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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire: Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1917 (Nr. 112-163)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25446#0011
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LA PAIX ALLEMANDE

On avait déroulé des perspectives devant Michel, pour ses étrennes ; mais ça a craqué.

LE RIRE DE LA SEMAINE

Dire qu’il y a de braves gens qui croient qu’en Allemagne, la
mobilisation civile est une nouveauté!

Comme si tous les Boches, petits et grands, mâles, femelles et
autres, n’avaient pas été mobilisés le 1er août 1914, — et peut-
être même avant!

— Raison de plus, déclarent nos surexcités, poiir en faire
autant en France... Allons, les civils, mettez-vous sur deux rangs
et comptez-vous par quatre!

Des renseignements nous arrivent sur les idées du général
Grœner, commandant en chef des pékins boches. C’est ainsi que
quelques milliers de ceux-ci sont arrachés aux douceurs relatives
de leur pacifique existence pour servir d’ordonnances à MM. les
hautement bien nés officiers du kaiser.

Ordonnances! C’est-à-dire cireurs de bottes... Il est vrai qu’en
Allemagne, c’est un honneur de cirer les bottes d’un important
personnage ; à l’étranger ce n’est qu’un métier.

M. Gustave Hervé est partisan de la mobilisation des civils et
s’il n’en dépendait que de lui, la chose serait bientôt faite.

Oui, mais le citoyen Gustave serait peut-être obligé de donner
l’exemple, non pas la plume, mais la brosse à la main.

Le voyez-vous transformé en ordonnance?

Lui qui, jadis... lui, cirer les bottes d’un officier!

Ah! quel attendrissant, quel édifiant spectacle!... Ce jour-là,
mais pas avant, je dirai que le passé est définitivement oublié.
Car il ne suffit pas, en ces temps sévères, de donner des
consignes et de montrer la tâche à remplir : il faut payer de sa
personne et mettre la main à la pâte, — la pâte à reluire !

Seulement, voilà, les partisans de la mobilisation civile ne
veulent pas être mobilisés comme ordonnances.

— C’est notre pensée, déclarent-ils, notre intelligence, notre
génie que nous mettons à la disposition de la patrie!

Et ils réclament, pour eux, la « mobilisation des cerveaux ».
La voilà bien, la conception démocratique, égalitaire! Toi, mon
vieux, cire, les bottes; pendant ce temps-là, je penserai... Et
c’est ainsi qu’on fait les bonnes maisons!

Mais, je me demande si, précisément, ces » mobilisés de la
pensée » ont jamais pensé quoi que ce soit en dehors de leurs

capricieuses et contradictoires calembredaines et si, manquant
incontestablement de cervelle, ils sont bien désignés pour entrer
dans l’armée civile avec le grade de cerveau de première classe.

„. * * 11 était probablement de première classe, le wagon du

métro où le citoyen député Veberareçu, d’un capitaine inconnu,
une paire de claques également de première. Voilà qui va
l’encourager à crier plus que jamais :

— A bas la calotte !

Mais aussi, on n’a pas idée de déclarer en public, dans
l’atmosphère surchauffée du métro, qu’on est député.

Le métro est un endroit dangereux pour les embusqués, les
civils jeunes et robustes, les femmes trop empanachées, les
étrangers qui parlent une langue à sonorités germaniques, les
pessimistes exagérés, les optimistes débordants, etc... Le métro,
c’est le forum roulant de notre république athénienne : pour s’y
aventurer sans risquer les huées, il faut être à l’abri de toute
critique, de tout soupçon, de tout sarcasme. Un député peut-
il légitimement croire que c’est son cas? Le citoyen Veber a eu
cette illusion... Hélas! Démocratie, l’ingratitude est le pre-
mier de tes défauts !

Il est vrai qu’un député est bien naïf quand il emploie ce vul-
gaire moyen de locomotion qui s’appelle le métro.

Voyons, est-ce donc si difficile de devenir sous-secrétaire
d’Etat? Si le citoyen Veber était titulaire du moindre sous-
portefeuille dans un ministère plus ou moins resserré, il se
déplacerait dans une magnifique auto et se moquerait bien des
capitaines qui vont à pied.

Le rêve, en ce siècle détestable, est d’être sous-secrétaire
d’Etat... Par exemple, aux Beaux-Arts. Le filon, le vrai filon, le
voilà bien !

Tandis que les autres ministres ou sous-ministres se préoccu-
pent de choses angoissantes, embarrassantes ou simplement
ennuyeuses comme la question grecque, les sous-marins ou
l’impôt sur le revenu, le sous-secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts
passe en revue le corps de ballet de l’Opéra, reçoit les candidates
au sociétariat de la Comédie-Française, ou êxamine différents
types de décolletés pour spectatrices de théâtres subventionnés.

Est-il question du communiqué? Le sous-secrétaire d’Etat aux
Beaux-Arts répond :

— 11 est excellent... : 8.000 hier soir à l’Opéra-Comique!
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