LE PETIT PAQUET
LE PASSE-MONTAGNE
— Allons..., ma femme devait encore bavarder avec la voisine du dessus
chaussette-là !..
quand elle m’a tricoté cette
Dessin de L. Kern.
—• Il n’est pas très chaud, c’est vrai, mais il est
si décoratif ! Dessin de André Foy.
L’ENGAGEMENT DE JOSÉPHIN
PREMIER ACTE
Mme Tromignon. — Tu as l’air sombre, Isidore.
M. Tromignon. -— C’est que je souffre, Clotilde.
Mme Tromignon. — De ton anthrax, pauvre ami?
M. Tromignon. — Non..., de ne pas avoir de fils.
Mme Tromignon.— Cela te prend sur le tard, Isidore..., après
trente ans de mariage !... Si tu veux, pourtant, je consens à faire
une dernière tentative.
M. Tromignon.—- Inutile, ma bonne amie. Ton sacrifice demeu-
rerait stérile et mon effort resterait vain, puisque, aussi bien,
cest aujourd’hui que je voudrais avoir un fils en état de porter
les armes.
Mme Tromignon. — Pourquoi, grand Dieu?
M. Tromignon. — Pour être comme tout le monde, comme
Quignard, comme Coussol, comme Constant. Bref, comme tous
mes camarades qui ont des fils sous les drapeaux et qui nous
lisent, au café, les lettres magnifiques qu’ils reçoivent du front.
Un peu de la gloire des soldats rejaillit sur les lecteurs. Le
patron leur serre la main, leur offre des tournées d’honneur et,
parfois même, Clotilde, la caissière, les embrasse! Or, je suis
seul, hélas ! seul, parmi les clients du café du Commerce, à
ignorer ces fiertés et ces joies.
Mme Tromignon. — Pauvre chéri!
M. Tromignon. — Tu peux le dire. Et je suis d’autant plus à
plaindre, que mon mal est sans remède.
Mmo Tromignon. — Ne te désole pas, Isidore ; j’ai une idée.
M. Tromignon. — Quelle idée? Parle, de grâce.
EXPIATION
Pourquoi les évêques allemands ont-ils ordonné
un jour de jeûne et de pénitence aux troupes du
kaiser, le 10 janvier1/ Pour expier des crimes?
Mais... quels crimes?
Quel crime y a-t-il à fusiller des maires, des
bouigmestres ou des curés ?... C’est la guerre!
Est-ce un crime d’incendier les maisons, les
monuments historiques, les musées?... C’est la
guerre !
Peut-on dire que ce soit un crime de commet-
tre des atrocités à l’égard des femmes, des vieil-
lards et des enfants?... C’est la guerre !
Protéger ses troupes contre le feu de l’ennemi
en faisant appel au dévouement des civils, est-ce
un crime?... C’est la guerre !
Et vous n’appellerez pas un crime, le fait de
tirer sur des ambulances ou des hôpitaux?...
C’est la guerre ! c’est la guerre !
Aussi, le 10 janvier fut-il un jour comme les
autres dans les tranchées allemandes, et si l’on
n’y mangea guère..., très peu..., ou pas du tout...,
cela ne changea rien au régime habituel.
Dessin de A. Hellé.
LE PASSE-MONTAGNE
— Allons..., ma femme devait encore bavarder avec la voisine du dessus
chaussette-là !..
quand elle m’a tricoté cette
Dessin de L. Kern.
—• Il n’est pas très chaud, c’est vrai, mais il est
si décoratif ! Dessin de André Foy.
L’ENGAGEMENT DE JOSÉPHIN
PREMIER ACTE
Mme Tromignon. — Tu as l’air sombre, Isidore.
M. Tromignon. -— C’est que je souffre, Clotilde.
Mme Tromignon. — De ton anthrax, pauvre ami?
M. Tromignon. — Non..., de ne pas avoir de fils.
Mme Tromignon.— Cela te prend sur le tard, Isidore..., après
trente ans de mariage !... Si tu veux, pourtant, je consens à faire
une dernière tentative.
M. Tromignon.—- Inutile, ma bonne amie. Ton sacrifice demeu-
rerait stérile et mon effort resterait vain, puisque, aussi bien,
cest aujourd’hui que je voudrais avoir un fils en état de porter
les armes.
Mme Tromignon. — Pourquoi, grand Dieu?
M. Tromignon. — Pour être comme tout le monde, comme
Quignard, comme Coussol, comme Constant. Bref, comme tous
mes camarades qui ont des fils sous les drapeaux et qui nous
lisent, au café, les lettres magnifiques qu’ils reçoivent du front.
Un peu de la gloire des soldats rejaillit sur les lecteurs. Le
patron leur serre la main, leur offre des tournées d’honneur et,
parfois même, Clotilde, la caissière, les embrasse! Or, je suis
seul, hélas ! seul, parmi les clients du café du Commerce, à
ignorer ces fiertés et ces joies.
Mme Tromignon. — Pauvre chéri!
M. Tromignon. — Tu peux le dire. Et je suis d’autant plus à
plaindre, que mon mal est sans remède.
Mmo Tromignon. — Ne te désole pas, Isidore ; j’ai une idée.
M. Tromignon. — Quelle idée? Parle, de grâce.
EXPIATION
Pourquoi les évêques allemands ont-ils ordonné
un jour de jeûne et de pénitence aux troupes du
kaiser, le 10 janvier1/ Pour expier des crimes?
Mais... quels crimes?
Quel crime y a-t-il à fusiller des maires, des
bouigmestres ou des curés ?... C’est la guerre!
Est-ce un crime d’incendier les maisons, les
monuments historiques, les musées?... C’est la
guerre !
Peut-on dire que ce soit un crime de commet-
tre des atrocités à l’égard des femmes, des vieil-
lards et des enfants?... C’est la guerre !
Protéger ses troupes contre le feu de l’ennemi
en faisant appel au dévouement des civils, est-ce
un crime?... C’est la guerre !
Et vous n’appellerez pas un crime, le fait de
tirer sur des ambulances ou des hôpitaux?...
C’est la guerre ! c’est la guerre !
Aussi, le 10 janvier fut-il un jour comme les
autres dans les tranchées allemandes, et si l’on
n’y mangea guère..., très peu..., ou pas du tout...,
cela ne changea rien au régime habituel.
Dessin de A. Hellé.