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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1915 (Nr. 7-58)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25444#0066
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miliation d'être tués par des Russes;? Enfin, que leedits Turcs
datent leur expédition vers le canal de Saez P°“ J
avant la dispersion totale de leurs douze mille P

désertion ininterrompue?

Pauvres Turcs! qui n’ont passé si longtemps pour être « forts >>
que parce qu’ils s’habillaient comme des zouaves! Ah ! la preuve
est bien faite une fois de plus de leur faiblesse et de leur naivete.
Espérons que les souscripteurs français ne seront pas assez
bêtes pour payer, cette fois-ci, les ponts cassés et qu ils laisse-
ront ces bons Turcs se débattre dans une marmelade qui ne
sera pas de roses !

Les zeppelins sont entrés en scène. On sait que les Allemands
ont une prédilection marquée pour les énormes ballons cylin-
driques dirigeables, non à cause de leurs qualités militaires, qui
sont, comme l’on sait, très problématiques, mais parce que ces
aéronefs satisfont, par leur apparence extérieure, les instincts
boustifailleurs d’une race dont la devise paraît être : « J ai une
panse, donc je suis ! » Le zeppelin, en effet, est en quelque sorte
la déification de la saucisse. C’est une kolossale andouillette
militaire. Un Allemand qui voit passer un zeppelin croit qu’il
rêve et — quel tableau ! — sourit aux anges ! Il se croit trans-
porté dans un pays de Cocagne idéal où la charcuterie consent
enfin à se proportionner à son appétit; où les cervelas ont des
allures de vaisseaux cuirassés ; où les jambons sont aussi gros
que des cathédrales bombardées ; et où les pieds truffés se
chausseraient tout juste dans la botte de l’Italie... Hélas! ce
n’est qu’un rêve ! L’Allemand affamé s’en console en songeant
que, s’il n’est pas comestible, le zeppelin, du moins, sème des
truffes explosibles qui vont tuer dans leurs lits des femmes et
des enfants inoffensifs.

Jusqu’à présent, les prodigieux engins ont préféré éviter le
voisinage des ouvrages fortifiés pourvus de tout ce qu’il faut
pour se défendre. Ils ont jeté leur dévolu et leurs bombes sur des
villas et des cottages où les seuls projectiles dont on dispose
sont des boulets de charbon pour le chauffage, et des balles pour
1 e tennis. Toutefois, comme il se pourrait que ces exploits de
tout repos ne suffisent pas indéfiniment à l’opinion publique de
leur pays, on pense qu’à la faveur des ténèbres, des brouillards,
des crépuscules et autres précautions atmosphériques, les bou-

SUR LES BOULEVARDS

— Ah! marquise, que je suis content de vous voir !

Dessins de L. Métivet.

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dins à shrapnells essaieront peut-être une fois d’atteindre une
agglomération plus compacte de gens endormis. Mais si les gens
sont endormis, les autorités veillent. Les aviateurs français
ouvrent l’œil et la police ferme le gaz. Ce qui fait qu’à Paris la
question de la nuit est à l'ordre du jour. La Ville Lumière a été
invitée poliment à baisser les stores. Et elle a obtempéré avec
une bonne grâce décuplée par l’instinct imprescriptible de la
conservation.

On pense bien, cependant, que, parmi tant de milliers d’indi-
vidus, de fenêtres, de becs de gaz et de commutateurs, il s’est
présenté quelques cas isolés de résistance. Comme toujours il y
a des gens qui n’ont pas bien compris et qui ont répondu sur
un ton de victoire aux agents inquisiteurs que l’éclairage a
giorno sur les cours importait peu puisque les façades demeu-
raient obscures. Ce sont des gens qui, évidemment, s’imaginent
que les dirigeables allemands vont sortir par les bouches d’égout
et se promener dans les rues à la hauteur immuable du troi-
sième étage.

Il y a aussi les esprits forts, les stratèges en chambre et les
conseilleurs en pantoufles. Ceux-là rient et demandent pourquoi
Ion n exige pas 1 extinction des cigares après cinq heures. Ce
sont ceux qui refont les batailles après coup et qui lèvent les
ePauCe 6St beaucoup moins lourd à lever qu’un fusil.

aut compter aussi avec la petite révolte obligatoire des
inteiets particuliers, par quoi l’égoïsme humain affirme sa vita-
î au milieu de 1 épanouissement de l’altruisme le plus magni-
que. } a le commerçant qui craint de vendre moins, à cause
e h.a 1 evan|ure plongée dans la demi-obscurité. 11 y a le protes-
atane de 1 entresol, qui pense bien qu’une bombe ne peut
raverseï sept étages... Il y en a bien d’autres, sans compter la
J,10 1 e ( dme (^u quatrième qui trouve excessivement contrariant
. e ,ne Pas Pouv°m poser comme d’habitude sa lampe tout contre
ta enetre p0Ur prévenir Gustave que Joseph est parti et qu’il
P mon er prendre sa place ! Le Guetteur.
 
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