LE BIDON
mes doigts !
Dessin de L. de Lanoé.
Heureusement, il y a le bidon. Il console de tous les déboires.
Son ventre renflé est plein de promesses. Il se termine par un
large goulot. Pour qu’il .ne bave pas, on lui met-un bouchon.
Il aime surtout le pinard.
Si on le force à boire de l’eau, il la garde indéfiniment et se
refuse à la digérer. Avec de l’eau, il est toujours plein. Au con-
traire, quand on lui entonne du vin il se vide aussitôt. Alors,
suivant le principe des vases communicants, c’est le soldat qui
est plein.
Le bidon glougloute sur la hanche, et mollement rythme la
marche.
11 est le critérium du bonheur, le symbole de toute joie.
D’une chose propre à réjouir l’âme, on dit qu’elle est bidonnante.
Alfred Fourtier.
LES RÉCUPÉRÉS DU Dr PRÈTROUPÈRE
Je me rappelle que nous étions au quatrième jour du treizième
mois de cette guerre. Et je puis donc dire déjà que je parle de
longtemps. Ce matin-là, mon milliardaire ami, le Dr Prètroupère
entra dans mon cabinet, me prit les mains, me les serra jusqu’à
les broyer, et, pendant qu’il me martyrisait de la sorte, il ne
cessait de répéter :
— Ah ! mon cher! ah! mon cher!
L’éclat de son regard me surprit. J’eus l’impression que quelque
chose d’heureux venait de lui arriver.
— Vous paraissez content, lui dis-je.
CRISE
— Paraît qu’il a le charbon !
— Ben, il en a d'là chaace : personne »e peut ea avoir!
Dessin de Pierre Falké,
mes doigts !
Dessin de L. de Lanoé.
Heureusement, il y a le bidon. Il console de tous les déboires.
Son ventre renflé est plein de promesses. Il se termine par un
large goulot. Pour qu’il .ne bave pas, on lui met-un bouchon.
Il aime surtout le pinard.
Si on le force à boire de l’eau, il la garde indéfiniment et se
refuse à la digérer. Avec de l’eau, il est toujours plein. Au con-
traire, quand on lui entonne du vin il se vide aussitôt. Alors,
suivant le principe des vases communicants, c’est le soldat qui
est plein.
Le bidon glougloute sur la hanche, et mollement rythme la
marche.
11 est le critérium du bonheur, le symbole de toute joie.
D’une chose propre à réjouir l’âme, on dit qu’elle est bidonnante.
Alfred Fourtier.
LES RÉCUPÉRÉS DU Dr PRÈTROUPÈRE
Je me rappelle que nous étions au quatrième jour du treizième
mois de cette guerre. Et je puis donc dire déjà que je parle de
longtemps. Ce matin-là, mon milliardaire ami, le Dr Prètroupère
entra dans mon cabinet, me prit les mains, me les serra jusqu’à
les broyer, et, pendant qu’il me martyrisait de la sorte, il ne
cessait de répéter :
— Ah ! mon cher! ah! mon cher!
L’éclat de son regard me surprit. J’eus l’impression que quelque
chose d’heureux venait de lui arriver.
— Vous paraissez content, lui dis-je.
CRISE
— Paraît qu’il a le charbon !
— Ben, il en a d'là chaace : personne »e peut ea avoir!
Dessin de Pierre Falké,