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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire: Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1917 (Nr. 112-163)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25446#0252
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( 'est que le poisson d’eau douce va être, lui aussi, appelé à
suppléer au bœuf défaillant... A nous, ablettes et goujons ! Tout
fait ventre par le temps qui court; et le pêcheur du pont des Arts
célébré'par Jules Jouy, contribue au succès final tout comme
Guynemer, Albert Thomas ou Gustave Hervé.

Vous verrez, il y aura des gaillards qui seront mis en sursis
d’appel pour pêcher de copieuses fritures dans le bassin de la
place Pigalle. Ce ne sont d’ailleurs pas les poissons qui man-
quent dans le quartier... Il y en a même tellement que cela
devient du gaspillage. Voilà des poissons dont la place est au
front, où le singe finit par dégoûter les poilus les plus entraînés.

C’est un fait que, dans certains quartiers de Paris, on ne ren-
contre que des jeunes gens en civils et des demi-vieillards en
militaires. Les recruteurs tendent bien leurs filets, mais les
poissons passent à travers les mailles, décidément trop larges.

Cependant, il me semble qu’un gaillard qui est bon pour
dégringoler un pante, n’est pas moins bon ponr dégringoler un
Boche. Toto de la Blanche devrait respirer à l’aise dans une
vague d’assaut !

* * Pendant que les Américains acclament nos mission-
naires laïques mais éloquents, un millionnaire Yankee est mis
à la chaîne et schlagué par un couple franco-hollandais!

Quel parti eût tiré l’agence Wolff de ce fait divers avant le
« geste » du président Wilson !

Mais on n’a pas idée non plus d’un millionnaire qui se laisse
enchaîner tout comme un simple prolétaire. M. Slater aurait pu
trouver tant et tant de gentilles petites.femmes, toutes disposées
à le traiter le mieux du monde. Eh bien, non, il s’est laissé
entôler par une gaillarde qui, en fait de caresses, lui adminis-
trait des coups de rotin et le tenait en laisse, comme un roquet.

M. Slater n’a même pas l’excuse du Monsieur qui déclare :

— Et s’il me plaît à moi d’être battu !...

Cela ne lui plaisait pas du tout.

D’ordinaire, les riches Américains qui viennent en France pour
s’amuser trouvent des distractions d’un autre ordre... Ce n’est
pas cela qui manque. Au contraire, il n’y a jamais eu tant d’oc-
casions de faire la « nouba ». C’est une épidémie... Les vierges
sages deviennent des vierges folles, et quand on s’en étonne,
elles disent tranquillement :

— C’est la guerre !...

« C’est la guerre, » explique, justifie tout. La jeune personne
qui gaspille son petit capital et le malin qui s’en constitue un

LE RESTRICTOMETRE

— Quelle est l’humeur de M. Viollette, ce matin?

gros en exploitant les victimes du grand drame, se mettent
d’accord pour fournir la même excuse victorieuse :

— C’est la guerre !...

« Tarte à la crème, » disait-on du temps de Molière... Mais
M. Viollette a supprimé les tartes à la crème. En revanche, la
guerre tient bon.

^ * * Le tout est de s’en accommoder. Et il y a des gens
qui y arrivent parfaitement.

Leur programme se résume ainsi : 1° s’organiser; 2° se rési-
gner.

S’organiser, c’est se débrouiller... Pour cela, il suffit de con-
naître un charbonnier, un crémier, un pâtissier et un ministre.

Se résigner, c’est « attendre ».

Il y a même nombre de nos contemporains qui bornent là leur
programme : Attendre.

Attendre quoi? Ce que l’on voudra... Ils ne savent pas. Et le
plus curieux, c’est' qu’ils sont persuadés que cette patience béate
est le vrai devoir. Car ne leur demandez pas un effort personnel.
Non, ils ne veulent rien faire : ils attendent.

En somme, ils attendent que les autres leur apportent le pain
quotidien, construisent des navires, fondent des canons, tour-
nent des obus, se fassent tuer au front, — ils attendent que les
autres les sauvent et leur fournissent enfin l’occasion de dire :

— Vous voyez, nous sommes victorieux... A qui devons-nous
ia victoire ?

— Mais...

— Ne cherchez pas : la victoire, nous l'avons obtenue en
attendant...

Oui, mais en attendant, il est fort heureux que les poilus rem-
plissent le devoir national d’une façon un peu moins contempla-
tive. Car la victoire est une femme plus exigeante que la for-
tune : elle ne se donne pas à ceux qui l’attendent en dormant...

+ * * Un professor boche vient cependant de lancer dans la
circulation un produit appelé le Kidordine.

C’est un produit alimentaire ou du moins qui remplace l’ali-
ment absent par le sommeil... Vous prenez une pilule de Kidor-
dine et vous voilà assuré de dormir pendant deux jours : quelle
économie ! Sans parler de l’agrément, qu’il peut y avoir à ne pas
entendre parler de la guerre pendant quarante-huit heures.

Tout de même, il faut espérer que le Kidordine restera une
spécialité boche : grâce à M. Viollette, nous n’en arriverons cer-
tainement jamais à cette pénible extrémité. Pick-me-up.
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