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https://doi.org/10.11588/diglit.25444#0116
LES TRAVAUX DK PARIS
CONFORT MODERNE
l’espion, inscrivant. — « Paris est affolé : on creuse des tranchées
jusque sur les boulevards. » Dessin ü’Akiibngol.
LA BOMBE
La scène se passe à une grande distance du front, dans la
grande salle d’un de nos châteaux de l’Aisne, occupés, hélas !
encore par les AJemands. Le Conseil de guerre s’est réuni pour
juger un pauvre Saxon qui n’a pas eu — il le reconnaît — une
conduite digne d’éloges devant les «Welches». C’était la pre-
mière fois qu’il allait au feu. Dès les premières rafales de notre
« 75 », au lieu de prendre son courage et son fusil à deux mains,
il s’est trompé de direction et a pris ses jambes à son cou.
Quelques officiers du « landsturm », sanglés dans de beaux
uniformes tout neufs, l’accablent de reproches.
l’oberlieutenant. — Comment I vous n’avez pas eu honte
d’abandonner vos chefs, vos camarades?
(L'accusé baisse la tête.)
l’oberlieutenant. — Vous ne vous êtes pas dit un seul instant
que, si chacun remplissait aussi piètrement son devoir, jamais
les Allemands n’iraient à Paris? Vous n’avez pas songé que, si
votre femme, votre mère, vos amis vous apercevaient, ils vous
renieraient et se refuseraient à trinquer avec vous? (Grandi-
loquent..) Eh ! bien, dans le Code militaire, ce crime porte un
nom : la désertion et comporte un châtiment : la mort.
Greffier, veuillez lire à l’accusé l’article 223.
Mais, au même moment, une détonation épouvantable retentit,
ébranlant sur ses bases le château tout entier, faisant voler en
— Allume le feu au milieu de l’appartement; comme ça, on pourra
dire qu’on a le chauffage central. Dessin de Leka.
éclats toutes les vitres. De gros plâtras, des poutres dégringolent
du plafond avec un bruit assourdissant. C’est une bombe qu’un
avion français vient de jeter.
En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le tribunal a
levé le siège. Les officiers, les greffiers, le commis-greffier ont
disparu comme par enchantement, afin probablement d’aller se
rendre compte des dégâts!
Seul, l’accusé n’a pas bougé.
Cependant, au bout de quelques minutes, étonné de ne pas
entendre la sentence, il regarde autour de lui, sourit et com-
prend ; puis, s’approchant de la table où est resté ouvert le Code
militaire, bravement, il lit à haute voix :
Article 223. — Tout militaire qui se sera rendu coupable
d’abandon de poste devant l’ennemi est passible de la peine de
mort.
Albert Metzvil.
Dessin de M. Sauvayrk.
— Comme la vie & augmenté depuis la guerre!
Je paye vingt-cinq sous ma crème fouettée.
Dessin de Relier.
CONFORT MODERNE
l’espion, inscrivant. — « Paris est affolé : on creuse des tranchées
jusque sur les boulevards. » Dessin ü’Akiibngol.
LA BOMBE
La scène se passe à une grande distance du front, dans la
grande salle d’un de nos châteaux de l’Aisne, occupés, hélas !
encore par les AJemands. Le Conseil de guerre s’est réuni pour
juger un pauvre Saxon qui n’a pas eu — il le reconnaît — une
conduite digne d’éloges devant les «Welches». C’était la pre-
mière fois qu’il allait au feu. Dès les premières rafales de notre
« 75 », au lieu de prendre son courage et son fusil à deux mains,
il s’est trompé de direction et a pris ses jambes à son cou.
Quelques officiers du « landsturm », sanglés dans de beaux
uniformes tout neufs, l’accablent de reproches.
l’oberlieutenant. — Comment I vous n’avez pas eu honte
d’abandonner vos chefs, vos camarades?
(L'accusé baisse la tête.)
l’oberlieutenant. — Vous ne vous êtes pas dit un seul instant
que, si chacun remplissait aussi piètrement son devoir, jamais
les Allemands n’iraient à Paris? Vous n’avez pas songé que, si
votre femme, votre mère, vos amis vous apercevaient, ils vous
renieraient et se refuseraient à trinquer avec vous? (Grandi-
loquent..) Eh ! bien, dans le Code militaire, ce crime porte un
nom : la désertion et comporte un châtiment : la mort.
Greffier, veuillez lire à l’accusé l’article 223.
Mais, au même moment, une détonation épouvantable retentit,
ébranlant sur ses bases le château tout entier, faisant voler en
— Allume le feu au milieu de l’appartement; comme ça, on pourra
dire qu’on a le chauffage central. Dessin de Leka.
éclats toutes les vitres. De gros plâtras, des poutres dégringolent
du plafond avec un bruit assourdissant. C’est une bombe qu’un
avion français vient de jeter.
En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le tribunal a
levé le siège. Les officiers, les greffiers, le commis-greffier ont
disparu comme par enchantement, afin probablement d’aller se
rendre compte des dégâts!
Seul, l’accusé n’a pas bougé.
Cependant, au bout de quelques minutes, étonné de ne pas
entendre la sentence, il regarde autour de lui, sourit et com-
prend ; puis, s’approchant de la table où est resté ouvert le Code
militaire, bravement, il lit à haute voix :
Article 223. — Tout militaire qui se sera rendu coupable
d’abandon de poste devant l’ennemi est passible de la peine de
mort.
Albert Metzvil.
Dessin de M. Sauvayrk.
— Comme la vie & augmenté depuis la guerre!
Je paye vingt-cinq sous ma crème fouettée.
Dessin de Relier.