ÉCOLE DE GUERRE
OARNAVAL BOCHE
h
— Mais, mon cher Liman von Sanders, qu’est-ce que vous nous envoyez faire en Perse ?
— Allez, allez toujours et rapportez les tapis; on verra après. Dessin de Mars-Trick.
INSATIABLE
Le Teich, vieux Parigot, était possesseur
de deux ou trois maisons de rapport, ce
qui représenle une certaine aisance, notre
chère Lutèce n’ayant point coutume d’of-
frir à l’œil, aux amateurs, son sol, même
morcelé.
Comment Le Teich acquit-il sa grosse
fortune? Peu m’en chaut, et je pense qu’à
vous aussi beaucoup vous en froid! Tou-
jours est-il que oncques ne vis homme meil-
leur, plus serviable, plus philanthrope,
plus charitable, plus tout... Quoi!
A l'encontre de ses confrères qui lais-
sent à leur gérant le soin de toucher les
quittances, de percevoir le prix des loyers,
MARDI-GRAS
Mardi-Gras, n’t’en vas pas !
Nous ferons des crêpes.
Dessin de Portelette.
s’évitant, par là, l’interminable kyrielle,
des ennuis classiques, Le Teich, lui, affron-
tait en face ses locataires et allait même
au-devant de leurs besoins, que dis-je? de
leurs exigences. Il s’inquiétait près de
celui-ci du tirage de sa cheminée, offrait
à tous la pose d'un tapis dans l’escalier...;
bref ce brave homme s’ingéniait sans cesse
à chercher — et à trouver — ce qui pour-
rait bien complaire à ses « chers enfants ».
Je n’ai pas besoin d'ajouter — mais je
l’ajoute tout de même — qu’il fut l’un des
premiers de sa ' confrérie à dispenser ses
locataires de payer leur loyer pendant toute
la durée de la guerre.
Un jour, Le Teich, dont la bonne humeur
était inaltérable, se réveilla soucieux, in-
quiet, morose.
— Qu’est-ce que tu as donc aujourd'hui
pour être si peu en train ? lui demanda sa
femme.
— Jai... que j’ai une idée merveilleuse.
Tu sais, ma bonne amie, combien j’aime
mon pays, à quel point je suis patriote...
que dis-je? chauvin: Tu vois comment je me
rue sur les journaux chaque matin pour
voir ce que nous avons fait la veille. D’ail-
leurs, tu te souviens que je m'en fus, à
l’annonce de la mobilisation, offrir mes
services à la mairie. Mon âge ne me per-
mettant plus, hélas ! de porter sac et fusil
et de dormir sur la dure, je tâchai de me
rendre utile de quelque façon et demandai
à faire partie des gardes civiques. C’est
ainsi que chaque jour, je monte la garde
sous le pont de Combs-la-Ville, pendant
que toi et ta fille, vous tricotez pour nos
chers blessés.
— Je sais tout ça.
— Oui, mais voici ce que tu ignores: j’ai
pour locataire, locataire modèle, un em-
ployé de ministère qui est entré chez moi
au lendemain de son mariage, il y a trois
ans. Sa femme est charmante et tous deux
forment un ménage ravissant. Ils sont siien-
V V
Les confetti de 1915.
Dessin de George-Edward.
PARIS LA NUIT
— Les tramways sont terminés ; mais parai
que le Zeppelin ne va pas tarder à passer.
Dessin d’ARMF.NGOL.
«n c i enne GRANDE
DENTIFRICE
à la GLYCÉRINE |
MARQ UE FRANÇAISE
OARNAVAL BOCHE
h
— Mais, mon cher Liman von Sanders, qu’est-ce que vous nous envoyez faire en Perse ?
— Allez, allez toujours et rapportez les tapis; on verra après. Dessin de Mars-Trick.
INSATIABLE
Le Teich, vieux Parigot, était possesseur
de deux ou trois maisons de rapport, ce
qui représenle une certaine aisance, notre
chère Lutèce n’ayant point coutume d’of-
frir à l’œil, aux amateurs, son sol, même
morcelé.
Comment Le Teich acquit-il sa grosse
fortune? Peu m’en chaut, et je pense qu’à
vous aussi beaucoup vous en froid! Tou-
jours est-il que oncques ne vis homme meil-
leur, plus serviable, plus philanthrope,
plus charitable, plus tout... Quoi!
A l'encontre de ses confrères qui lais-
sent à leur gérant le soin de toucher les
quittances, de percevoir le prix des loyers,
MARDI-GRAS
Mardi-Gras, n’t’en vas pas !
Nous ferons des crêpes.
Dessin de Portelette.
s’évitant, par là, l’interminable kyrielle,
des ennuis classiques, Le Teich, lui, affron-
tait en face ses locataires et allait même
au-devant de leurs besoins, que dis-je? de
leurs exigences. Il s’inquiétait près de
celui-ci du tirage de sa cheminée, offrait
à tous la pose d'un tapis dans l’escalier...;
bref ce brave homme s’ingéniait sans cesse
à chercher — et à trouver — ce qui pour-
rait bien complaire à ses « chers enfants ».
Je n’ai pas besoin d'ajouter — mais je
l’ajoute tout de même — qu’il fut l’un des
premiers de sa ' confrérie à dispenser ses
locataires de payer leur loyer pendant toute
la durée de la guerre.
Un jour, Le Teich, dont la bonne humeur
était inaltérable, se réveilla soucieux, in-
quiet, morose.
— Qu’est-ce que tu as donc aujourd'hui
pour être si peu en train ? lui demanda sa
femme.
— Jai... que j’ai une idée merveilleuse.
Tu sais, ma bonne amie, combien j’aime
mon pays, à quel point je suis patriote...
que dis-je? chauvin: Tu vois comment je me
rue sur les journaux chaque matin pour
voir ce que nous avons fait la veille. D’ail-
leurs, tu te souviens que je m'en fus, à
l’annonce de la mobilisation, offrir mes
services à la mairie. Mon âge ne me per-
mettant plus, hélas ! de porter sac et fusil
et de dormir sur la dure, je tâchai de me
rendre utile de quelque façon et demandai
à faire partie des gardes civiques. C’est
ainsi que chaque jour, je monte la garde
sous le pont de Combs-la-Ville, pendant
que toi et ta fille, vous tricotez pour nos
chers blessés.
— Je sais tout ça.
— Oui, mais voici ce que tu ignores: j’ai
pour locataire, locataire modèle, un em-
ployé de ministère qui est entré chez moi
au lendemain de son mariage, il y a trois
ans. Sa femme est charmante et tous deux
forment un ménage ravissant. Ils sont siien-
V V
Les confetti de 1915.
Dessin de George-Edward.
PARIS LA NUIT
— Les tramways sont terminés ; mais parai
que le Zeppelin ne va pas tarder à passer.
Dessin d’ARMF.NGOL.
«n c i enne GRANDE
DENTIFRICE
à la GLYCÉRINE |
MARQ UE FRANÇAISE