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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1918 (Nr. 164-215)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25447#0033
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LA CRISE DU TABAC

RACONTÉE PAR MA CONCIERGE : MAME G1BOU

Air : Nicolas et Toinon. (G. Tiercy.)

Eh ben, mam’ Patagon, voilà qu’y-a pus d’tabac!

Ma chèr’, ça va nous fair’ sûr’ment, cette histoir’-là,

Plus encor que l’affair’ Turmel
Tourner les sangs en eau d’Javel.

J’me d’mande à quoi qu’i’pens’ leur monsieur Clemenceau 1

Sans tabac à priser, moi qu’ai l’rhum’ de cerveau,

Mon nez coul’, c’est horrible à voir':

On dirait un’ pomm’ d’arrosoir.

J’suis pas seule à crier. Le marchand de tableaux

Qu’habit’ sur le devant, dit qu’à l’hôtel Drouot
Les commissair’s priseurs sont fous... :

Ils n’peuv’nt plus rien priser du tout.

Cigar’s et cigarett’s manqu’nt partout total’ment ;

Les marchandé de tabac n’ont plus, à leurs clients,

A proposer... quelle ironie !

Qu’des boît’s de cachou Lajaunie.

Le boursier du premier, Monsieur Lévy-Aaron,

Qui n’fumait comm’ cigar’s qu'des londrès à dix ronds,

M’a confié, très préoccupé,

Qu’il n’trouvait plus qu’des « bout-coupé ».

Alors j’y-ai conseillé, car c’est un vaniteux,

Pour anoblir un peu ces cigar’s marmiteux,

D’Ies fair’, pour qu’i’ soient plus rupins,

Raccourcir par le Grand-Rabbin.

L'chansonnier du cintiém’, qu’empestait l’escayer

Avec sa pipe en terr’, maint’nant, dans son gambier,

Tout essprès pour se fout’ de moi
S’met à fumer n’importe quoi :

Des vieux cordons d’souyier, d’ignobles détritus,

Des feuill’s de marronnier, des feuill’s d’eucalyptus,

Mêm’ ses feuill’s de contribution :

C’est eun’ véritable infection !

LES HORREURS DE LA GUERRE

— Et avec tout ça, encore un mois de janvier sans palmes!

— On n’a qu’à nous donner la fourragère violette !

UasiLD de Nob.

AU COMITÉ RADICAL-SOCIALISTE : LE DISCOURS DU PATRON

— Et comme c’est la crise du papier, on ne le tirera qu’à cent mille
exemplaires.. . Dessin de Hervé Baille.

La p’tit’ dam’ du troisièm’, qui n’est pas très maline,

Ayant vu, chez l’potard, placé’s dans la vitrine,

Des cigarett’s ros’s * élégant’s »

En fit l’achat séanc’ tenant’.

— Mam’ Gibou, qu’a m’a dit, le moud’, c’est des voleurs ;

Vot’ pharmacien du coin, vrai ! c’est un entôleur :

Ses cigarett’s en ont un goût !

On dirait qu’c’est du caoutchouc !

Elle a même eu-z-un’ scène avec son vieil ami.

Comm’ chez ell’, ce matin, il v’nait en quat’mimi
Et qu’à sa porte il f’sait : toc-toc,

AU’ y-a répondu : « J'prends mon bock! »

Alors il y-a crié : « Ne i’fum’ pas tout entier ;

Un bock! C’est du nanan! Garde-m’ên la moitié. »

Il est resté comme un benêt
Quand il a vu d’quoi qu i r’tournait.

Le rapin du sixièm’, j’en suis encor baba,

Paraît qu’il n’peut pas peindr’ quand il n’a pas d’tabac.

Ça y a porté su’ l’ciboulot ;

11 est v’nu subit’ment dingo.

Il a fait du scandai’ dans un café-concert
Où Régina Badet l’vait ses deux bias en l’air ;

Il s’est l’vé, hagard, en hurlant :

» J’veux ses deux paquets d’rnaryland ! »

Les agents s’sont am’nés — avec maestria :

Ils l’ont conduit viv’ment jusqu’au commissairiat
Et lui, qui voulait du tabac.

Ah ! j’vousjur’ maint’nant qu’il en a!

Dominique Bonnaud.
 
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