AUX BOCHES QUI VEULENT i CAUSER *
— Vos gueules! Voilà nos plumes à signer la paix.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Une poignée de nouvelles :
*** Il serait fortement question d’élever à Berlin — plus
tard — une statue à notre Parmentier, dont le tubercule comes-
tible aura, du moins on l’espère en Outre-Rhin, sauvé l’Alle-
magne de la famine.
Le vulgarisateur de la pomme de terre serait naturalichement
représenté en robe de chambre. Le socle du bienfaiteur malgré
lui serait constitué — et c’est une idée artistique bien boche —
par un énorme monceau d’épluchures.
*** L’agence Wolff aurait envoyé à ses abonnés austro-alle-
mands une circulaire secrète pour les inviter à prendre exacte-
ment la contre-partie de ses informations, le sens en clair de
celles-ci étant îéservé aux alliés et aux neutres.
Malheureusement pour l’agence Wolff, il y a longtemps que
les alliés et les neutres, sans avoir eu besoin de secrétes circu-
laires, interprètent à l’envers — et à l’Enver-Pacha, quand il
s’agit de la Turquie — les nouvelles de l’officieuse usine à men-
songes.
Ladite usine se sentant brûlée, comme un simple village belge,
jusque dans les lointaines solitudes asiatiques et africaines,
serait sur le point de troquer son nom déshonorablement connu
contre celui de Bureau Véritas, histoire de rire un brin.
*** On sait maintenant pourquoi l’empereur Guillaume se
promène surtout en automobile.
Ordre a été donné en Allemagne, on s’en souvient, d’inviter
l’herbe à pousser partout, même entre les pavés des rues, pour
parer, dans la mesure du possible, au manque imminent de four-
rage ; or l’empereur a lu quelque part que l’herbe ne poussait
plus, jadis, là où le cheval d’Attila avait passé. Il a pensé que
par analogie la terre devrait se dessécher sous les sabots de sa
monture, et qu’il ferait ainsi un grand tort aux réserves fourra-
gères de son pays.
L’empereur n’est donc monté sur un cheval qu’au moment
d’entrer triomphalement à Varsovie et à Calais. Et ce n’a pas
été long! Grimpé d’un côté, il n’a eu, paraît-il, que le temps de
redescendre de l’autre côté, pour changer en hâte son cheval à
quatre pattes contre « cent vingt chevaux » à quatre pneus.
*** On prétend qu’un célèbre savant allemand, économiste à
la fois distingué et très kommun, aurait fait irruption derniè-
ment dans une importante Kommission de défense nationale
siégeant à Berlin, en proie à la plus apoplectique émotion... On
n’eut que le temps de l’asseoir et de desserrer le nœud de sa
kravate pour éviter une kongestion :
— Eurêka ! eurêka ! vociférait-il dans une sorte de délire
patriotik... Ich habe gefunden !... Ché troufé ! Ché fais afoir la
Groix de Ver pour le saufetage de la batrie !
— Fite! fite! Herr Glucklichkeitwenwaldermann, exbliguez-
fous !
Et M. Glucklichkeitwenwaldermann expliqua qu’ayant par-
couru par hasard un livre de botanique, il avait dékouvert le
moyen de sauver l’Allemagne de la famine ! Il avait dékouvert
qu’un certain arbre, très répandu dans les régions monta-
gneuses, produisait à profusion un petit kône qui portait le nom
succulent de pomme de pain ! !1
Inutile d'insister sur la kolossale déception qui, à cette révéla-
tion, éklata, telle une vulgaire marmite, sur la Kommission kons-
ternée ! On faillit resserrer jusqu’à l’étranglement komplet la
kravate de Herr Glucklichkeit... (voir la suite plus haut), auquel
on eut toutes les peines du monde à faire comprendre que ce
pain s’orthographiait pin ; que cette pomme ne pouvait guère
servir qu’à alimenter le feu , qu elle était le fruit de 1 arbre à
pitchpin, matière ligneuse qu’il ne faut pas non plus supposer
comestible parce que son nom ressemble à miche-de-pain !
— Vos gueules! Voilà nos plumes à signer la paix.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Une poignée de nouvelles :
*** Il serait fortement question d’élever à Berlin — plus
tard — une statue à notre Parmentier, dont le tubercule comes-
tible aura, du moins on l’espère en Outre-Rhin, sauvé l’Alle-
magne de la famine.
Le vulgarisateur de la pomme de terre serait naturalichement
représenté en robe de chambre. Le socle du bienfaiteur malgré
lui serait constitué — et c’est une idée artistique bien boche —
par un énorme monceau d’épluchures.
*** L’agence Wolff aurait envoyé à ses abonnés austro-alle-
mands une circulaire secrète pour les inviter à prendre exacte-
ment la contre-partie de ses informations, le sens en clair de
celles-ci étant îéservé aux alliés et aux neutres.
Malheureusement pour l’agence Wolff, il y a longtemps que
les alliés et les neutres, sans avoir eu besoin de secrétes circu-
laires, interprètent à l’envers — et à l’Enver-Pacha, quand il
s’agit de la Turquie — les nouvelles de l’officieuse usine à men-
songes.
Ladite usine se sentant brûlée, comme un simple village belge,
jusque dans les lointaines solitudes asiatiques et africaines,
serait sur le point de troquer son nom déshonorablement connu
contre celui de Bureau Véritas, histoire de rire un brin.
*** On sait maintenant pourquoi l’empereur Guillaume se
promène surtout en automobile.
Ordre a été donné en Allemagne, on s’en souvient, d’inviter
l’herbe à pousser partout, même entre les pavés des rues, pour
parer, dans la mesure du possible, au manque imminent de four-
rage ; or l’empereur a lu quelque part que l’herbe ne poussait
plus, jadis, là où le cheval d’Attila avait passé. Il a pensé que
par analogie la terre devrait se dessécher sous les sabots de sa
monture, et qu’il ferait ainsi un grand tort aux réserves fourra-
gères de son pays.
L’empereur n’est donc monté sur un cheval qu’au moment
d’entrer triomphalement à Varsovie et à Calais. Et ce n’a pas
été long! Grimpé d’un côté, il n’a eu, paraît-il, que le temps de
redescendre de l’autre côté, pour changer en hâte son cheval à
quatre pattes contre « cent vingt chevaux » à quatre pneus.
*** On prétend qu’un célèbre savant allemand, économiste à
la fois distingué et très kommun, aurait fait irruption derniè-
ment dans une importante Kommission de défense nationale
siégeant à Berlin, en proie à la plus apoplectique émotion... On
n’eut que le temps de l’asseoir et de desserrer le nœud de sa
kravate pour éviter une kongestion :
— Eurêka ! eurêka ! vociférait-il dans une sorte de délire
patriotik... Ich habe gefunden !... Ché troufé ! Ché fais afoir la
Groix de Ver pour le saufetage de la batrie !
— Fite! fite! Herr Glucklichkeitwenwaldermann, exbliguez-
fous !
Et M. Glucklichkeitwenwaldermann expliqua qu’ayant par-
couru par hasard un livre de botanique, il avait dékouvert le
moyen de sauver l’Allemagne de la famine ! Il avait dékouvert
qu’un certain arbre, très répandu dans les régions monta-
gneuses, produisait à profusion un petit kône qui portait le nom
succulent de pomme de pain ! !1
Inutile d'insister sur la kolossale déception qui, à cette révéla-
tion, éklata, telle une vulgaire marmite, sur la Kommission kons-
ternée ! On faillit resserrer jusqu’à l’étranglement komplet la
kravate de Herr Glucklichkeit... (voir la suite plus haut), auquel
on eut toutes les peines du monde à faire comprendre que ce
pain s’orthographiait pin ; que cette pomme ne pouvait guère
servir qu’à alimenter le feu , qu elle était le fruit de 1 arbre à
pitchpin, matière ligneuse qu’il ne faut pas non plus supposer
comestible parce que son nom ressemble à miche-de-pain !