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https://doi.org/10.11588/diglit.25446#0029
LA. KKRHKTTWt*
wb -rmà
— Alors, vous allez tourner des obus ?
— Nous allons d’abord tâcher de tourner la loi.
Dessin de Becah.
— Et comment ne le serais-je pas! cria-t-il. Songez, mon
cher, mais songez donc! Enfin je suis pessimiste ! ! !
Il s’était jeté dans un fauteuil, et c’est un fait qu’il paraissait
tout dilaté de satisfaction.
— Vous devez me croire fou, reprit-il, voyant que je restais
comme pétrifié. En vérité, je l’ai été, ajouta-t-il; mais c’est
quand j'étais optimiste !
— Vous sembliez assez triste, en ce temps-là!
— Mais je l’étais tout de bon! Croyant que tout allait pour le
mieux, que le succès des alliés était proche et la paix à portée
du doigt, je sentais déplorablement mon inutilité... Aujourd’hui,
grâce au ciel, tout change! Les écailles me sont tombées des
yeux, et je sais, je suis sûr, à présent, que cette guerre ne
finira jamais !
Il s’était levé, là-dessus; et, positivement, il rayonnait. La
stupeur me rendait muet derechef. Prètroupêre me dit alors :
— Ne comprenez-vous pas que, maintenant, je me sens néces-
saire?... Allons, ne faites pas cette tête-là, mon vieux!
Et, repassant mon seuil, il jeta :
— Patientez seulement quinze ou seize ans, et vous aurez de
mes nouvelles !.
— A la troisième sommation, je mets le motif... : « Refus d’obéissanc?
en temps de guerre. .., mort! » Dessin de Le Rallic.
Je n’aurai pas eu à patienter si longtemps. La semaine der-
nière, j’ai reçu une lettre du docteur par laquelle il m’invitait à
le venir voir en pays landais. (11 a par là des domaines considé-
rables.) Je reviens sidéré de ce qu’il m’y a montré.
Tout d’abord il me dit :
— J’avoue que les lauriers des Carrel, des Vincent et des
Barthe de Sandfort m’empêchaient de dormir. J’ai beau être de
l’Institut, je ne suis pas plus nul qu’un autre en médecine; et
j'aurais, croyez-le bien, inventé la greffe humaine, le torpillage,
ou l’ambrine tout aussi bien que quiconque... J’avais, d’ailleurs,
un projet colossal,
mais auquel je ne
pouvais m’atteler si
je n’avais la préa-
lable certitude que la
Ça, le casque du kronprinz ? Mais il n’a jamais été rnis, il est tout neuf.
Parbleu ! Il devait le mettre les jours de victoire !
Dessin de Hervé Raille,
— Ne mentez pas!... Pourquoi suiviez-vous le
monsieur qui vient de passer?...
—• Parce qu’il fumait une cigarette roulée dans
du Zig-Zag.... : je tenais absolument au mégot.
Dessin de Mamfredini.
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— Alors, vous allez tourner des obus ?
— Nous allons d’abord tâcher de tourner la loi.
Dessin de Becah.
— Et comment ne le serais-je pas! cria-t-il. Songez, mon
cher, mais songez donc! Enfin je suis pessimiste ! ! !
Il s’était jeté dans un fauteuil, et c’est un fait qu’il paraissait
tout dilaté de satisfaction.
— Vous devez me croire fou, reprit-il, voyant que je restais
comme pétrifié. En vérité, je l’ai été, ajouta-t-il; mais c’est
quand j'étais optimiste !
— Vous sembliez assez triste, en ce temps-là!
— Mais je l’étais tout de bon! Croyant que tout allait pour le
mieux, que le succès des alliés était proche et la paix à portée
du doigt, je sentais déplorablement mon inutilité... Aujourd’hui,
grâce au ciel, tout change! Les écailles me sont tombées des
yeux, et je sais, je suis sûr, à présent, que cette guerre ne
finira jamais !
Il s’était levé, là-dessus; et, positivement, il rayonnait. La
stupeur me rendait muet derechef. Prètroupêre me dit alors :
— Ne comprenez-vous pas que, maintenant, je me sens néces-
saire?... Allons, ne faites pas cette tête-là, mon vieux!
Et, repassant mon seuil, il jeta :
— Patientez seulement quinze ou seize ans, et vous aurez de
mes nouvelles !.
— A la troisième sommation, je mets le motif... : « Refus d’obéissanc?
en temps de guerre. .., mort! » Dessin de Le Rallic.
Je n’aurai pas eu à patienter si longtemps. La semaine der-
nière, j’ai reçu une lettre du docteur par laquelle il m’invitait à
le venir voir en pays landais. (11 a par là des domaines considé-
rables.) Je reviens sidéré de ce qu’il m’y a montré.
Tout d’abord il me dit :
— J’avoue que les lauriers des Carrel, des Vincent et des
Barthe de Sandfort m’empêchaient de dormir. J’ai beau être de
l’Institut, je ne suis pas plus nul qu’un autre en médecine; et
j'aurais, croyez-le bien, inventé la greffe humaine, le torpillage,
ou l’ambrine tout aussi bien que quiconque... J’avais, d’ailleurs,
un projet colossal,
mais auquel je ne
pouvais m’atteler si
je n’avais la préa-
lable certitude que la
Ça, le casque du kronprinz ? Mais il n’a jamais été rnis, il est tout neuf.
Parbleu ! Il devait le mettre les jours de victoire !
Dessin de Hervé Raille,
— Ne mentez pas!... Pourquoi suiviez-vous le
monsieur qui vient de passer?...
—• Parce qu’il fumait une cigarette roulée dans
du Zig-Zag.... : je tenais absolument au mégot.
Dessin de Mamfredini.