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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire: Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1917 (Nr. 112-163)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25446#0095
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V

OUTRANCE... ET TRANSES

Le peuple allemand tout entier est debout derrière
• son Empereur. (Journaux boches.)

l’outrancier. — L’Entente tremble...
les transis. — Pas tant que nous.

LE RIRE DE LA SEMAINE

Je m’étonne — une fois de plus — qu’aucun député de Paris
n’ait encore déposé sur le bureau de la Chambre cette

PROPOSITION DE LOI

« Il ne suffit pas de décorer les soldats qui se distinguent au
feu ou à l’arrière, les infirmières qui pansent nos blessés ou les
consolent par des fùrts patriotiques, les poilus de tous sexes, de
tous grades, de toutes conditions qui concourent avec un zèle
exceptionnel à l’œuvre de là défense nationale.

« Pensons aux Parisiens, et surtout aux Parisiennes, que le
Gouvernement, par des mesures rigoureuses — remèdes tardifs
à de coupables imprévoyances — prive de ce superflu qui est
peut-être plus indispensable que le nécessaire (sic).

<i Nous demandons la création d’un insigne qui sera décerné
à ces victimes de la guerre actuellement privées de cinéma, de
théâtre, d’éclairs au chocolat, etc... Cet insigne ira aussi aux
héros de la guerre des deux plats et à tous ceux et toutes celles
qui ne sont pas allés au feu, faute de charbon. »

Après cet exposé des motifs, auquel on pourra ajouter quel-
ques phrases grandiloquentes (c’est toujours facile,), viendra ce
texte législatif :

« Article premier. — Il est créé une « Croix des Martyrs »
dont le modèle sera choisi après un concours.

« Art. 2. — Cette décoration sera décernée à quiconque se
sera distingué par son courage en s’abstenant volontairement de
consommer du Rigadin, du Bout-de-Zan, du Chariot, de la
charlotte à la crème, d’un troisième plat, de tragédies, de
comédies, d’opérettes et même de revues à petites femmes.

« Art. 3. — La « Croix des Martyrs » sera décernée par
M. le ministre de l’Intérieur. »

Après tout, pourquoi pas?

Ne faut-il pas qu’au jour de la signature de la paix, tout le
monde soit décoré?

Il ne serait pas juste de voir un poilu, mobilisé à Montauban
et bien nourri par l’ordinaire, arborer sur sa vaillante poitrine

une médaille commémorative de la campagne, alors que le
pauvre civil, privé de tout, et parfois marmité, n’aurait rien, lui,
à se mettre sur le thorax.

Il faut des croix pour les militaires; il en faut aussi pour les
civils... Pas de jaloux! Ne négligeons rien de ce qui peut raffer-
mir l’union sacrée, — surtout par ces temps de dégel 1

* En ce moment, il ne dégèle d’ailleurs pas du tout. Le
fameux général Hiver — je ne sais d’ailleurs s’il s’appelle Hiver,
Hiverowitch ou von Hiver — a fait, cette année, une fameuse
offensive...

Un des résultats les plus surprenants de cette manœuvre a été
la transformation de l’Opéra en succursale d’un dépôt de char-
bon. Le vrai foyer n’étaic plus celui qu’a ornementé Garnier : il
était au rez-de-chaussée... Et M. Dalimier qui reprochait aux
spectatrices de se mettre en toilette de soirée a dû se montrer
satisfait : on ne voyait à l’Opéra que des femmes en fichu, voire
en haillons. N’importe, c’est bien une fatalité que l’Opéra, où les
fours étaient jadis nombreux, ait été transformé en glacière
pour la circonstance!

De la guerre, il restera, entre tant de souvenirs, celui des sacs
de dix kilos de charbon.

La petite baronne des Entournures n’invite plus ses amis à
dîner sans leur dire :

— Apportez votre sac, bien entendu !

En d’autres temps, c’était un sac de pralines; aujourd’hui,
c’est un sac de « tout venant ».

On disait, avant la guerre, d’un favorisé de la fortune :

— Il a un gros sac!...

Ce sac était rempli d’écus... Maintenant, le seul « gros sac »
intéressant est rempli de combustible.

Aussi, les charbonniers ont-ils pris, dans notre société, une
place extraordinaire...

Il vaut mieux, certes, être l'ami d’un bougnat que celui d’un
éminent philosophe ou d’un économiste distingué.

Le rêve est d’être l’ami d’une bougnate... Si j’avais prévu les
rigueurs de cet hiver, j’aurais fait du plat — j’ai droit à deux
plats — à quelque marchande de charbon.
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