DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.25446#0605
PARIS, TOUT LE MONDE DESCEND
pas pour doux sous de méchanceté, croyez-
ie... mais il ne faut pas cependant m’échauf-
fer par trop les oreilles... Vous allez me
l'outre la paix, ou je ne réponds de rien...
Vous avez compris?
Une colère intense le faisait trembler
comme une feuille ; la'figure congestionnée,
le sous-lieutenant Lebouc s’adressa à quel-
ques poilus qui écoutaient ce dialogue,
prodigieusement amusés.
— Ce militaire se fout de moi... Vous
avez assisté à un refus formel d’obéissance
de sa part... Je vous donne l’ordre d’empoi-
gner cet homme.
Les soldats répondirent en choeur avec un
vaste sourire :
—- Tout à fait désolés, monsieur...; mais
nous n’en ferons rien. •
Le sous-lieutenant Lebouc chancela, éper-
du, croyant perdre la raison.
Alors, avec une politesse exquise, ôtant
bas son képi et s’inclinant, le premier poilu
déclara :
— Allons, monsieur, remettez-vous...
Nous ne sommes pas militaires, mais sim-
ples pékins...: nous allons tout près d’ici
tourner un film...
J. François Oswald.
RANCUNE
Madame et Monsieur viennent de se quereller copieusement, à
propos d'un fait de très minime importance. Mais Madame
na pas pu avoir le dernier mot. Aussi, depuis, elle rage inté-
rieurement, espérant une revanche prochaine. En attendant,
elle s'obstine à ne pas vouloir desserrer les dents. Monsieur,
qui n’est pas d’un caractère bien combatif, ne demanderait
pas Mieux que de faire la paix, mais il n’a pas encore trouvé
le moyen de ramener le sourire sur les lèvres de sa femme. —
Soudain il a une idée : ,
monsieur. — Allons, mon petit loup, c’est fini, cette dispute?...
Ne me fais pas plus longtemps la tète, je t’en supplie, et viens
tout de suite m’embrasser...
madame, qui persiste à garder un silence hostile. — .
monsieur. — Ecoute, ma crotte, je vais te faire rire... Et,
quand tu auras ri, tu seras désarmée...
madame, silence de plus en plus hostile. — .
monsieur. — J’en suis sûr. {Un temps.) Je t’ai souvent parié de
Barberèche..., un vieil ami à moi, du lycée... Tu sais? Celui
qui gagne tant d’argent dans les obus et qui vient d’acheter pour
presque rien un immeuble de six étages à Belleville?...
MADAME. — .
monsieur. — Je t’ai encore parlé de lui, hier soir...
MADAME. — .
monsieur. — Eh bien, je l’ai rencontré ce matin, Barberèche...
Mais tu ne t’imaginerais jamais dans quelle tenue?...
MADAME. — .
monsieur. — Figure-toi qu’il était habillé en garçon de recette :
pantalon et jaquette bleu barbeau, avec, sur le côté, — droit ou
gauche, je ne sais plus, — une plaque de cuivre... Et, par-dessus
le marché, devine?...^
MADAME. — .
monsieur. — Un chapeau à claque ! ! !
MADAME. — .
monsieur. — Oui, un chapeau à claque!... {Un temps.) Fan-
taisie! diras-tu. Non point... Barberèche est un homme prudent :
c’est un truc ingénieux qu'il a trouvé pour aller toucher ses
loyers à Belleville...
LES RAMONEUSES PARISIENNES
<
Dessin de Emm. Huj
— Ah !... si c’étaient des feuilles de cet excel-
lent papier Zig-Zag, dont je viens, hélas ! de finir
le dernier carnet !... Dessin de Manfredini.
rMAXIMUM
ANTIQUITÉS.BIJOUX-OBJET 3 o'ART AUTOS - Z /? U£ TA/TBOUT
pas pour doux sous de méchanceté, croyez-
ie... mais il ne faut pas cependant m’échauf-
fer par trop les oreilles... Vous allez me
l'outre la paix, ou je ne réponds de rien...
Vous avez compris?
Une colère intense le faisait trembler
comme une feuille ; la'figure congestionnée,
le sous-lieutenant Lebouc s’adressa à quel-
ques poilus qui écoutaient ce dialogue,
prodigieusement amusés.
— Ce militaire se fout de moi... Vous
avez assisté à un refus formel d’obéissance
de sa part... Je vous donne l’ordre d’empoi-
gner cet homme.
Les soldats répondirent en choeur avec un
vaste sourire :
—- Tout à fait désolés, monsieur...; mais
nous n’en ferons rien. •
Le sous-lieutenant Lebouc chancela, éper-
du, croyant perdre la raison.
Alors, avec une politesse exquise, ôtant
bas son képi et s’inclinant, le premier poilu
déclara :
— Allons, monsieur, remettez-vous...
Nous ne sommes pas militaires, mais sim-
ples pékins...: nous allons tout près d’ici
tourner un film...
J. François Oswald.
RANCUNE
Madame et Monsieur viennent de se quereller copieusement, à
propos d'un fait de très minime importance. Mais Madame
na pas pu avoir le dernier mot. Aussi, depuis, elle rage inté-
rieurement, espérant une revanche prochaine. En attendant,
elle s'obstine à ne pas vouloir desserrer les dents. Monsieur,
qui n’est pas d’un caractère bien combatif, ne demanderait
pas Mieux que de faire la paix, mais il n’a pas encore trouvé
le moyen de ramener le sourire sur les lèvres de sa femme. —
Soudain il a une idée : ,
monsieur. — Allons, mon petit loup, c’est fini, cette dispute?...
Ne me fais pas plus longtemps la tète, je t’en supplie, et viens
tout de suite m’embrasser...
madame, qui persiste à garder un silence hostile. — .
monsieur. — Ecoute, ma crotte, je vais te faire rire... Et,
quand tu auras ri, tu seras désarmée...
madame, silence de plus en plus hostile. — .
monsieur. — J’en suis sûr. {Un temps.) Je t’ai souvent parié de
Barberèche..., un vieil ami à moi, du lycée... Tu sais? Celui
qui gagne tant d’argent dans les obus et qui vient d’acheter pour
presque rien un immeuble de six étages à Belleville?...
MADAME. — .
monsieur. — Je t’ai encore parlé de lui, hier soir...
MADAME. — .
monsieur. — Eh bien, je l’ai rencontré ce matin, Barberèche...
Mais tu ne t’imaginerais jamais dans quelle tenue?...
MADAME. — .
monsieur. — Figure-toi qu’il était habillé en garçon de recette :
pantalon et jaquette bleu barbeau, avec, sur le côté, — droit ou
gauche, je ne sais plus, — une plaque de cuivre... Et, par-dessus
le marché, devine?...^
MADAME. — .
monsieur. — Un chapeau à claque ! ! !
MADAME. — .
monsieur. — Oui, un chapeau à claque!... {Un temps.) Fan-
taisie! diras-tu. Non point... Barberèche est un homme prudent :
c’est un truc ingénieux qu'il a trouvé pour aller toucher ses
loyers à Belleville...
LES RAMONEUSES PARISIENNES
<
Dessin de Emm. Huj
— Ah !... si c’étaient des feuilles de cet excel-
lent papier Zig-Zag, dont je viens, hélas ! de finir
le dernier carnet !... Dessin de Manfredini.
rMAXIMUM
ANTIQUITÉS.BIJOUX-OBJET 3 o'ART AUTOS - Z /? U£ TA/TBOUT