LE TOTO
*<e Toto, c’est le Pou... mais non le pou hideux,
Qui dort bourgeoisement, sur les vestons miteux
Des embusqués craintifs qui restent à l’arrière...
Non, c’est le pou vaillant, à l’allure guerrière,
Qui vit dans la tranchée, à côté des poilus,
Qui partage leur vie et leur paille, et, bien plus,
Leur flanelle, parfois, dont il baise la trame !
A ce rude contact il se fait une autre âme,
Et le pou, vil, hideux, le « pou de paletot »,
Sur le. corps du Poilu s’anoblit en » Toto »!
Ce titre de noblesse, il l’a conquis, en somme,
Sur l’Yser, en Champagne, à Verdun, sur la Somme...
Partout où nous souffrons, il redouble d’ardeur.
Le Toto sert, toujours, dans les postes d’honneur !
Messieurs les embusqués, qui redoutez la guerre,
Vous n’avez droit qu’au pou banal, au pou vulgaire !
Le Toto... c’est le Pou du Poilu qui se bat.
Peut-être, rêve-t-il, aux rumeurs du combat,
Qu’il a, dans la mêlée, aussi son rôle épique...
Le Toto... c’est un pou, mais un pou héroïque !
Emile Roudiê.
hors-d’œuvre autorisés
LES VIEUX SERVITEURS... OU LA MAIN QUI ÉTREINT
— Madame ! Je crois que nous aurons du charbon.
Dessin de O’Galop.
aussi, un cercle rouge comme le héros du roman du Journal!
—■ Ciel! gémit Elodie, effrayée. Deviendrais-tu la proie d’une
implacable fatalité ?
— Peut-être ! répliqua M. Durand-Dupont, les sourcils froncés
par l’anxiété.
Il demeura un instant silencieux, absorbé par une songerie
pénible.
— Je crois, finit-il par dire, que je suis victime d’une sorte
d’auto-suggestion. Nul plus que moi ne se passionne pour les
— Pourquoi prends-tu une sardine? Je t’ai assez souvent reproché de
ne pas aimer les huîtres ! Dessin de M. Radiguet.
LA TACHE ROUGE
ROMAN NON CINEMATOGRAPHIQUE, MAIS CRUELLEMENT REALISTE
Ce matin-là, en se lavant les mains commë feu Ponce-Pilate
et comme beaucoup de gens moins notoires, M. Isidore Durand-
Dupont constata, sur sa main droite, la présence d’une tache
rouge, de la grandeur d’une pièce de deux francs.
— Elodie! Elodie! cria-t-il, viens voir!
En bigoudis et en camisole, la corpulente Mme Durand-Dupont
accourut, aussi vite que le lui permettaient ses quarante-cinq
ans, empâtés d’obésité et de varices douloureuses.
— Regarde ! clama Isidore, en lui tendant sa dextre. J’ai, moi
. — Les théâtres fermés quatre jours par semaine! il nous faudra des
années pour avoir une * centième ». Dessin de George-Edward.
*<e Toto, c’est le Pou... mais non le pou hideux,
Qui dort bourgeoisement, sur les vestons miteux
Des embusqués craintifs qui restent à l’arrière...
Non, c’est le pou vaillant, à l’allure guerrière,
Qui vit dans la tranchée, à côté des poilus,
Qui partage leur vie et leur paille, et, bien plus,
Leur flanelle, parfois, dont il baise la trame !
A ce rude contact il se fait une autre âme,
Et le pou, vil, hideux, le « pou de paletot »,
Sur le. corps du Poilu s’anoblit en » Toto »!
Ce titre de noblesse, il l’a conquis, en somme,
Sur l’Yser, en Champagne, à Verdun, sur la Somme...
Partout où nous souffrons, il redouble d’ardeur.
Le Toto sert, toujours, dans les postes d’honneur !
Messieurs les embusqués, qui redoutez la guerre,
Vous n’avez droit qu’au pou banal, au pou vulgaire !
Le Toto... c’est le Pou du Poilu qui se bat.
Peut-être, rêve-t-il, aux rumeurs du combat,
Qu’il a, dans la mêlée, aussi son rôle épique...
Le Toto... c’est un pou, mais un pou héroïque !
Emile Roudiê.
hors-d’œuvre autorisés
LES VIEUX SERVITEURS... OU LA MAIN QUI ÉTREINT
— Madame ! Je crois que nous aurons du charbon.
Dessin de O’Galop.
aussi, un cercle rouge comme le héros du roman du Journal!
—■ Ciel! gémit Elodie, effrayée. Deviendrais-tu la proie d’une
implacable fatalité ?
— Peut-être ! répliqua M. Durand-Dupont, les sourcils froncés
par l’anxiété.
Il demeura un instant silencieux, absorbé par une songerie
pénible.
— Je crois, finit-il par dire, que je suis victime d’une sorte
d’auto-suggestion. Nul plus que moi ne se passionne pour les
— Pourquoi prends-tu une sardine? Je t’ai assez souvent reproché de
ne pas aimer les huîtres ! Dessin de M. Radiguet.
LA TACHE ROUGE
ROMAN NON CINEMATOGRAPHIQUE, MAIS CRUELLEMENT REALISTE
Ce matin-là, en se lavant les mains commë feu Ponce-Pilate
et comme beaucoup de gens moins notoires, M. Isidore Durand-
Dupont constata, sur sa main droite, la présence d’une tache
rouge, de la grandeur d’une pièce de deux francs.
— Elodie! Elodie! cria-t-il, viens voir!
En bigoudis et en camisole, la corpulente Mme Durand-Dupont
accourut, aussi vite que le lui permettaient ses quarante-cinq
ans, empâtés d’obésité et de varices douloureuses.
— Regarde ! clama Isidore, en lui tendant sa dextre. J’ai, moi
. — Les théâtres fermés quatre jours par semaine! il nous faudra des
années pour avoir une * centième ». Dessin de George-Edward.