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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0867
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c’est la mode nouvelle

Huit jours après, sur le quai, je voyais
justement chez Aronsolm- Barouillat, le
fauteuil que j’avais vendu à Lévy-Ma-
nassé.

— Combien ? demandai-je.

— 300 francs!... 280 dernier prix, pour
vous !

— Tope!

Je l’achète et l’expédie pour 350 francs
à Corbeau, à Mâcon.

Deux ans se passent. A Lyon, où je pas-
sais en revenant d’une cure à Vichy, je
revois mon fauteuil rue du Plat, pimpant,
bien nettoyé, mis en valeur, tout en res-
tant dans son jus, comme nous disons. J’ai
vu tout de suite le parti à en tirer. Je l’ai
acheté 500 francs et l’ai ramené à Paris.

Six mois après, Lévy-Manassé le lor-
gnait dans ma devanture, entrait et me
disait :

— Je vous en ai déjà acheté un dans ce
genre-là, mais je veux aussi celui-là!...

— Ah ! il est plus cher!

— Combien ?

— 1.000 francs !

— Bigre!... C’est juste ce que je pour-
rai vendre!... Laissez-moi une marge?... A
800 je le prends !

— Non! 9001

— Allons !... 850!...

— Révoltantes, les femmes, avec leur décolleté...

— Taisez-vous !... On a envie de leur sauter à la gorge!... Dessin de Reb.

— C’est ça!... Parce que c’est vous!

Je ne me trompais pas en pensant que je ferais une bonne
affaire!...

Six mois après, entrait chez moi un jeune homme qui était
encore novice dans notre commerce, et qui me dit :

_ " J’ai confiance en vous. Vous m’avez vendu de bonnes choses.
J’ai vu, à la devanture d’Aronsolm-Barouillat, un fauteuil
Louis XVI recouvert en Aubusson qui coûte 1.400 francs. S’il
est bien ancien, je suis sûr de le vendre 1.800.Voulez-vous l’exa-
miner, quand vous passerez par là, et me dire votre avis?

— Volontiers!

J’y suis allé, j’ai reconnu mon fauteuil, et je l’ai soufflé à
1.400 francs au jeune homme, car enfin, puisqu’on avait dit à ce
naif qu’il pourrait le vendre 1.800, c’est qu’il y avait des amateurs
sous roche.

Et je l’ai caché dans mon arrière-boutique.

Trois mois après, accourait chez moi Aronsolm-Barouillat :

— Dites, Finot! Vous avez toujours le fauteuil que je vous ai
vendu ?

— Oui!...

— Je vous le rachète : il y a un jeune antiquaire qui me dit
tous les jours : « Je vous en aurais bien donné 1.600 francs! »

— Oh ! Il vaut 1.800, à présent. Il a monté depuis que je vous
l’ai acheté

Et je l’ai revendu à Aronsolm pour 1.800 francs. Ne croyez pas,
d’ailleurs, que ce soit le jeune antiquaire novice qui, finalement,
l’ait eu. Lévy-Manassé le lui a soufflé pour 2.000.

Ici, Finot s’arrêta et me dit :

— Mais je vous ennuie peut-être!

— Du tout!... Continuez!

— A quoi bon?... C’est le fauteuil qui continue; il tourne
toujours entre nous trois, à part quelques fugues- en province
d’où il revient a l’état de marchandise nouvelle et majoré de
500 francs. Il vaut, à l’heure actuelle, entre 7.000 et 8.000 francs.
Et ça n’est pas fini !

Ainsi, vous le voyez, nous sommes trois antiquaires qui avons
gagné un argent relativement considérable avec le même objet
ancien et qui allons encore en gagner. A quoi bon le truquage?
Et ne voyez-vous pas qu’il y a plutôt trop d’objets anciens et
plutôt pas assez de marchands?

— Pardon ! fis-je. Et le client, dans tout ça? Où est-il?

— Le client? Mais il n’y a pas de clients, monsieur, dans le
commerce des antiquités. Pourquoi faire? Tout le monde est
marchand !

Jean Drault.

LE CRI DU CŒUR

— Que préférez-vous dans le chevreau ?

— Des bottines. Dessin de Marcel A.««ac.

PROPHYLAXIE

— Tu ne crains pas la grippe espagnole?

— Pas de danger, le tabac est un antisep-
tique que je rends agréable en le roulant dans
du papier Zig-Zag !...
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