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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire: Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1917 (Nr. 112-163)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25446#0119
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LA VIE A PARIS

Jardiner et casser du sucre. .., il n’y a pas grand’chose de ctiangé.

LE RIRE DE LA SEMAINE

Octave Mirbeau a cru utile de publier son testament philoso-
phique dans le Petit Parisien.

C’est un journal où il n’écrivait pas de son vivant.

Mort un an plus tard, Mirbeau eût légué ses dernières pen-
sées à l'Écho de Paris; deux ans après, à la Croix.

C’est toujours la même histoire. Un écrivain, un homme poli-
tique se fait un nom dans la littérature ou la politique révolu-
tionnaire — c’est plus facile là qu’ailleurs — puis, quand il est
célèbre, c’est-à-dire quand il a fait sa pelote, il se convertit aux
bonnes vieilles idées et en tire, de son vivant ou après sa mort,
une nouvelle réclame. Presque toujours, c’est de son vivant...

Vous allez me dire :

— En devenant vieux, le diable se fait ermite.

La comparaison est mauvaise... Car l’ermite vit au désert,
dans le silence, et son repentir se prouve par cette recherche de
la pire mortification : le mépris de la renommée, l’oubli.

Nos diables repentis ne se réfugient pas au désert. Loin de là;
ils grimpent, moribonds ou bien conservés, sur les tréteaux et
avec plus d’assurance que jamais, nous disent :

— C’est vrai, j’ai été stupide... C’est une raison pour que vous
m’écoutiez. Je n’ai rien compris pendant quarante ans de ma
vie : je suis donc qualifié pour vous donner des conseils. Je vous
ai raconté mille bêtises grotesques, malfaisantes, odieuses, cri-
minelles : maintenant, je change d’avis et c’est pourquoi vous
devez me considérer comme un pontife infaillible.

La plupart de nos grands hommes de la plume et de la tri-
bune ont pareillement tourné casaque.

Ils étaient grands hommes quand ils disaient noir (ou rouge);
ils sont plus grands hommes que jamais, maintenant qu’ils
disent blanc (ou tricolore).

Vraiment, c’est commode...

Quant à celui qui a toujours défendu le bon sens, il n’est rien,
n’a jamais rien été et ne sera jamais rien.

Aucun journal à grand tirage ne publiera son testament
intellectuel... Sou rôle, à lui, est de payer des impôts et de

mourir pour la patrie après avoir passé, sa vie durant, pour un
imbécile.

Des imbéciles comme ça, il y en a, heureusement, chez nous,
quelques millions.

Grâce à eux, la France a pu jusqu’à présent ne pas trop
souffrir du génie de tous nos Mirbeaux.

Que voulez-vous, il y a des gens qui tournent casaque,
d’autres qui tournent des obus, d’autres encore qui tournent des
films...

Ces derniers tiennent le vrai filon, le filon d’or...

On annonce que Mistinguett vient de signer un engagement
avec un éditeur cinématographique américain : six films, six
cent mille francs. Parions que Mistinguett, plus habile que
Guillaume II, s’arrangera pour éviter toute rupture avec l’Amé-
rique.

N’importe, cent mille francs pour faire des cabrioles devant
un objectif cinématographique, c’est gentiment payé... Quand
je pense que Flaubert vendit 30.000 francs son chef-d’œuvre
Sa/ambo, auquel il consacra dix années de travail et que ce
traité parut mirifique à tout le monde !

Le cinéma est le vrai profiteur de la guerre... Il n’v en a plus
que pour lui !

Chariot, le grand comique de l’écran, gagne 500.000 francs
par an; je me suis laissé dire que Max Linder et Prince encais-
saient des honoraires de même calibre...

Poilus à cinq sous par jour, qu’en dites-vous?

Les acteurs qui continuent à rouler des r gagnent infiniment
moins que ceux qui s’adonnent à la pantomime cinématogra-
phique...

Preuve nouvelle que, si la parole est d’argent, le silence est
d’or.

Quelle stupidité, cependant, triomphe dans la plupart de ces
films ! Quelqu’un disait autrefois : « Ce qui est trop bête pour
être dit, on le chante. » Maintenant, on le filme...

Et plus le scénario est idiot, plus il a de succès. Ainsi une
des plus merveilleuses inventions de la science a permis la
diffusion d’une littérature qui, pour être gesticulée, n’en est pas
moins dénuée de tout bon sens et de tout bon goût.
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