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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1915 (Nr. 7-58)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25444#0091
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LA DAME AUX BIJOUX

Le nommé Guillaume Hohenzollern, in-
quiet de ne plus voir circuler dans son
pays que des tunes et des sùjues en pa-
pier, s’était fait chercheur d’or.

Il rencontra un jour en chemin de fer,
une dame cossue, qui lui parut assez bril-
lamment bijoutée, et qu’à vue d'œil il éva-
lua à C30 mark.

— De quelle classe êtes-vous? lui de-
manda-t-il d’un ton brusque.

— Troisième! répondit la bourgeoise in-
terloquée, en exhibant son billet de chemin
de fer.

— Non : c’est votre classe de recrute-
ment que je veux savoir!...

La dame était pour le moins de la
classe 87... Elle avoua, les yeux baissés :

— Je n’ai été « incorporable » qu’en
1890...

— C’est bon! dit Guillaume... Alors, don-
nez-moi votre porte-monnaie!...

Elle n’avait que des billets de la Banque
d’F.mpire... 11 les repoussa d’un geste dé-
goûté...

— Chiffons de papier qui ne valent pas
plus qu’un traite! fit-il dédaigneusement...
Donnez-moi vos bijoux!

Elle était ornée d’un sautoir, de deux

ENTRE BOCHES

— Eh bien ! Frantz, penses-tu toujours aller à
Paris ?. .

— Oui, après la guerre, avec un nom français,

un passeport américain, pour monter un com-
merce chinois. Dessin de Pierre.

bracelets et de trois bagues. Elle avait
aussi la croix de sa mère, en or... Il prit
tout, et, pour la consoler, il la décora de
la croix de fer, en lui affirmant que cet
objet avait énormément de valeur... Puis :

— Ouvrez la bouche! commanda impé-
rieusement cet homme insatiable.

— Mais..., protesta la dolente victime.

— Ouvre ta gueule' hurla-t-il en héris-
sant ses moustaches olympiennes...

Elle comprit à ce langage, qu’elle avait
affaire à un maître incontestable, et, sub-
juguée, elle ouvrit docilement ce qu’on
exigeait d’elle.

— Oh! oh! dit-il, — et son œil s’alluma,
— voilà une vraie mine d’or!...

D'un coup de pouce habile, il lui cueillit
son râtelier (qui était effectivement monté
sur or), — et il ajouta :

— L'Allemagne en a besoin... et l’Alle-
magne c’est moi.

En échange, il lui donna sa bénédiction.
Puis, satisfait de son butin, il descendit en
gare d’Aix-la-Chapelle.

A vrai dire, toute cette bijouterie, si glo-
rieusement conquise made in Ger-

mant), c’est-à-dire en toc... Mais, là-bas, on
ne s’embarrasse pas pour si peu : l’Alle-
magne fabriquera des louis d’or en toc...
et voilà tout!

Robert Francheville.

LE MAITRE d’ÉCOLE QUI NE VAINCRA PAS EN 1915

Les petits Roc! apprennent leur métier de soldat. Ils reçoivent
d’abord quelques notions d économie domestique.

Iis apprennent la vivisection, telie qu’on la pratique
kaiser.

UctilO i ctl I11CO uu

1 ' apprennent-la rliimie, d après les remarquables travaux des plus
illustres de leurs savants.

Ils apprennent l’humanité en mêlant les idées de M. Krupp aux
conventions de la Croix de Genève.

Les petits Boches apprennent aussi des choses qui ne sont pas tout
à fait de leur âge.

Mais, peut-être, les petits Boches vont-ils bientôt chanter, comme on
l’a fait chez nous en 1789 et en Angleterre en 1642 : « Les pions sont à
vendre, la boutique à louer » Dessin d’André Hei.lé.
 
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