LES LENDEMAINS
APRÈS LE BAL
Une salie à manger d'appartement
bourgeois.
QUAND MÊME
« On dansera avec des
moyens de fortune... »
vasseur. — En
passé.
somme, ça s’est bien
vasseur. — Pas mal, mais quel tin-
touin ! Nous déjeunerons sur la table de
cuisine. Le frotteur et son camarade ne
descendront nos meubles que dans l’après-
midi.
vasseur. — C’est une chance qu’il y ait
un appartement vide au-dessus. Je me de-
mande comment nous aurions fait...
lucien, 20 ans, entrant. — Tu aurais
donné ton bal ailleurs que chez toi. Voilà
tout.
vasseur. — Écoutez le critique : mon-
sieur se lève à onze heures du matin pour
venir, en peignoir, faire la leçon à ses
parents.
lucien. — Je me lève tard parce que je
me suis couché tard. Je ne te donne pas de leçon, je te dis qu’il
est plus commode de donner à danser ailleurs que chez soi.
Mrae vasseur. — Et la location de la salle en supplément? Et,
en moins, tous les restes du buffet, du souper? Tu vas bien, toi !
vasseur. — Dame ! ce n’est pas lui qui paie.
lucien. — Ce que j’en disais... Ce n’est pas pour moi, n’est-ce
pas, que vous avez donné ce bal. J’étais même invité ailleurs et
je ne suis resté que pour vous rendre service.
vasseur. — Ce qu’il faut entendre d’un fils !
lucien. — Qu’est-ce que j’ai dit de désagréable? Je maintiens
que les gens qui donnent un bal ne s’amusent pas : ils ont
autre chose à faire, surtout quand ils cherchent à caser leur
fille.
madeleine, 22 ans, entrant. — On parle de moi ?
Mrae vasseur. — Oui. Mais réponds d’abord : as-tu vu ce qui
reste à l’office ?
madeleine.— De la viande froide, un peu de langue, une tarte
ébréchée, du fromage cassé et quelques gâteaux secs en poudre:
de l’orangeade verdie et des glaces fondues.
Mme vasseur. — Pas de champagne? pas de foie gras? pas
de baba?
Pourvu qu’ils tiennent!
Dessin de P. Colombier.
madeleine. — Non, maman.
Mme vasseur. — Ils ont tout dévoré.
lucien.— Généralement, quand on dresse un buffet, c’est pour
que les gens consomment.
Mme vasseur. — Bien entendu; mais les invités doivent con-
sommer avec discrétion.
lucien. — Te dis-tu cela chez les autres?
Mme vasseur. — J’ai vu le gros Barbas avaler trois sandwiches
à la fois... C’est une indignité ! Sans compter qu’il a cassé une
chaise.
vasseur.— Et la mère Ripola ? Elle sifflait du champagne
pour le reste de
ses jours. réveillon a la glace
Mme VASSEUR. —
Ce que je n’ad-
mets pas non plus,
c’est que les invi-
tés entrent dans
des chambres qui
ne leur sont pas
destinées. -
MOTÜJfnr
O
O O
— Il a quarante-cinq ans et il a. déjà eu du goût pour une trentaine de métiers, mais, à chaque fois
qu’il va commencer un apprentissage, la grève est déclarée. Dessin de L. Kern.
J'en ai du fameux de derrière les fagots.
Ah ! et combien les fagots?
Dessin de Geo Gaumet.
APRÈS LE BAL
Une salie à manger d'appartement
bourgeois.
QUAND MÊME
« On dansera avec des
moyens de fortune... »
vasseur. — En
passé.
somme, ça s’est bien
vasseur. — Pas mal, mais quel tin-
touin ! Nous déjeunerons sur la table de
cuisine. Le frotteur et son camarade ne
descendront nos meubles que dans l’après-
midi.
vasseur. — C’est une chance qu’il y ait
un appartement vide au-dessus. Je me de-
mande comment nous aurions fait...
lucien, 20 ans, entrant. — Tu aurais
donné ton bal ailleurs que chez toi. Voilà
tout.
vasseur. — Écoutez le critique : mon-
sieur se lève à onze heures du matin pour
venir, en peignoir, faire la leçon à ses
parents.
lucien. — Je me lève tard parce que je
me suis couché tard. Je ne te donne pas de leçon, je te dis qu’il
est plus commode de donner à danser ailleurs que chez soi.
Mrae vasseur. — Et la location de la salle en supplément? Et,
en moins, tous les restes du buffet, du souper? Tu vas bien, toi !
vasseur. — Dame ! ce n’est pas lui qui paie.
lucien. — Ce que j’en disais... Ce n’est pas pour moi, n’est-ce
pas, que vous avez donné ce bal. J’étais même invité ailleurs et
je ne suis resté que pour vous rendre service.
vasseur. — Ce qu’il faut entendre d’un fils !
lucien. — Qu’est-ce que j’ai dit de désagréable? Je maintiens
que les gens qui donnent un bal ne s’amusent pas : ils ont
autre chose à faire, surtout quand ils cherchent à caser leur
fille.
madeleine, 22 ans, entrant. — On parle de moi ?
Mrae vasseur. — Oui. Mais réponds d’abord : as-tu vu ce qui
reste à l’office ?
madeleine.— De la viande froide, un peu de langue, une tarte
ébréchée, du fromage cassé et quelques gâteaux secs en poudre:
de l’orangeade verdie et des glaces fondues.
Mme vasseur. — Pas de champagne? pas de foie gras? pas
de baba?
Pourvu qu’ils tiennent!
Dessin de P. Colombier.
madeleine. — Non, maman.
Mme vasseur. — Ils ont tout dévoré.
lucien.— Généralement, quand on dresse un buffet, c’est pour
que les gens consomment.
Mme vasseur. — Bien entendu; mais les invités doivent con-
sommer avec discrétion.
lucien. — Te dis-tu cela chez les autres?
Mme vasseur. — J’ai vu le gros Barbas avaler trois sandwiches
à la fois... C’est une indignité ! Sans compter qu’il a cassé une
chaise.
vasseur.— Et la mère Ripola ? Elle sifflait du champagne
pour le reste de
ses jours. réveillon a la glace
Mme VASSEUR. —
Ce que je n’ad-
mets pas non plus,
c’est que les invi-
tés entrent dans
des chambres qui
ne leur sont pas
destinées. -
MOTÜJfnr
O
O O
— Il a quarante-cinq ans et il a. déjà eu du goût pour une trentaine de métiers, mais, à chaque fois
qu’il va commencer un apprentissage, la grève est déclarée. Dessin de L. Kern.
J'en ai du fameux de derrière les fagots.
Ah ! et combien les fagots?
Dessin de Geo Gaumet.