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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0885
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... Elle a vécu ce que vivent les roses,

L’espace d’un matin...

Ce n’est pas du drame en 6 tableaux de
M. Lenormand que nous parlons. Il vivra,
au Théâtre des Arts, jusqu’au 19 décembre ;
une pièce philosophique ne peut mieux
faire. Mais nous voulons signaler aux berg-
soniens à quel point errait le vieux Mal-
herbe, quand il confondait ainsi l’espace
et le temps, avec une naïveté qui ferait
sourire, aujourd’hui, le plus jeune candi-
dat au bac... « L’espace d’un matin ! » Allez
vous amuser boulevard des Batignolles. La
troupe de M. et Mme Pitoeff vous ensei-
gnera que le Temps n’est point successif,
qu’on peut voirie passé, le présent et l’ave-
nir sur un même plan, et que si Nico van
Eyden se noie parmi les roseaux en mon-
tant une barque verte au 6e tableau, c’est
qu’il était déjà noyé dès le 1er, dans le sein
de Tout, et dans l’esprit de Riemke. De
sorte que, pendant cinq tableaux, on nous
distille l’angoisse pour rien ; on vrille nos
nerfs, on taraude notre sensibilité avec un
art de tortionnaire chinois, le long, le très
long, d’une pièce française inspirée du
grand Norvégien Ibsen, et jouée par des
Russes, — pour rien...

C’est vraiment beau. C’est moins neuf
que ce n’en a l’air. M. Pitoeff n’a pas la
beauté du corps; il a du talent. Mmes Lud-
willa Pitoeff et Marie Kalff sont tragiques
etjolies.

On disait dans les entr’actes, — les en-
tr’actes sont le fin du fin des supplices bien
conduits, et des plaisirs savants — que les
prochaines pièces de M. Lenormand au-
raient pour titres Le Continu mathéma-
tique, La Potentialité subconsciente, et La
Contingence des lois de la Nature... Folie,
agite tes grelots !...

Le Tour du Cadran, du fin et licen-
cieux Noziére nous a délassés. C'est en-
core une histoire de temps. Mais bien em-
ployé par Germaine Pinchard, non à ratio-
ciner, mais à tromper son mari : 1° in re,
avec Léon; 2° in intellectu, avec Georges;
puis à donner un dîner ; à aller voir sa
fille dans une pension d’Auteuil — Auteuil!
ce roublard de Nozière a voulu allonger
les distances, — et à recoller solidement
son mari avec la jolie actrice Juliette Fa-
vrel, une Capucinette. L’aiguille a fait le
tour du Cadran. Léon représente midi, et

Gaston Pinchard six heures et demie. Su-
zanne Demars, l’aiguille, a tourné le plus
spirituellement du monde. On ne s’est pas
ennuyé une seconde au tic-tac de sa jolie
voix. Desfontaines fut l’amant, Melchior le
postulant, Arvel le possédant légal de
cette charmante femme mobile.

On chante, on danse, on rit à Edouard VII !
Erreur (d’une nuit d’été) ne fait pas
compte... Le vaillant Alphonse Franck a
mis la main sur la garde de son épée et
sur une bonne pièce. Dût le jaunissant,
verdissant Ernest-Charles en crever de
dépit, la Liaison dangereuse de Mouézv-
Eon et Gandéra durera. Ils ont joué la
difficulté; ils ont provoqué, — tel leur
ardent directeur lançant cartel à Charles-
Ernest —, la sensibilité, la susceptibilité,
et autres bilités de leurs spectateurs. Il
faut dire qu’avec des jumelles comme Jane
Ader et Lisette de Beer, c’est plus facile.
Tout le monde voulait voir la membrane.
Elles sont mignonnes comme des poupées,
Rosella et Fiorella. Le prince Idoine d’Al-
lopathie veut épouser Fiorella. Pendant
que se dérouleront, dans le temps d’une
nuit et dans l’espace d’un lit, les actes dé-
cisifs de l’hyménée, Rosella dormira d’un
sommeil narcotique... Vous pariez qu’il y
a erreur? Parbleu. Mais le prince jouait
à coup sûr; les deux tableaux valaient la
mise. A la fin, la membrane cède, et de
deux, et tout le monde est heureux, et en
a l’air. Marguerite Deval plus que qui-

AU THÉÂTRE DES ARTS

C'est même un cauchemar.

conque, avec sa voix futée, ses gestes
justes, coquets, fripons et polissons;, elle
s’amuse et amuse. Defreyn est si plaisant
que l’enthousiasme féminin n’en connaît
plus... de frein. (J’ai une vague idée qu’on
l’a déjà fait, celui-là...) Et Harry Baur, en
Hindenburg-Rogom, sonore et grotesque,
a dilaté les rates, par ses mines et ses
grognements. Ça va faire monter les mi-
nes... de Baur. (Plaisanterie à l’usage des
grands financiers, qui ne lisent que le
Rire.)

Le Concert Mayol affiche Phi-Jî-Ji-tje,
parodie triste de Phi-phi. La parodie d’une
pièce gaie ne peut être que triste... Mais
celle-ci est si lamentable qu’on doit avoir
pitié d’elle. A peine née à la vie de Paris,

A LA LUNE ROUSSE

AU BLOC

... il faut tout louer « en bloc ».

elle est in articulo mortis. Enterrons-la.
Dans huit jours, cet événement macabre
paraîtra antédiluvien.

Au Bloc, à la Lune rousse. Dans le ciel
d’hiver, la lune brille d’un nouvel éclat. Ici
on vend de l’esprit, et on en donne par-
dessus le marché. Les actions de la Lune
vont connaître la hausse. Dominique Bon-
naud est toujours le bon chansonnier que
l’on sait et Spark en Mandel a connu un
succès tout particulier et très mérité.

L’Avertisseur.

Dessins de Hervé Baille.
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