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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1915 (Nr. 7-58)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25444#0102
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mal de caquetage; mais encore faudrait-il que ces messieurs et
dames apportassent dans leurs Cirotages la décence qui convient.

Il parait, en effet, — j’en parle par oui-dire, — que certains de
ces théiéromanes de tous les sexes font de ces réunions des
petites fêtes bruyamment hilarantes et jacassantes. Il paraît
même que de folâtres musiques bercent leurs humages et leurs
trempettes; bien mieux, que leurs jambes ont paru plusieurs
fois frétiller d’impatience chorégraphique, et que le hideux
tango, le tango pervers, dégradant, démoralisant et morbide,
serait revenu sur l’eau, sur l’eau chaude de certains établisse-
ments à clientèle parisienno-cosmopolite, si l’on n’y avait mis
bon ordre.

Allons, mesdames! Allons, messieurs! Quand on est loin des
balles il faut avoir la pudeur de ne pas danser! Il faut penser
davantage aux vaillants des tranchées, grâce auxquels les inutiles
d'ici peuvent, sans danger, étaler du beurre sur du pain grillé;
aux braves gens qui ne connaissent en ce moment d’autre
morceau de musique que la Charge, et qui mènent si magnifi-
quement cette danse héroïque où les danseurs laissent leurs
jambes !

On dit d’ailleurs qu’elle est singulière, la composition de cer-
tains de ces salons où l’on cause un peu trop fort. On y rencontre,
dit-on, toutes les espèces de neutres, les neutres par nationalité
et les neutres par mentalité ordinaire. On y aperçoit les plus
apparemment costauds de nos réformés et les bénéficiaires des
embuscades les plus ingénieuses. On y voit passer des artistes
friands jadis, à la scène, de l’uniforme militaire, et qui, précisé-
ment, ne le portent plus depuis la déclaration de la guerre. On
y croise des naturalisés de moins-cinq; des permis de séjour
énigmatiques; et il faut toute la confiance que l’on accorde a la
garde qui veille aux barrières internationales pour ne pas s’ima-
giner parfois que l’on est entré par erreur dans un thé de
concentration.



* *

D’Allemagne continuent à nous arriver des petites nouvelle#
qui ne sont pas pour nous déplaire.

LA. SUPPRESSION DE LABSINTHE
Tordre le cou à un aigle vaut mieux que d’étrangler des perroquets

LES CENT CINQUANTE MILLIONS DES BANQUES AUSTRO-BOCHES

C’est ça qui donne à la Bulgarie un petit air emprunté.

Dessins de L. Métivet.

Les autorités persistent à adjurer les populations de déposer
sur l’autel de la patrie tout le métal dont elles disposent. Toute
personne qui découvrirait dans sa cour, dans son jardinet, voire
dans ses caisses à fleurs, des gisements de cuivre, de nickel,
d’aluminium, de bronze ou de plomb, est instamment priée
d’en aviser les dites autorités. Les gisements seront exploités
séance tenante — et leurs propriétaires aussi.

On prétend même que, dans leur affolement, les pouvoirs
publics germaniques ont chargé des savants spécialistes d’etu-
dier si l’on ne pourrait pas tirer un parti quelconque de la
parole que l’on dit être d’argent, et surtout du silence, que l’on
affirme être d’or... Avis à l’agence Wolff.

Quoi qu’il en soit, il est sérieusement question d’envoyer à la
fonte les statues de souverains et de grands hommes érigées un
peu partout. L’Allemagne en est donc à mobiliser, après les
sexagénaires, les réformés — et même les déformés — tous ses
hommes de bronze, quelle que soit leur klasse, qui font partie
du landsturm métallique.

Cette exécution en masse — qui prouve à la lettre que les
Allemands sont en train de se « couler » — va avoir pour nos
voisins un avantage imprévu; elle va les obliger à se débar-
rasser d’un tas de très vilains monuments que, pour des raisons
de sentiment, de politique ou d’amour-propre, il eût été impos-
sible d’anéantir de sang-froid. En même temps qu'ils vont avoir
l’air de faire un sacrifice digne des annales historiques
romaines, ils vont supprimer les têrribles fautes de goût dont
leur réputation esthétique nationale souffrait tant à l’étranger.
C’est une occasion inespérée, et c’est même à croire que l’idée
de cette mesure a été prise d’un commun accord par le dépar-
tement de la Guerre et celui des Beaux-Arts. Après les hosti-
lités, quand l’Allemagne se sera ressaisie, et ses contribuables
aussi, elle pourra donc remédier libiement et radicalement à
la laideur de ses œuvres d'art qui, elle, est véritablement,
selon la formule, über ailes — c’est-à-dire au-dessus de tout.

Le Guetteur.
 
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