierre Lalo, critique
badin, dira que c'est à se taper les timbales par terre.
Les interprètes ne sont pas encore assez glorieux pour que
cette mésaventure ternisse leur réputation. Mme Duvernay est
pathétique à s’en décrocher le larynx.
MUe Cardon est gentille et musicienne.
M. Pierre Maudru est ténor, ce qui est
rare pour un ténor. MM. Cauchemont,
Ruydel et Hensalto ont de la voix. Quand
ils auront quelque chose à chanter, ça ira.
* *
Vous avez entendu parler dans votre
jeunesse, — tenez, par ce bon bibliophile
Jacob, qui n’est pas né djhier, .et par un
certain Boileau — qui signait les vers de
Chapelain — de d’Assoucy, empereur du
burlesque, ancêtre des humoristes du Rire.
Un ancêtre dont nous n’étions pas plus
fiers que ça. Il avait l’esprit pesant et, ce
qui est pire, les mœurs légères. Georges
Berr le réhabilite. 11 l’em-berr-lificote dâns
une série d’intrigues qui donnent bien
d’as-soucis à ce gentil poète. 11 en fait le
rival d'un méchant comédien du nom de
Molière qui joue des tours pendables,
la polygamie est un cas pendable, — à
cette exquise Madeleine Béjart... O his-
toire littéraire! Voilà qu’Alceste trompait
la sœur, ou l'a- maman (on ne sait plus !)
de Célimène... Ma tète, ma pauvre tète,
comme soupirait plus tard Molière, en por-
tant la main à son front, tandis que,Corneille écrivait pour lui...
La pièce est tirée du meilleur tonneau de Berr; elle est gaie,
amusante quoique odéonienne, et parlée dans la langue savou-
reuse que les gens de 1653 nous léguèrent et que nous avons
gâtée.
AU TRIANON LYRIQUE
A ne pas recommander aux gens qui se... maffient de leurs nerfs-
Vargas-Molière et Hasty-Dassoucy ont évoqué congrument les
personnages anti-historiques qu’ils étaient chargés d’incarner,
y [no Briey est une Béjart (Madeleine) spirituelle et tendre
Mile Colliney une Duparc enchanteresse (oh! la « Leçon
d’Amour chez Duparc! »...). Naguère nous avons connu Nivette ;
c’était une basse profonde... Nivette est aujourd’hui un page
mignon et potelé. Et Mlles Guéreau, Bar-
sange, Ponzio, Verneuil, Kerwich sont ou.
jolies ou talentueuses. Parfois les deux.
*
* *
M. le Curé n’aime pas les os. M. le-
Préfet n'aime pas les tangos. Mais Raux
n’apparaît pas à la Cigale, et Régine
Flory s’en donne à cœur joie de danser,
chanter, mimer... Elle ne fait peut-être1
pas tout le succès de la revue Toutes ces
dames à la Chambre de MM. Barde et
Carré, mais elle le double. Nous la connais-
sions grande vedette ; nous l’avons retrou-
vée grande artiste... Il y a de beaux cos-
tumes, de plus belles absences de cos-
tumes, — Fabris esr très belle —, et, de-
ci, de là, de l’esprit, et comme un vague
parfum de satire. Signoret jeune, Popinor
Piérade ont du succès, ce qui est bien ; et
le méritent, ce qui est mieux.
La Cigale va, chanter longtemps le même
air; la bise ne l’effraye pas.
*
* *
Encore une Revue, — Paris qui danse,
M. le Préfet, pour vous narguer ! —, au.
Casino de Pans. Toutes ces vedettes au
Casino : Chevalier et Dorville, males talentueux, Mistinguettr
solide au poste (de confiance), beaucoup de femmes — de jolies-
femmes — beaucoup de tableaux, presque trop : les tableaux
forcés à perpétuité.
L’Avertisseur.
a l’odéon
M. DASSOUCY
Molière ! ne Jais pas aux autres ce que
tu ne seras pas content qu'on te fasse. »
A la cigale
TOUTES CES "DAMES A LA CHAMBRE !
Ça barde... et même, disons-le : ça... Barde et Carré.
Dessins de Hervé Baille.
Musique, que de crimes on commet en ton nom, dans la pièce,
— pièce neuve et déjà démonétisée — du Trianon-Lyrique !
Oncques ne vis, en si peu de temps et de mesures, tant s’agiter
et tant s occire ! Par Maffia... quelle horrifique et peu troublante
histoire! Il y a là des bandits qui fixent à c’oups de marteau la
main dune femme sur le dessus d'une table, ou le pied d’une
table sur le dessus d’une femme, on ne sait plus. C'est le clou
de ce chef-d'œuvre, mais un clou rouillé. Il se tord. Le public
aussi. Car, avec son désir de nous faire frissonner, qui est
sadique, la Maffia, parodique malgré elle, et débonnaire, nous
dilate la rate. Ça s’appelle rater.
Dans la Dame Blanche, on chante : « Cette main, cette main
si joli-i-ie...'» Dans la Maffia les mains de femme servent à des
travaux de menuiserie. La Dame vaut mieux. Rendez-nous-la,
M. Masson!
Un jeune, — faut-il qu’il le soit! —, musicien (hum ?h M. G.
de Seyles, a trempé' tout ce sang dans du son. Ça fait une
bouillie sans nom, où l’on renifle des relents, voire des valses
relentes, à la Mascagni, hélas ! et à la Leoncavallo, holà!... Placé
entre la bonne et la mauvaise musique, comme Hercule dans
son carrefour, M. de Seyles a opté. Il s’est assis sur la mauvaise.
Et... patatras!
Recommandé : le chœur des Solfatarri. Pierre Lalo, critique
badin, dira que c'est à se taper les timbales par terre.
Les interprètes ne sont pas encore assez glorieux pour que
cette mésaventure ternisse leur réputation. Mme Duvernay est
pathétique à s’en décrocher le larynx.
MUe Cardon est gentille et musicienne.
M. Pierre Maudru est ténor, ce qui est
rare pour un ténor. MM. Cauchemont,
Ruydel et Hensalto ont de la voix. Quand
ils auront quelque chose à chanter, ça ira.
* *
Vous avez entendu parler dans votre
jeunesse, — tenez, par ce bon bibliophile
Jacob, qui n’est pas né djhier, .et par un
certain Boileau — qui signait les vers de
Chapelain — de d’Assoucy, empereur du
burlesque, ancêtre des humoristes du Rire.
Un ancêtre dont nous n’étions pas plus
fiers que ça. Il avait l’esprit pesant et, ce
qui est pire, les mœurs légères. Georges
Berr le réhabilite. 11 l’em-berr-lificote dâns
une série d’intrigues qui donnent bien
d’as-soucis à ce gentil poète. 11 en fait le
rival d'un méchant comédien du nom de
Molière qui joue des tours pendables,
la polygamie est un cas pendable, — à
cette exquise Madeleine Béjart... O his-
toire littéraire! Voilà qu’Alceste trompait
la sœur, ou l'a- maman (on ne sait plus !)
de Célimène... Ma tète, ma pauvre tète,
comme soupirait plus tard Molière, en por-
tant la main à son front, tandis que,Corneille écrivait pour lui...
La pièce est tirée du meilleur tonneau de Berr; elle est gaie,
amusante quoique odéonienne, et parlée dans la langue savou-
reuse que les gens de 1653 nous léguèrent et que nous avons
gâtée.
AU TRIANON LYRIQUE
A ne pas recommander aux gens qui se... maffient de leurs nerfs-
Vargas-Molière et Hasty-Dassoucy ont évoqué congrument les
personnages anti-historiques qu’ils étaient chargés d’incarner,
y [no Briey est une Béjart (Madeleine) spirituelle et tendre
Mile Colliney une Duparc enchanteresse (oh! la « Leçon
d’Amour chez Duparc! »...). Naguère nous avons connu Nivette ;
c’était une basse profonde... Nivette est aujourd’hui un page
mignon et potelé. Et Mlles Guéreau, Bar-
sange, Ponzio, Verneuil, Kerwich sont ou.
jolies ou talentueuses. Parfois les deux.
*
* *
M. le Curé n’aime pas les os. M. le-
Préfet n'aime pas les tangos. Mais Raux
n’apparaît pas à la Cigale, et Régine
Flory s’en donne à cœur joie de danser,
chanter, mimer... Elle ne fait peut-être1
pas tout le succès de la revue Toutes ces
dames à la Chambre de MM. Barde et
Carré, mais elle le double. Nous la connais-
sions grande vedette ; nous l’avons retrou-
vée grande artiste... Il y a de beaux cos-
tumes, de plus belles absences de cos-
tumes, — Fabris esr très belle —, et, de-
ci, de là, de l’esprit, et comme un vague
parfum de satire. Signoret jeune, Popinor
Piérade ont du succès, ce qui est bien ; et
le méritent, ce qui est mieux.
La Cigale va, chanter longtemps le même
air; la bise ne l’effraye pas.
*
* *
Encore une Revue, — Paris qui danse,
M. le Préfet, pour vous narguer ! —, au.
Casino de Pans. Toutes ces vedettes au
Casino : Chevalier et Dorville, males talentueux, Mistinguettr
solide au poste (de confiance), beaucoup de femmes — de jolies-
femmes — beaucoup de tableaux, presque trop : les tableaux
forcés à perpétuité.
L’Avertisseur.
a l’odéon
M. DASSOUCY
Molière ! ne Jais pas aux autres ce que
tu ne seras pas content qu'on te fasse. »
A la cigale
TOUTES CES "DAMES A LA CHAMBRE !
Ça barde... et même, disons-le : ça... Barde et Carré.
Dessins de Hervé Baille.