Depuis, le Bois sacré est consigné aux sous-secrétaires d'Etat.
A sa porte, on voit une pancarte avec cette inscription :
Fermé pour cause de Tigre.
Et les Muses, dans les bosquets silencieux, pleurent l’ami à
la barbe frisée, au crâne poli comme un marbre de Phidias...
* * * Tout autant que M. Clemenceau, les Américains veulent
la guerre intégrale...
Ils viennent de lever une division d’orateurs (ne pas confondre
avec les orateurs de division).
Quinze mille conférenciers ont été recrutés pour faire de la
propagande dans tous les endroits où la foule s’assemble, —
théâtres, cinémas, concerts, cafés, grands magasins, tripots, etc.
Ils doivent prononcer chaque jour au moins dix harangues
patriotiques où ils diront pourquoi et comment les Américains
doivent faire la guerre.
Durée de chaque harangue : quatre minutes.
Ce n’est pas beaucoup, mais cela suffit.
— On fait bien des choses en quatre minutes ! dit Mme des
Entournures d’un air songeur.
Evidemment, il n’a pas dû falloir plus de quatre minutes à
notre père Adam et à notre mère Eve pour fonder l’humanité.
A vous de dire si ce fut là du temps bien employé.
Les quinze mille orateurs américains prononcent en moyenne,
mille discours chacun pendant leurs trois mois de tournée.
Total : Quinze millions de discours.
Mais ce chiffre ne nous épate pas... En France, on fait plus
fort que ça !
* * „. Tandis que les Américains organisent cette utile croi-
sade parlée, les femmes s’installent de plus en plus aux places
abandonnées par les hommes.
Aimez-vous les femmes? On est en train d’en mettre partout.
Nous avons la jeune astronome qui, à l’Observatoire, observe
d’un œil froid la conjonction de Mars et de Vénus... Encore
l’astronomie a-t-elle quelque chose de poétique et même de fémi-
nin, à cause de la lune, probablement.
DE QUOI FUMER
— Qu’est-ce que tu me chantes qu’il n’y a plus rien dans les bureaux
de tabac? Je te rapporte une pipe et des allumettes.
LES PIÈCES DÉMONÉTISÉES
(Souvenir des Avares de Quentin Matsys).
— Ça va dépareiller notre collection.
— On les remplacera par des neuves. Dessins de l. Métivet.
Mais voici la jeune cliartiste... Mlle Suzanne Solente vient
d’être reçue première à l’école des chartes, première! Elle n’a
pas sa pareille pour déchiffrer une lettre de Clodion-le-Chevelu
ou un traité signé par Philippe-Auguste. Il y a des femmes qui
ont souvent le pépin : Mlle Suzanne Solente a toujours le même,
c’est Pépin le Bref.
M,le Solente était bachelière à seize ans, licenciée ès-lettres
à dix-neuf, titulaire du diplôme supérieur d’histoire et de géo-
graphie à vingt et un, et maintenant chartiste... Evidemment,
c’est superbe !
Mais je connais mieux...
Je sais une jeune fille qui, à seize ans, savait cuire un œuf à
la coque; à dix-neuf, elle était capable de préparer un pot-au-
feu: à vingt et un, elle était mariée et à vingt-cinq elle avait
trois enfants...
Mon avis, c’est que des Françaises de ce genre sont peut-être
plus utiles que des femmes chartistes.
Maintenant, il est bien possible que Mlle Solente sache aussi
faire cuire un œuf et préparer le pot-au-feu; il est même proba-
ble qu’elle se mariera et j’espère bien qu’elle aura beaucoup
d’enfants. •
Les femmes ont d’ailleurs cessé d’être timides, en admettant
qu’elles l’aient jamais été.
Dans les multiples em.plois qu elles ont conquis pendant 'a
guerre, elles se montrent des plus » dessalées »... Ah! elles
n’ont pas leur langue dans la poche, les gaillardes!
Dans le Nord-Sud, il y a une jolie receveuse à laquelle les
voyageurs remettraient volontiers un billet doux au lieu du
billet jaune ou rose de la compagnie. Il en est même qui
risquent des madrigaux, mais la belle reste froide : elle leur
perce le cœur en même temps que leur ticket.
L’autre jour, un élégant militaire lui murmura à l’oreille :
— j’ai rêvé que vous vous appeliez Madeleine et que nous
descendions ensemble à la Concorde.
— Monsieur, je suis mariée.
— Eh bien, nous descendrons à la Trinité.
— Non, monsieur...
— Alors, quelle est votre station?
— Cambronne! Pick-me-up.
A sa porte, on voit une pancarte avec cette inscription :
Fermé pour cause de Tigre.
Et les Muses, dans les bosquets silencieux, pleurent l’ami à
la barbe frisée, au crâne poli comme un marbre de Phidias...
* * * Tout autant que M. Clemenceau, les Américains veulent
la guerre intégrale...
Ils viennent de lever une division d’orateurs (ne pas confondre
avec les orateurs de division).
Quinze mille conférenciers ont été recrutés pour faire de la
propagande dans tous les endroits où la foule s’assemble, —
théâtres, cinémas, concerts, cafés, grands magasins, tripots, etc.
Ils doivent prononcer chaque jour au moins dix harangues
patriotiques où ils diront pourquoi et comment les Américains
doivent faire la guerre.
Durée de chaque harangue : quatre minutes.
Ce n’est pas beaucoup, mais cela suffit.
— On fait bien des choses en quatre minutes ! dit Mme des
Entournures d’un air songeur.
Evidemment, il n’a pas dû falloir plus de quatre minutes à
notre père Adam et à notre mère Eve pour fonder l’humanité.
A vous de dire si ce fut là du temps bien employé.
Les quinze mille orateurs américains prononcent en moyenne,
mille discours chacun pendant leurs trois mois de tournée.
Total : Quinze millions de discours.
Mais ce chiffre ne nous épate pas... En France, on fait plus
fort que ça !
* * „. Tandis que les Américains organisent cette utile croi-
sade parlée, les femmes s’installent de plus en plus aux places
abandonnées par les hommes.
Aimez-vous les femmes? On est en train d’en mettre partout.
Nous avons la jeune astronome qui, à l’Observatoire, observe
d’un œil froid la conjonction de Mars et de Vénus... Encore
l’astronomie a-t-elle quelque chose de poétique et même de fémi-
nin, à cause de la lune, probablement.
DE QUOI FUMER
— Qu’est-ce que tu me chantes qu’il n’y a plus rien dans les bureaux
de tabac? Je te rapporte une pipe et des allumettes.
LES PIÈCES DÉMONÉTISÉES
(Souvenir des Avares de Quentin Matsys).
— Ça va dépareiller notre collection.
— On les remplacera par des neuves. Dessins de l. Métivet.
Mais voici la jeune cliartiste... Mlle Suzanne Solente vient
d’être reçue première à l’école des chartes, première! Elle n’a
pas sa pareille pour déchiffrer une lettre de Clodion-le-Chevelu
ou un traité signé par Philippe-Auguste. Il y a des femmes qui
ont souvent le pépin : Mlle Suzanne Solente a toujours le même,
c’est Pépin le Bref.
M,le Solente était bachelière à seize ans, licenciée ès-lettres
à dix-neuf, titulaire du diplôme supérieur d’histoire et de géo-
graphie à vingt et un, et maintenant chartiste... Evidemment,
c’est superbe !
Mais je connais mieux...
Je sais une jeune fille qui, à seize ans, savait cuire un œuf à
la coque; à dix-neuf, elle était capable de préparer un pot-au-
feu: à vingt et un, elle était mariée et à vingt-cinq elle avait
trois enfants...
Mon avis, c’est que des Françaises de ce genre sont peut-être
plus utiles que des femmes chartistes.
Maintenant, il est bien possible que Mlle Solente sache aussi
faire cuire un œuf et préparer le pot-au-feu; il est même proba-
ble qu’elle se mariera et j’espère bien qu’elle aura beaucoup
d’enfants. •
Les femmes ont d’ailleurs cessé d’être timides, en admettant
qu’elles l’aient jamais été.
Dans les multiples em.plois qu elles ont conquis pendant 'a
guerre, elles se montrent des plus » dessalées »... Ah! elles
n’ont pas leur langue dans la poche, les gaillardes!
Dans le Nord-Sud, il y a une jolie receveuse à laquelle les
voyageurs remettraient volontiers un billet doux au lieu du
billet jaune ou rose de la compagnie. Il en est même qui
risquent des madrigaux, mais la belle reste froide : elle leur
perce le cœur en même temps que leur ticket.
L’autre jour, un élégant militaire lui murmura à l’oreille :
— j’ai rêvé que vous vous appeliez Madeleine et que nous
descendions ensemble à la Concorde.
— Monsieur, je suis mariée.
— Eh bien, nous descendrons à la Trinité.
— Non, monsieur...
— Alors, quelle est votre station?
— Cambronne! Pick-me-up.