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https://doi.org/10.11588/diglit.25444#0043
si insignifiante! C’est une femme si facile: le Serbe en a raison!
Elle n’oppose pas même un simulacre de résistance au petit
Balkan. Nous n’insultons jamais une femme qui tombe. Nous ne
l’empêchons pas de tomber...
Mais en ce qui concerne l’Allemagne, nous serons fermes.
Nous resterons Francs. Le cas accusatif reste à l’ordre du jour,
à cause de certaines atrocités. Peut-être que la Prusse trouve
cela dérisoire? Il n’en est pas de même ici. Et la Triple-Entente
se souviendra que la petite Belgique mutilée s’est fait assas-
siner pour gagner quelques heures et rendre service à ses
amies.
Nous ne sommes plus au temps de la guerre en dentelles :
entre gens bien élevés on finit généralement par être d’accord,
il suffît de s’expliquer en toute loyauté; seulement, pour cela, il
faut que l’adversaire soit susceptible de loyauté.
« Tirez les premiers, messieurs les Anglais! » disait le comte
d’Auteroche, à Fontenoy... avant-hier.
Aujourd’hui, l’on entend: « Tirez donc, nom de Dieu! »
Et ce juron-là, c’est un mot sublime.
*
* *
Décidément, il est malade : parlons un peu de sa santé. Nous
en avons parlé ici même, il y a trois semaines environ. Depuis
ontcouru des bruits contradictoires, qui courent encore. Laissez-
courre. Mais tout de même arrêtons-nous un peu.
Je suis loin d’être sanguinaire. On ne peut pas savoir à quel
point je le suis peu. Je ne souhaite la mort de personne, pas
même celle du Boche anonyme, triste bétail numéroté, qui fait
vis-à-vis à la Revanche, en première ligne, dans sa tranchée.
Celui-là n’est qu’une brute symbolique. Il vaut tout juste sa
part du feu. Mais l’autre, le tyran mystique, a mérité d’être
écartelé. Néron jadis a brûlé Rome. Celui-ci tenait à faire
mieux, et c’est aux quatre coins du monde qu’il a précipité sa
race et semé l’incendie.
Evidemment, il boit un bouillon, un fameux bouillon de
kulture. On murmure beaucoup en hoch-lieu, tout autour de
ses tabernacles. Ses alliés se font battre comme plâtre à qui
mieux mieux. Il va rendre l’Alsace lorraine et même aussi celle
LES TRICOTEUSES DE LA TROISIEME REPUBLIQUE
Bravo pour le crochet défensif!
— Retenez cet axiome : une nation exposée à manquer de cuivre n’a
pas 1 airain solide. Dessins de L. Métivet.
qui ne l’est pas ; il va rendre 1’ « Enseigne de Gersaint » et le
sabre de feu son père. Rendra-t-il ses tripes en surplus? Cela
n’a aucune importance.
Ce qui en a — pour lui, beaucoup — c’est qu’il va manquer
d’hommes et de cuivre, que son fils est un imbécile d’une
congénitale gourderie, qu’Enver Bocha recule au Caucase. Et
Guillaume Boche n’est pas content.
Il se soigne en dépit du bon sens, cela fait plaisir en vérité.
Le régime des communiqués (même apocryphes) triquotidiens
et celui de la cuisine de campagne auront raison de son estomac.
Passe encore du côté alimentaire : tout cela se passe en auto et
avec un certain confortable; mais le reste, les communiqués?
Je sais bien comment l’Agence Wolff sait tourner les difficultés
(c’est chose beaucoup plus facile que de tourner un corps
d’armée) ; et chacun sait que la Vérité étant inconvenante, il est
d’usage de l’habiller; on lui met un costume de cour, un
manteau d’hermine, pas trop court.
Les nouvelles du jour (Wolff copyright) sont à base de
réalité. L’alliage se fait dans la coulisse, le titre est non-Fix, il
varie : suivant le temps, la rumeur publique, c’est un petit quart
ou un bon tiers.
A l’aube de cette année nouvelle, il doit faire de saumâtres
réflexions : N’est-ce pas, en effet, le centenaire de la chute d’un
autre Aigle que l’ambition perdit? Mais c’était un grand aigle d’or
et lui n’est qu’un oiseau noir de proie. Ira-t-il mourir dans une
île? Lui laissera-t-on, même à Corfou, cette propriété de mauvais
goût dont il exilait tout récemment la statue inerte d'un grand
poète, coupable d’avoir jugé ses compatriotes et leur valeur
morale bien connue ?
Le citoyen Hohenzollern est décidément très inquiet. La
Triplice reconstituée (combinaison Turcostroboche : homme
malade, homme gâteux, bras mort), le déçoit continuellement.
Quelque chose est pourri dans le royaume de Bismarck. Le
fil des Parques boches est rompu...
Comment expliquer le phénomène? Le Kronprinz Wilhelm
bis serait-il devenu futé? Le vieux Dieu a-t-il rajeuni, au point
de tomber en enfance? La Ramée.
Elle n’oppose pas même un simulacre de résistance au petit
Balkan. Nous n’insultons jamais une femme qui tombe. Nous ne
l’empêchons pas de tomber...
Mais en ce qui concerne l’Allemagne, nous serons fermes.
Nous resterons Francs. Le cas accusatif reste à l’ordre du jour,
à cause de certaines atrocités. Peut-être que la Prusse trouve
cela dérisoire? Il n’en est pas de même ici. Et la Triple-Entente
se souviendra que la petite Belgique mutilée s’est fait assas-
siner pour gagner quelques heures et rendre service à ses
amies.
Nous ne sommes plus au temps de la guerre en dentelles :
entre gens bien élevés on finit généralement par être d’accord,
il suffît de s’expliquer en toute loyauté; seulement, pour cela, il
faut que l’adversaire soit susceptible de loyauté.
« Tirez les premiers, messieurs les Anglais! » disait le comte
d’Auteroche, à Fontenoy... avant-hier.
Aujourd’hui, l’on entend: « Tirez donc, nom de Dieu! »
Et ce juron-là, c’est un mot sublime.
*
* *
Décidément, il est malade : parlons un peu de sa santé. Nous
en avons parlé ici même, il y a trois semaines environ. Depuis
ontcouru des bruits contradictoires, qui courent encore. Laissez-
courre. Mais tout de même arrêtons-nous un peu.
Je suis loin d’être sanguinaire. On ne peut pas savoir à quel
point je le suis peu. Je ne souhaite la mort de personne, pas
même celle du Boche anonyme, triste bétail numéroté, qui fait
vis-à-vis à la Revanche, en première ligne, dans sa tranchée.
Celui-là n’est qu’une brute symbolique. Il vaut tout juste sa
part du feu. Mais l’autre, le tyran mystique, a mérité d’être
écartelé. Néron jadis a brûlé Rome. Celui-ci tenait à faire
mieux, et c’est aux quatre coins du monde qu’il a précipité sa
race et semé l’incendie.
Evidemment, il boit un bouillon, un fameux bouillon de
kulture. On murmure beaucoup en hoch-lieu, tout autour de
ses tabernacles. Ses alliés se font battre comme plâtre à qui
mieux mieux. Il va rendre l’Alsace lorraine et même aussi celle
LES TRICOTEUSES DE LA TROISIEME REPUBLIQUE
Bravo pour le crochet défensif!
— Retenez cet axiome : une nation exposée à manquer de cuivre n’a
pas 1 airain solide. Dessins de L. Métivet.
qui ne l’est pas ; il va rendre 1’ « Enseigne de Gersaint » et le
sabre de feu son père. Rendra-t-il ses tripes en surplus? Cela
n’a aucune importance.
Ce qui en a — pour lui, beaucoup — c’est qu’il va manquer
d’hommes et de cuivre, que son fils est un imbécile d’une
congénitale gourderie, qu’Enver Bocha recule au Caucase. Et
Guillaume Boche n’est pas content.
Il se soigne en dépit du bon sens, cela fait plaisir en vérité.
Le régime des communiqués (même apocryphes) triquotidiens
et celui de la cuisine de campagne auront raison de son estomac.
Passe encore du côté alimentaire : tout cela se passe en auto et
avec un certain confortable; mais le reste, les communiqués?
Je sais bien comment l’Agence Wolff sait tourner les difficultés
(c’est chose beaucoup plus facile que de tourner un corps
d’armée) ; et chacun sait que la Vérité étant inconvenante, il est
d’usage de l’habiller; on lui met un costume de cour, un
manteau d’hermine, pas trop court.
Les nouvelles du jour (Wolff copyright) sont à base de
réalité. L’alliage se fait dans la coulisse, le titre est non-Fix, il
varie : suivant le temps, la rumeur publique, c’est un petit quart
ou un bon tiers.
A l’aube de cette année nouvelle, il doit faire de saumâtres
réflexions : N’est-ce pas, en effet, le centenaire de la chute d’un
autre Aigle que l’ambition perdit? Mais c’était un grand aigle d’or
et lui n’est qu’un oiseau noir de proie. Ira-t-il mourir dans une
île? Lui laissera-t-on, même à Corfou, cette propriété de mauvais
goût dont il exilait tout récemment la statue inerte d'un grand
poète, coupable d’avoir jugé ses compatriotes et leur valeur
morale bien connue ?
Le citoyen Hohenzollern est décidément très inquiet. La
Triplice reconstituée (combinaison Turcostroboche : homme
malade, homme gâteux, bras mort), le déçoit continuellement.
Quelque chose est pourri dans le royaume de Bismarck. Le
fil des Parques boches est rompu...
Comment expliquer le phénomène? Le Kronprinz Wilhelm
bis serait-il devenu futé? Le vieux Dieu a-t-il rajeuni, au point
de tomber en enfance? La Ramée.