INVENTIONS NOUVELLES
BT
DERNIERES NOUVEAUTÉS
Le prix de la fourrure augmentant chaque jour et le Service
des égouts ayant fait savoir que l’année serait très mauvaise pour
la reproduction des nouveaux rats cl'égout-zibeline que le Con-
seil municipal avait tentée l’an dernier, nos savants se sont mis
au travail.
C’est ainsi que l’on nous annonce que sous l’active direction
de M. Kling, le Laboratoire municipal vient de découvrir un nou-
veau croisement de champignons et d’algues qui donne un lichen
noir imitant merveilleusement le caracul. Il suffit, paraît-il, de
laisser moisir dans des conditions particulières des peaux de
rebut encore fraîches, pour que celles-ci se couvrent, tout aus-
sitôt, d’une merveilleuse toison en somme assez résistante qui,
une fois lustrée, fera la joie de nos élégantes.
Ajoutons enfin, — et nous sommes sûrs d’être compris en cela
par toutes les bonnes ménagères, — que cette fourrure présente
un avantage infiniment précieux; elle ne peut être attaquée par
les mites.
Celles-ci, en effet, dès le premier essai, s’éloignent, si je puis
dire, à grands pas, profondément dégoûtées; la plupart affaiblies
par la guerre tombent mortes, empoisonnées.
Cette fourrure, on le voit, réunit tous les avantages ; il faut re-
mercier notre Laboratoire municipal de sa précieuse découverte.
* * * Puisque nous parlons du Laboratoire municipal, nous
ne saurions trop répéter à tous les nouveaux riches qu'il 11e faut
pas trop manger. Notre statistique municipale démontre, en
effet, que l’augmentation de la mortalité durant ces derniers mois
est due presque uniquement à des indigestions.
Les nouveaux riches ont cette fâcheuse idée qu’il leur faut à
tout prix rattraper le temps perdu. Cela peut se concevoir en
matière d’ameublement ou d’éducation; par contre, il est absurde
de vouloir manger en un mois ce que l’on aurait voulu dévorer
depuis quarante ans. En matière alimentaire, le temps perdu ne
se rattrape jamais.
* * * ^Signalons à toutes les personnes qui .habitent en bor-
dure des avenues sillonnées par des camions militaires, les nou-
veaux porte-bouteilles montés sur ressorts qui amortissent con-
sidérablement dans les caves la trépidation des bouteilles de vin.
Le bourgogne le plus délicat, monté sur ressorts, peut se con-
server ainsi en cave indéfiniment.
* * * Le mobilier horizontal pour neurasthéniques est une
nouvelle invention thérapeutique fort ingénieuse, due à un émi-
nent docteur russe. Le mobilier horizontal n’est autre chose
qu’un mobilier ordinaire, mais aménagé de telle sorte que tous les
objets de la chambre du malade sont placés horizontalement et
non verticalement. L’armoire à glace, par exemple, est couchée
sur le côté ; le parquet tapisse un des murs de la chambre, le
plafond le mur opposé, tandis que le papier de tenture décore,
entre autres, l’ancien plancher et l’ancien plafond. Dans la
chambre ainsi meublée, le malade, qui reste obstinément couché,
LE CLIENT PAS SÉRIEUX
finit, par croire qu’il
est debout en
voyant tous les ob-
jets dans leur posï-
t,ion normale au-
tour de lui ; son
moral se transfor-
me, il reprend cons-
cience de sa force
et de son activité,
et saguérison n’est
plus qu'une affaire
de jours. La cure,
on le voit, est des
plus simples à pré-
parer et son résul-
tat est assuré.
*** On ignore
trop souvent dans
le grand public que
les agrandisse-
ments de portraits
ne sont point un
monopole des pays
civilisés.Les sauva-
ges connaissaient
cev procédé bien
avant nous. Pour
agrandir un por-
trait de famille, ils
se contentent de
faire tatouer l’original sur un enfant encore en bas âge. Au fur et
à mesure que l’enfant grandit, le tatouage s’élargit et, lorsque la
croissance est terminée, la petite miniature du grand-père est
devenue un grand portrait qui n’a rien à envier à nos agrandis-
sements photographiques. Cette pratique, infiniment touchante,
présente une haute portée morale: le souvenir d’un aïeul vénéré
s’augmentant toujours au fur et à mesure que l’enfant grandit.
* * * Le Syndicat des Grands-Hôtels de la Riviera s’est ému
de la concurrence redoutable que lui faisait l’Etat. Il paraît, en
effet, que, depuis quelques mois, presque toute la clientèle riche
des grands hôtels internationaux se trouve internée de force
dans les maisons spéciales du service pénitencier qui ne le cèdent
en rien pour le confort, la nourriture et le chauffage, aux meil-
leurs palaces de nos villes à la mode.
C’est là, de la part de l’Etat, un fait de concurrence déloyale
qui menace de ruiner notre industrie hôtelière, au moment même
où il conviendrait d’encourager son développement.
* * * Rappelons à tous les pharmaciens que l’Académie de
Médecine a condamné formellement la pratique nouvelle qui
consiste à faire des eaux de table avec du savon minéral. L’eau
ainsi obtenue est gazeuse sans doute et délicieuse au goût, mais
elle peut donner la gravelle et ne saurait rivaliser sérieusement
avec les eaux minérales naturelles.
* * * Certains cinémas ayant fort heu-
reusement ajouté à leur programme des
acrobates, des chanteurs et des comédien-
nes en chair et en os, un grand cinéma
des boulevards se propose d’étendre pro-
chainement cette réforme et de faire jouer
sur la scène tous les films par des acteurs
vivants. Cette idée, très nouvelle, est appe-
lée, croyons-nous, au plus grand succès.
L’industrie du cinéma se perfectionne, on
le voit, chaque jour.
* * * Contrairement à ce que l’on atten-
dait, on vient de constater’ avec regret que
le fait de voiler les lumières à Paris n’a
pas diminué' la consommation de l’électri-
cité durant ces derniers mois. On a eu tort,
disons-le franchement, de ne point consul-
ter en haut lieu les ingénieurs spécialistes
compétents : uné lampe électrique, entourée
d’étoffe, consomme en effet, paraît-il, la
même somme de courant qu’une lampe
brûlant à découvert. C’est là, r^ouons-le,
une nouvelle démonstration de l’utilité qu’il
y aurait à introduire des compétences dans
nos services publics. G. de Pawlowski.
— Y trouv’ que les sardines ail’ sont chères!
— Y sait p’t’être pas qu’c’est la guerré?
T0OT S'EXPLIQUA
— On nous avait dit : « Les oignons n’ont que
deux tuniques..., l’hiver sera doux. »
— ... ,sera doux dans les pays chauds :
c’étaient des oignons d’Algérie.
Dessin de M. Radiguet.
Dessin de Dmarm.
BT
DERNIERES NOUVEAUTÉS
Le prix de la fourrure augmentant chaque jour et le Service
des égouts ayant fait savoir que l’année serait très mauvaise pour
la reproduction des nouveaux rats cl'égout-zibeline que le Con-
seil municipal avait tentée l’an dernier, nos savants se sont mis
au travail.
C’est ainsi que l’on nous annonce que sous l’active direction
de M. Kling, le Laboratoire municipal vient de découvrir un nou-
veau croisement de champignons et d’algues qui donne un lichen
noir imitant merveilleusement le caracul. Il suffit, paraît-il, de
laisser moisir dans des conditions particulières des peaux de
rebut encore fraîches, pour que celles-ci se couvrent, tout aus-
sitôt, d’une merveilleuse toison en somme assez résistante qui,
une fois lustrée, fera la joie de nos élégantes.
Ajoutons enfin, — et nous sommes sûrs d’être compris en cela
par toutes les bonnes ménagères, — que cette fourrure présente
un avantage infiniment précieux; elle ne peut être attaquée par
les mites.
Celles-ci, en effet, dès le premier essai, s’éloignent, si je puis
dire, à grands pas, profondément dégoûtées; la plupart affaiblies
par la guerre tombent mortes, empoisonnées.
Cette fourrure, on le voit, réunit tous les avantages ; il faut re-
mercier notre Laboratoire municipal de sa précieuse découverte.
* * * Puisque nous parlons du Laboratoire municipal, nous
ne saurions trop répéter à tous les nouveaux riches qu'il 11e faut
pas trop manger. Notre statistique municipale démontre, en
effet, que l’augmentation de la mortalité durant ces derniers mois
est due presque uniquement à des indigestions.
Les nouveaux riches ont cette fâcheuse idée qu’il leur faut à
tout prix rattraper le temps perdu. Cela peut se concevoir en
matière d’ameublement ou d’éducation; par contre, il est absurde
de vouloir manger en un mois ce que l’on aurait voulu dévorer
depuis quarante ans. En matière alimentaire, le temps perdu ne
se rattrape jamais.
* * * ^Signalons à toutes les personnes qui .habitent en bor-
dure des avenues sillonnées par des camions militaires, les nou-
veaux porte-bouteilles montés sur ressorts qui amortissent con-
sidérablement dans les caves la trépidation des bouteilles de vin.
Le bourgogne le plus délicat, monté sur ressorts, peut se con-
server ainsi en cave indéfiniment.
* * * Le mobilier horizontal pour neurasthéniques est une
nouvelle invention thérapeutique fort ingénieuse, due à un émi-
nent docteur russe. Le mobilier horizontal n’est autre chose
qu’un mobilier ordinaire, mais aménagé de telle sorte que tous les
objets de la chambre du malade sont placés horizontalement et
non verticalement. L’armoire à glace, par exemple, est couchée
sur le côté ; le parquet tapisse un des murs de la chambre, le
plafond le mur opposé, tandis que le papier de tenture décore,
entre autres, l’ancien plancher et l’ancien plafond. Dans la
chambre ainsi meublée, le malade, qui reste obstinément couché,
LE CLIENT PAS SÉRIEUX
finit, par croire qu’il
est debout en
voyant tous les ob-
jets dans leur posï-
t,ion normale au-
tour de lui ; son
moral se transfor-
me, il reprend cons-
cience de sa force
et de son activité,
et saguérison n’est
plus qu'une affaire
de jours. La cure,
on le voit, est des
plus simples à pré-
parer et son résul-
tat est assuré.
*** On ignore
trop souvent dans
le grand public que
les agrandisse-
ments de portraits
ne sont point un
monopole des pays
civilisés.Les sauva-
ges connaissaient
cev procédé bien
avant nous. Pour
agrandir un por-
trait de famille, ils
se contentent de
faire tatouer l’original sur un enfant encore en bas âge. Au fur et
à mesure que l’enfant grandit, le tatouage s’élargit et, lorsque la
croissance est terminée, la petite miniature du grand-père est
devenue un grand portrait qui n’a rien à envier à nos agrandis-
sements photographiques. Cette pratique, infiniment touchante,
présente une haute portée morale: le souvenir d’un aïeul vénéré
s’augmentant toujours au fur et à mesure que l’enfant grandit.
* * * Le Syndicat des Grands-Hôtels de la Riviera s’est ému
de la concurrence redoutable que lui faisait l’Etat. Il paraît, en
effet, que, depuis quelques mois, presque toute la clientèle riche
des grands hôtels internationaux se trouve internée de force
dans les maisons spéciales du service pénitencier qui ne le cèdent
en rien pour le confort, la nourriture et le chauffage, aux meil-
leurs palaces de nos villes à la mode.
C’est là, de la part de l’Etat, un fait de concurrence déloyale
qui menace de ruiner notre industrie hôtelière, au moment même
où il conviendrait d’encourager son développement.
* * * Rappelons à tous les pharmaciens que l’Académie de
Médecine a condamné formellement la pratique nouvelle qui
consiste à faire des eaux de table avec du savon minéral. L’eau
ainsi obtenue est gazeuse sans doute et délicieuse au goût, mais
elle peut donner la gravelle et ne saurait rivaliser sérieusement
avec les eaux minérales naturelles.
* * * Certains cinémas ayant fort heu-
reusement ajouté à leur programme des
acrobates, des chanteurs et des comédien-
nes en chair et en os, un grand cinéma
des boulevards se propose d’étendre pro-
chainement cette réforme et de faire jouer
sur la scène tous les films par des acteurs
vivants. Cette idée, très nouvelle, est appe-
lée, croyons-nous, au plus grand succès.
L’industrie du cinéma se perfectionne, on
le voit, chaque jour.
* * * Contrairement à ce que l’on atten-
dait, on vient de constater’ avec regret que
le fait de voiler les lumières à Paris n’a
pas diminué' la consommation de l’électri-
cité durant ces derniers mois. On a eu tort,
disons-le franchement, de ne point consul-
ter en haut lieu les ingénieurs spécialistes
compétents : uné lampe électrique, entourée
d’étoffe, consomme en effet, paraît-il, la
même somme de courant qu’une lampe
brûlant à découvert. C’est là, r^ouons-le,
une nouvelle démonstration de l’utilité qu’il
y aurait à introduire des compétences dans
nos services publics. G. de Pawlowski.
— Y trouv’ que les sardines ail’ sont chères!
— Y sait p’t’être pas qu’c’est la guerré?
T0OT S'EXPLIQUA
— On nous avait dit : « Les oignons n’ont que
deux tuniques..., l’hiver sera doux. »
— ... ,sera doux dans les pays chauds :
c’étaient des oignons d’Algérie.
Dessin de M. Radiguet.
Dessin de Dmarm.