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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1915 (Nr. 7-58)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25444#0058
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ÉCHOS DU RIRE

Le général Joffre sera à la fois génôral-
lissiaie et immortel. Ne vient-on pas de lui
offrir un siège sous la Coupole?

Il doit sans doute encore se souvenir de
cette anecdote que nous rapportait, il y a
quelques mois, le curé de son village natal.

Quand le futur général avait sept ou huit
ans, une vieille châtelaine des environs de
ce village avait organisé un arbre de Noël
pour les enfants du pays.

Lejeune Joffre avait gagné une panoplie
d’académicien : il ne paraissait pas content
de son sort. 11 réussit à l’échanger avec un
camarade contre une panoplie de général.
11 préférait manifestement l’armée à l’Aca-
démie. Aujourd’hui, il a les deux.

Et le plus amusant, c’est que l’ami à qui
échut, après l’échange, la panoplie d’aca-
démicien, est resté toujours au village où
il exerce encore le métier de charron...

*

* *

Nous avons le regret d’apprendre la mort
du sculpteur Pierre de Coutouly, îué à l'en-
nemi. It faisait partie de la Société des
Artistes Humoristes et exposa au Palais de
Glace. Nous adressons nos respectueuses
condoléances à sa veuve et aux siens.

vices auxiliaires lors d’une récente contre-
visite. Ne soyons pas méchants : Marc est
d’une myopie à rendre des points à tous les
myopes du monde.

Ces jours derniers, en examinant son
browning, une balle est partie et 1 a légère-
ment blessé à la main.

— C’est au front que j’aurais dû recevoir
cela, confie-t-il à ses camarades, c est vrai ;
mais enfin on ne pourra pas dire plus tard
que, pendant la guerre, je n ai pas écopé
d’un coup de feu !

*

* *

Un de nos amis vient de recevoir d’un
de ses jeunes amis une lettre dont nous
extrayons le passage suivant :

« Cela m’ennuie beaucoup d’avoir été
recalé (sic) à mon second examen de droit
en juillet dernier. J’ai eu une consolation
en recevant la médaille militaire. Je passe
mes instants de loisirs à potasser (sic) dans
ma tranchée mon examen. Je suis partois
dérangé par une marmite, mais j’arrive
tout de même à faire quelque chose. Ce
qui m’ennuie le plus, c’est qu'à l’assaut à
la baïonnette de T...-sur-M... j’ai perdu mon

*

* *

Un nouveau confrère nous est né I II a
nom l'Aire Meusienne et s’édite dans les
tranchées de l’Argonne. Sa devise est
« bonne humeur et patriotisme ». Le cou-
rage, l’abnégation, l'heroisme, le mépris de
la mort et l'amour de la France en sont les
principaux commanditaires.

Ce n’est pas une feuille sévère et ponti-
fiante. Il a plus de points communs avec le
Rire rouge qu’avec l'Officiel ou le Journal
des Débats. Il a même, sur ces derniers
organes, la supériorité d’ètre illustré. Un
de ses rédacteurs en chef est un dessina-
teur humoriste de talent, M. Groseillier,
dont les croquis alertes provoquent de lon-
gues traînées de rire dans tous les retran-
chements d’alentour. Pendant ces minutes
d’hilarite bruyante, on n’entend plus le
bruit du canon, et les Boches qui, à cent
mètres de là, bâillent d’ennui dans leurs
taupinières, ronchonnent entre eux :
« Qu’est-ce qu’ils ont donc à rire comme
cela, ces Français? »

Ce qu’ils ont, Boches moroses?... Ils ont
en eux cette saine et franche gaiié qui est
un des apanages de notre race, ils ont cette
exubérance de joie que \ousne rompren-
drez jamais et qui, plus que tous les retran-
chements du monde; constitué contre vos
appétits farouches, une barrière infran-
gible, derrière laquelle on se gausse de vos
shrapnells et de vos <> marmites ».

Néanmoins renversons, pour une fois, le
vœu banal et souhaitons à notre confrère
« vie brève et prospérité », puisque sa dé-
confiture ne saurait être motivée par un
autre événement que la fin de la guerre 1
*

* *

Les gazettes allemandes nous rensei-
gnent sur les préférences du kronprinz ;
ses goûts sont l’oit originaux.

Si le rejeton du kaiser avait pu entrer à
Paris et, de ce fait, avoir le droit d’y rési-
der, il n’aurait point habité la c.ipjtale :
Paris lui semble trop bruyant. Il aurait
résidé dans les environs. Et savez-vous quel
était son coin préféré? Ce n’était ni Neutlly
ni Versailles... 11 a une affection toute par-
ticulière pour... Saint-Maurice. Or, ce ravis-
sant endroit est à deux pas de Charenton.
Est-ce le voisinage de ce lieu qui l’attire?
Ou bien est-ce parce que cet endroit est à
proximité du confluent de la Seine et de
la... Marne ?

*

* *

M. de Schœn, le trop célèbre ambassa-
deur d’Allemague, était devenu un Parisien
fort accompli ; il possédait, entre autres
choses, deux chevaux qu’il faisait courir.
La réquisition, ces jours derniers, vient de
les prendre, en vertu du récent decret sur
les séquestres des biens des Allemands,
même des diplomates.

Le premier de ces chevaux est actuelle-
ment au dépôt du 23e dragons; le second
a été attribue, chose bizarre et pittoresque,
a l’un de nos plus célèbres généraux colo-
niaux. Puisse ce cheval lui servir de fétiche.
*

* *

En temps de guerre, les annonces bi-
zarres foisonnent dans les rues de Paris.

l.e hasard nous ayant amené dans la
populeuse rue de Clignancourt, voici ce
que nous avons trouvé à la porte de l'im-
meuble portant le numéro 28 :

Madame Veuve H.

Sage-femme de lie classe.

Opère malgré la situation extérieure.

Réduction de 75 0/0 aux mobilisées.

Aux mobilisées ? Il y a donc des femmes-
soldats ?

*

* *

Nous avons le plaisir d’apprendre à nos
lecteurs que Fantasio reparaîtra le 15 fé-
vrier. Eole.

Le 1er conseil de guerre du gouverne-
ment militaire de Paris possède, comme
juge, un employé de la Ville de Paris qui
est lieutenant de territoriale. Celui-ci n’a
jamais pu, malgré qu’il soit militaire, se f
départir de ses habitudes civiles et bureau- k
cratiques.

Chaque fois qu’il siège ou qu’il interroge,
il a soin de poser sur son fauteuil un im-
mense et souple rond de cuir. Puis, par
dessus ses bras, il enfile des manches de
lustrine.

Qui l’eût cru?... Les Boches sont venus
jusqu’à Saint-Cloud!

C’était un clair matin de la semaine der-
nière. Deux territoriaux se promenaient
dans les bois dénudés par l’automne qui
séparent Saint-Cloud de Ville-d’Avray.
Leur attention fut attirée par un soldat
montant la garde, à un endroit que rien
ne révélait stratégique... Soudain du fouil-
lis des branchages surgit un soldat alle-
mand. Le petit piou-piou s’élança. Mais
déjà le Boche, le couchant en joue, pressait
la détente. L’héroïque fantassin s’abattit
la lace contre terre, bien qu’aucune déto-
nation n eût trouble le calme splendide.
Nos deux territoriaux, encore qu’ils fussent
sans armes, se ruèrent sur le soldat du Ivai-
ser.Le Boche surpris roulasurlesol.Malgré
ses protestations formulées dans le plus pur
français... de Belleville, il avait déjà reçu
force horions, lorsqu’un secours imprévu
lui vint sous les apparences de ce même
lignai d qu’il venait de fusiller, revenu par
miracle à la vie.

Cependant à quelque distance, un homme
levait les bras au ciel en signe de déses-
poir, et, laissant là un appareil dont il
tournait éperdument le déclic — était-ce
une mitrailleuse? — accourait à la res-
cousse...

On s’expliqua; ce fut court et définitif:
Espèces d idiots,grommela le nouveau
venu, vous ne pouvez pas faire atten-
tion ! Voilà 32 métrés de f...

Et nos deux territoriaux comprirent
alors, qu'ils étaient inopinément intervenus
dans une scène de cinéma.

, L’intrépide Marc D. du Tout-Paris où
i on s amuse, a été maintenu dans les se^-

LE SOUS-MARIN

[Life, New-York.)

bouquin de droit international public. Je
souhaite bien de me tenir prêt pour pou-
voir être reçu en juillet prochain... »

Espérons que les examinateurs de la
h acuité de droit se montreront indulgents
pour ce candidat qui prépare ses examens
dans la tranchée.

Nos braves soldats ont reçu leurs étrennes
à 1 occasion des fetes de la Noël et du Jour
de 1 an. Le contenu des colis était varié:
à côte de l’utile figurait l’agréable.

Un excellent territorial du 12l)e a reçu un
colis soigneusement emballe : il était offert
Pf-f* ^nt; de nos plus agréables Parisiennes,
M e Uebienne. Le bon soldat, dans le civil,
toucheur de bœufs, a eu la surprise d’y
tiouverun mouchoir de line batiste, enca-
die de dentelle et orné d’une couronne de
comte. Ne sachant pas comment s’en servir,
il a remis à son capitaine qui, lui aussi,
ne sait s il doit le garder ou le restituer à
sa gracieuse proprietaire...

Un réserviste du 81e de ligne nous écrit
qu U a reçu ainsi une boite de poudre de
riz agréablement parfumée. Il a pris la
chose gaiement :

— Cela, nous met-il dans sa lettre, ne
sent pas tout à fait comme la poudre
oche, mais ça fait plaisir et ça repose...
 
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