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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1914 (Nr. 1-6)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25443#0063
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ECHOS DU RIRE

Des naïfs s’imaginent que chacun doit,
en ce moment, apporter gratuitement son
aide au bien général. Hélas! pour le pla-
cement des Bons de la Défense nationale,
il a fallu donner un intérêt aux fonction-
naires qui, cependant, touchent intégrale-
ment leurs appoimements, pour stimuler
leur zèle. Et, d’autre part, les journaux ont
reçu une subvention pour insérer les com-
muniqués du ministère des Finances. Il
faut que les noms des participants et les
sommes reçues soient rendus publics ; ce
sera intéressant.

*

* *

Une histoire authentique. — Ma cuisi-
nière m’a rapporté, indignée, ces propos
qui courent dans le quartier :

— Oui, madame, c’est pas étonnant qu’on
ait été battu au début de la guerre; nous
avons été trahis à Cliarleroi, par un géné-
ral, le général Caillaux.

— Mais nous n’avons pas été trahis, ma
fille, et puis il n'y a pas de général Cail-
laux...

J’ai eu beau insister, je n’ai pu convain-
cre ma cuisinière : ce sont des soldats qui
ont dit ça, des soldats « du régiment du
général Caillaux » ; et rien n’a pu la dis-
suader.

*'

* *

Les matinées organisées à l’Opéra-Co-
mique, au Français, à la Sorbonne, à la
salle Gaveau, ont un succès formidable.
Mais, avant tout, le public s’inquiète de
savoir si les chants nationaux sont au pro-
gi anime. Dans les petits théâtres et con-
certs, le succès est plutôt maigre; les repré-
sentations du soir, surtout, n’ont qu’un
rare public, dont une assez forte propor-
tion de quarts de mondaines. Et puis, il
est si difficile de trouver un répertoire qui
ne choque pas ou qui intéresse... Peut-être
y parviendra-t-on petit à petit, mais pour
l’instant, ça n’y est pas; et certains direc-
teurs n’ont évidemment pas la mentalité et
le tact qui conviennent pour cela.

*

* *

C’est un véritable engouement! On sup-
prime tout ce qui rappelle un nom alle-
mand. Et, après les voies parisiennes, après
les eaux de beauté, voici que les confiseries
s’en mêlent.

Sur la vitrine de l’une d’elles, installée
rue Montmartre, un de nos plus spirituels
confrères, arbitre de bien des affaires d’hon-
neur, s’il n’est point celui des élégances,
avisait récemment cette indication allé-
chante à première vue :

SPÉCIALITÉ DE BERLINGOTS.

Farouche et indigné, il s’élance tète
baissée chez le marchand' de friandises,
qu’il apostrophe avec vehémence. Et, comme
l’autre n’y comprend rien, malgré que du
doigt il iui montre les caractères incri-
mines, R...-D... prend une large feuille de
papier sur laquelle, arme d’un manche de
porte-plume trempé avec prodigalité dans
l’encrier, il écrit ce mot : Paris. Puis, de
la feuille, il recouvre les lettres B,E,R,L,1,N.

Depuis, l’on peut lire sur la boutique du
confiseur :

SPÉCIALITÉ DE PARIS-GOTS.

*

* *

IL est le seul, avec Guillaume II, à avoir
collaboré avec Dieu. Impatient de bluff et
de réclamé, sa mentalité « d’avant la
guerre » emplit les journaux d’une prose
turbulente et... agaçante. 11 ne lut a pas
su 1 fi, pour taire parler de Lui, d’avoir
recours a un ami dévoué qui a annoncé
dans la presse le changement de son nom

à consonnance allemande. Il a voulu lui-
même déclarer cette nouvelle apocryphe,
en prouvant avec quelque humour qu'un
ancien homme-sandwich peut avoir de l’es-
prit. Ce n’était pas fini ! Au risque d’en être
de sa poche, il vient de faire annoncer à
cor et à cri (troisième rappel!) qu’il faisait
abandon, au profit des soldats, du bénéfice
de sa part de collaboration avec le Tout-
Puissant.

Le geste eût pu être joli s’il avait été
accompli discrètement. Mais l’habitude est
une seconde nature : la vocation de la
publicité a été plus forte que tout. Et c’est
le cas de rappeler à ce monsieur encom-
brant que « la façon de donner vaut mieux
que ce qu’on donne ».

*

* *

En Italie, dans son journal IL Giorno,
Mme Mathilde Serao, mène une campagne
germanophile acharnée.

11 y aurait lieu de nous en étonner après
les protestations d’amitié que cette éié-

PARIS

(Netc-York Ecening Sun.)

phantesque personne nous avait données.

Au fond, on pouvait cependant s’y atten-
dre, car, lors du dernier séjour qu’elie fit
dans notre capitale, elle allait assez sou-
vent passer ses soirees dans un petit
hôtel proche de la gare Montparnasse, où
se réunissaient de nombreux Allemands.

N’insistons pas sur le petit jeu auquel la
bande se livrait !

Toujours est-il que nous devrions bien
avoir, en France, cette indésirabilité qui
fleurit aux Etats-Unis, et qui vient même
de jouer un sale tour à un de nos anciens
ministres des Finances.

* *

Révision ! révision !

On sait que le désir du pays et de M. Mil-
lerand fait que tous les hommes des ser-
vices auxiliaires, les dispensés et les
exemptés subissent présentement un nou-
vel examen. Mais parmi les non astreints
à cette visite figurent, aux premiers rangs,
les obèses, les « cent kilos ». A ceux-là, il
suffit d’un simp'e certificat... de poids,
fourni à la gendarmerie.

Jo Ler...x, l’humoriste bien connu, se
présente donc devant les gendarmes et dé-
clare à Pandore d’un ton à la fois modeste
et satisfait, en frappant sur son vaste
ventre :

— Me voici !.. Je pèse 122 kilos!

Le gendarme, tout d’abord interloqué,
considéré Jo ; puis, frisant sa moustache :

— 122 kilos, hé, hé !... Je ne dis pas... ;
122 kilos...

Et il termine en apostrophe :

— C’est possible, mon gaillard; mais ça
ne me prouve pas que vous etes obèse !

Le gendarme est sans pitié, a dit notre
Courteline national.



* *

Un de nos amis a rencontré l’autre jour
Max Linder sur le boulevard. La jeune
Majesté surveillait les travaux d’aménage-
ment de son cinéma qui s’ouvrira prochai-
nement boulevard Poissonnière.

Mais une ombre voilait son visage. Il
était obligé d’aller tous les quatre ou cinq
jours faite une ballade au front et ça l’en-
nuyait... Il ne pouvait suivre d’assez près
la marche de son établissement...

*

* *

Les territoriaux s’amusent...

La hâte avec laquelle les Allemands, las
de se battre... pour le roi de Prusse, font
appel à la « kamaraderie » de nos soldats,
a nécessite l’organisation de plusieurs can-
tonnements importants de prisonniers Des
territoriaux sont commis à la garde de ces
ex-soldats du kaiser, qui n’aspirent, en
général, qu’à ne point le redevenir.

Leur présence suscite parfois quelque
hostilité parmi la population civile. Or,
récemment, à..., les Boches ayant été assez
malmenés — en paroles — par des patriotes
exaltés, le capitaine chargé de leur surveil-
lance ordonna à un des territoriaux de
garde, de rédiger une affiche invitant la
population au calme et à s’abstenir de toute
manifestation.

— Soyez tranquille, mon capitaine! ré-
pondit le brave soldat... Je-vais placarder
une annonce.

Et, le lendemain, à l’entrée du campe-
ment, on pouvait lire, sur un ecriteau, cette
communication :

AVIS

Par ordre de l'autorité militaire,

il est désormais

INTERDIT d’exciter LES ANIMAUX
*

* *

X..., sous-lieutenant de chasseurs alpins
{Le Havre) : — Bien reçu votre amusante
pétition, mais impossible de l’insérer ac-
tuellement; la réservons pour ^aprés la
guerre. Eole.

no s Soldats pour Noël et le Jour de l’An

Vœux s France

12 Cartes Postales en Couleurs

de WILLETTE, FAIVRE, GUILLAUME, MÉTIVET, DELAW, ROUBILLE, etc.

Éditées par LE RIRE, 1, Eue de Choiseul, PARIS (1.20 franco)
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