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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1915 (Nr. 7-58)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25444#0089
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l’avis de jean-bart sur la sous-marine allemande
— Ça, des corsaires ?... Même pas des pirates... : des sous-forbans !

LE RIRE DE LA SEMAINE

Le monsieur qui s’aviserait de fredonner en ce moment, en
Allemagne, la très vieille romance de nos grands-pères :

L'or est une chimère;

Sachons nous en passer...

risquerait de passer un mauvais kardeur, car le « vil métal »
fait précisément défaut chez nos indésirables voisins — qui
n’en sont pas, d’ailleurs, à un defaut de plus ou de moins.

La chasse à l’or est donc ouverte sur tout le territoire de la
Bochie. Elle se pratique à l’affût à toutes les frontières, à tous
les octrois, à tous les guichets, et à courre, à la suite de tous les
porte-monnaie et de tous les bas de laine. Le détenteur d'une
pièce d’or c’est au collet, lui, qu’on le prend.

Tout possesseur d’un « louis », ou plutôt tl’un « Guillaume »,
est tenu de le changer illico contre un billet de bank. Beaucoup
s’y résignent par peur, mais avec une grimace bien compréhen-
sible quand on sait l’importance secondaire que le gouverne-
ment allemand attache aux « chiffons de papier ». Damel quelle
katastrophe si on déclarait après la guerre que les billets en
question ont exactement la même valeur que les traités interna-
tionaux!... Pourtant, que faire contre la force? Il faut s’exécuter,
comme un simple prisonnier civil, et — expression d’une saveur
allemande toute particulière dans la circonstance : casquer!

Cependant, si ingénieuse que se montre l’Administration pour
mettre tout or de son côté, il paraît que le dépouillement volon-
taire manque de spontanéité. L’or continue à être aussi rare en
Bochemagne qu’une mesure humanitaire, l’or qu’il leur faut,
n’en fût-il plus au monde, pour acheter de la poudre aux yeux
et des balles explosibles.

On a donc étudié différents expédients. Le premier cou pistait
à imposer comme unité monétaire officielle un nouveau m^ rkde
fabrik, sorte de monnaie de singe dans la composition n. 3tal-
lique de laquelle on devait faire entrer — de force, bien entendu —
des éléments austro-turcs. Mais à la suite d’une pénible expé-
rience de six mois, qui a montré le rnanqne de solidité d’un
pareil alliage (d’aucuns prononcent alliance), on a dû renoncer à
frapper autre chose qu’un grand coup... de bluff.

Il a été question ensuite de réquisitionner dans toute l’étendue
de l’Empire les bouteilles d’eau-de-vie de Dantzig pour en filtrer

le contenu et extraire les parcelles dorées qui y sont en suspen-
sion. Cette idee a été abandonnée presque aussitôt, la guerre
actuelle ayant surabondamment prouvé qu’un Allemand ne peut
pas être mis en contact avec une ou plusieurs bouteilles de quoi
que ce soit sans lu ou les vider instantanément dans le gouffre
de son gosier. 11 n’y a pas, en effet, que la vérité qui soit cons-
tamment altérée dans ce pays condamné par son seul nom à
être éternellement assoiffé : Outre-Rems !

On a pensé alors à réquisitionner d’urgence toutes les dents
aurifiées austro-hongro-allemandes qui sont, comme l’on sait,
innombrables. Mais de véhémentes protestations se sont élevées
de la Baltique au Danube : « Vous n'allez tout de même pas
choisir, se sont écriés les intéressés, pour toucher à nos dents
le moment où, précisément, vous commencez à nous donner à
mastiquer du pain alphabétiquement et culinairement innom-
mable? Laissez-nous toutes nos dents, et surtout celles qui
sont blindées, pour le jour prochain où après le pain K K
viendra le pain AKC, précédant de peu la brique komestible! »

L’argument ayant paru sans réplique en haut lieu, on a
cherché autre chose, et voici ce que l'on a trouvé. Un a fait un
appel pressant au loyalisme des femmes Teutonantes : « Soyez
les dignes épouses des héros de Termonde et de Louvain, leur
a crié l’éloquence officielle, et faites à l'Etat le sacrifice de vos
pijoux!... Toute femme qui apportera la croix de sa mère
recevia, si elle est en or, la croix de fer! Si elle y joint un
bracelet, le plus âgé des enfants recevra la même récompense!
Pour les boucles d’oreilles, on décorera le cadet, et la bonne
par-dessus le marché ! »

L'impartialité nous oblige à reconnaître que les Teutonantes
berlinoises et les valseuses de Vienne répondirent comme un
seul homme à l'appel de l’Etat désargenté, ou mieux désorenté,
ou plus exactement encore : désorienté... Toutes les Gret-
chens et toutes les Frauleins s’empressèrent de vider leurs
tiroirs sur les tables dos intendants militaires, toutes les Mar-
guerites retournèrent le coffret de Faust sur les bureaux des
trésoriers-payeurs généraux.

Quand le ratissage fut clos — tiens! ça rime avec Desclaux!
— les yeux des crocodiles austro-allemands se remplirent de
larmes. Un immense espoir envahit le muscle propulseur du
sang qui «'appelle le cœur chez les autres nations, à la vue de
ces monceaux d'objets précieux dont la fonte allait «auver la
 
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