— Je n’ai voulu ça!
C’est l’histoire — toutes proportions gardées— des femme» qui,
après la faute, tout en remettant leur corset, disent à leur séduc-
teur ;
—- Je n’étais pas venue ici pour tromper mon mari!
Non ; seulement, en entrant, elles avaient demandé de l’eau
chaude et exigé la fermeture des volets. Chiqué, mes petites! Ces
façons-là ne prennent qu’avec les naïfs...
Des naïfs, il y en a, et beaucoup. Des mécontents, guère
moins... Ces gens se plaignent de tout: le manque d’éclairs au
chocolat, la perte de la Roumanie, le dernier article de Clemen-
ceau, la longueur des cheveux de Briand et l’augmentation des
places au cinéma, tout cela les indispose et leur inspire mille
propos pessimistes.
Bien sûr que tout ne va pas comme sur des roulettes! Bien
sûr qu’avec des «si » et des « si », nous serions depuis longtemps
â Berlin... Mais à quoi bon récriminer? 11 est toujours facile de
critiquer, devant un vermouth, ce que font les autres devant les
Boches, les Bulgares et les Turcs.
— Nous avions raison! disent ces juges sévères...
Et après?
Je suis de l’avis de je ne sais plus quel rimeur qui disait :
Le vrai peut quelquefois n’être pas de saison,
Et c’est un très grand tort que d’avoir trop raison.
Et puis, ont-ils tant raison que cela?
* * * Cherchons plutôt quelque prétexte à sourire au milieu de
toutes ces tristesses.
Les tribunaux viennent d’avoir à s’occuper d’une ex-danseuse
de l’Apollo, poursuivie pour avoir tenu des « propos pessi-
mistes »... Or, cette ballerine, d’origine allemande, était lafemme
d’un agent de la Sûreté chargé, précisément, de la surveillance
des suspects.
Voilà, n’est-ce pas, qui est, non seulement bien parisien, mais
encore bien français.
Mais le plus drôle — si toutefois l’histoire vous paraît drôle —
c’est que ladite ballerine était, entre deux entrechats, employée
à la Maison de la Presse succursale du Ministère des Affaires
étrangères. Cette danseuse traduisait, dans les bureaux du Gou-
vernement, les discours de Bethmann-Hollweg et les dépêches
de l’Agence Wolff.
CINQUANTE-HUIT ANS OU LA VIE d’üN TUEUR
Le texte des félicitations que Sa Majesté a ordonné aux provinces de
Prusse de lui a<ir«s««r p>o>ar Ron anniversaire
MYSTÉRIEUX PAPOTAGES
ou les « petits Carbonari ».
— ... coke .., — anthracite_ — briquettes ...
— ... boulets ... —flambant ... —tout venant ...
Dessins de L. Métivet.
Il fallait un traducteur sérieux : « Ce fut une danseuse qui
l’obtint ! »
Voilà comment nous avons toujours fait nos affaires. Sauteurs
et danseuses... Et parfois les sauteurs aussi étaient allemands !
* * * Ceci dit, je trouve que souvent Thémis « va un peu fort »
lorsqu’elle poursuit certains bourgeois pour « propagation de
fausses nouvelles », certaines bonnes dames pour avoir tenu des
« propos pessimistes ».
A ce compte, pas mal de gros bonnets de la politique et de la
presse devraient coucher sur la paille humide!
Dans ces sortes de procès, les concierges, les voisins, les four-
nisseurs évincés, les amis ou amies lâchés ont beau jeu pour
apporter des témoignages à charge.
— Mon président, déclaré la pipelette, cette créature est pour
les Boches; la preuve c’est qu’elle a un piano mécanique qui
joue la Veuve joyeuse!
Une autre accusatrice déclare .
— Elle a un amant qui parle « étranger »!
Une troisième insinue d’une voix douce :
— Elle a un loulou de Poméranie qu’elle appelle Bismarck I
Ah! la calomnie... Heureusement, M. Jean Finot, nouvel
Hercule, a juré de détruire l’hydre qui, coiffée du chapeau de
Basile et armée de la plume de Vernouillet, s’en va minant toutes
les réputations et tou'es les honorabilités. M. Finot a dit : « J’aurai
sa peau;» et il a fondé une Ligue... La L'gue contre la calomnie
compte déjà parmi ses membres des prélats, des hommes politi-
ques, des romanciers, des peintres, des magistrats... Parfait! Mais
pourquoi pas de femmes? Je verrais très bien parmi ces messieurs
celles dont on dit ceci, à laquelle on reproche cela : à la tète de
la « section féminine », il y aurait la lemme de César, — elle
aussi soupçonnée !
La Ligue devra agir, poursuivre la calomnie non seulement
dans les salles de rédaction, les salles de pas perdus, les anti-
chambres et les office-;, mais encore da«s les salons...
Apparais, ô Finot vengeur, à l’heure des papotages et débi-
nages... La calomnie aime l’arome du thé tout autant que 1 odeur
de l’encre ou les relents de la cuisine politique. Et la plus ter-
rible des calomnies, celle qui fait le plus vite son chemin dans le
monde, est la calomnie souriante, légère, amusante...
C’est une erreur d’avoir incarné la calomnie dans ce triste et
vilain Basile... ; je la verrais plutôt représentée par une jolie
femme racontant, derrière un éventail, la « dernière » sur sa
meilleure amie! Pick-mk-up.
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C’est l’histoire — toutes proportions gardées— des femme» qui,
après la faute, tout en remettant leur corset, disent à leur séduc-
teur ;
—- Je n’étais pas venue ici pour tromper mon mari!
Non ; seulement, en entrant, elles avaient demandé de l’eau
chaude et exigé la fermeture des volets. Chiqué, mes petites! Ces
façons-là ne prennent qu’avec les naïfs...
Des naïfs, il y en a, et beaucoup. Des mécontents, guère
moins... Ces gens se plaignent de tout: le manque d’éclairs au
chocolat, la perte de la Roumanie, le dernier article de Clemen-
ceau, la longueur des cheveux de Briand et l’augmentation des
places au cinéma, tout cela les indispose et leur inspire mille
propos pessimistes.
Bien sûr que tout ne va pas comme sur des roulettes! Bien
sûr qu’avec des «si » et des « si », nous serions depuis longtemps
â Berlin... Mais à quoi bon récriminer? 11 est toujours facile de
critiquer, devant un vermouth, ce que font les autres devant les
Boches, les Bulgares et les Turcs.
— Nous avions raison! disent ces juges sévères...
Et après?
Je suis de l’avis de je ne sais plus quel rimeur qui disait :
Le vrai peut quelquefois n’être pas de saison,
Et c’est un très grand tort que d’avoir trop raison.
Et puis, ont-ils tant raison que cela?
* * * Cherchons plutôt quelque prétexte à sourire au milieu de
toutes ces tristesses.
Les tribunaux viennent d’avoir à s’occuper d’une ex-danseuse
de l’Apollo, poursuivie pour avoir tenu des « propos pessi-
mistes »... Or, cette ballerine, d’origine allemande, était lafemme
d’un agent de la Sûreté chargé, précisément, de la surveillance
des suspects.
Voilà, n’est-ce pas, qui est, non seulement bien parisien, mais
encore bien français.
Mais le plus drôle — si toutefois l’histoire vous paraît drôle —
c’est que ladite ballerine était, entre deux entrechats, employée
à la Maison de la Presse succursale du Ministère des Affaires
étrangères. Cette danseuse traduisait, dans les bureaux du Gou-
vernement, les discours de Bethmann-Hollweg et les dépêches
de l’Agence Wolff.
CINQUANTE-HUIT ANS OU LA VIE d’üN TUEUR
Le texte des félicitations que Sa Majesté a ordonné aux provinces de
Prusse de lui a<ir«s««r p>o>ar Ron anniversaire
MYSTÉRIEUX PAPOTAGES
ou les « petits Carbonari ».
— ... coke .., — anthracite_ — briquettes ...
— ... boulets ... —flambant ... —tout venant ...
Dessins de L. Métivet.
Il fallait un traducteur sérieux : « Ce fut une danseuse qui
l’obtint ! »
Voilà comment nous avons toujours fait nos affaires. Sauteurs
et danseuses... Et parfois les sauteurs aussi étaient allemands !
* * * Ceci dit, je trouve que souvent Thémis « va un peu fort »
lorsqu’elle poursuit certains bourgeois pour « propagation de
fausses nouvelles », certaines bonnes dames pour avoir tenu des
« propos pessimistes ».
A ce compte, pas mal de gros bonnets de la politique et de la
presse devraient coucher sur la paille humide!
Dans ces sortes de procès, les concierges, les voisins, les four-
nisseurs évincés, les amis ou amies lâchés ont beau jeu pour
apporter des témoignages à charge.
— Mon président, déclaré la pipelette, cette créature est pour
les Boches; la preuve c’est qu’elle a un piano mécanique qui
joue la Veuve joyeuse!
Une autre accusatrice déclare .
— Elle a un amant qui parle « étranger »!
Une troisième insinue d’une voix douce :
— Elle a un loulou de Poméranie qu’elle appelle Bismarck I
Ah! la calomnie... Heureusement, M. Jean Finot, nouvel
Hercule, a juré de détruire l’hydre qui, coiffée du chapeau de
Basile et armée de la plume de Vernouillet, s’en va minant toutes
les réputations et tou'es les honorabilités. M. Finot a dit : « J’aurai
sa peau;» et il a fondé une Ligue... La L'gue contre la calomnie
compte déjà parmi ses membres des prélats, des hommes politi-
ques, des romanciers, des peintres, des magistrats... Parfait! Mais
pourquoi pas de femmes? Je verrais très bien parmi ces messieurs
celles dont on dit ceci, à laquelle on reproche cela : à la tète de
la « section féminine », il y aurait la lemme de César, — elle
aussi soupçonnée !
La Ligue devra agir, poursuivre la calomnie non seulement
dans les salles de rédaction, les salles de pas perdus, les anti-
chambres et les office-;, mais encore da«s les salons...
Apparais, ô Finot vengeur, à l’heure des papotages et débi-
nages... La calomnie aime l’arome du thé tout autant que 1 odeur
de l’encre ou les relents de la cuisine politique. Et la plus ter-
rible des calomnies, celle qui fait le plus vite son chemin dans le
monde, est la calomnie souriante, légère, amusante...
C’est une erreur d’avoir incarné la calomnie dans ce triste et
vilain Basile... ; je la verrais plutôt représentée par une jolie
femme racontant, derrière un éventail, la « dernière » sur sa
meilleure amie! Pick-mk-up.
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