« as » de l’estocade ne sont bombardés qu’avee des cigares, des
fleurs et des éventails. Heureuse péninsule !
* * * Espérons donc que l’Espagne restera bien sage... Que
le sort de la Russie la fera réfléchir.
La Russie est fichue, — tout au moins pour les danseuses.
Jadis, les petites Cardinal n’ambitionnaient rien de mieux que
la protection d’un prince russe. Le prince russe était le Mécène
classique de ces demoiselles du corps de ballet. Sans doute,
depuis quelques années, il a.vait été battu en brèche par les Sud-
Américains. Les danseuses trouvaient que les planteurs argen-
tins avaient plus d’argent et plantaient mieux... Tout de même,
le prince russe avait gardé un grand prestige.
C’en est fait aujourd’hui de ce légendaire figurant de la grande
vie parisienne.
Car il n’a plus le .sou...
L’un d’eux, le prince de Lapardeki, me disait hier avec mé-
lancolie :
— Maxim’s m’a coûté la moitié de ma fortune : les maximalistes
m’ont pris le reste 1
— C’est affreux!
— Je me console avec les maximes de La Rochefoucauld!
Ces grands seigneurs slaves ont d'ailleurs d’étonnantes ré-
serves de philosophie un peu fataliste... Les hauts et les bas de
l’existence ne les démontent pas : cela vient peut-être de leur
habitude (les montagnes russes !
J’ai connu notre confrère Stanislas Rzewuski, fils d’une
illustre famille polonaise ; après avoir dévoré quelques millions
avec la collaboration de maints croupiers et de quelques jolies
quenottes bien parisiennes, il ne dévorait plus que les bouquins
de Schopenhaüer. Le viveur de jadis se contentait de vivoter en
écrivant quelques articles maigrement rétribués, et son humeur
restait égale. Après les petits chevaux, nitchevo!
Tels seront les princes russes tombés dans la débine... Déjà
l’un d’eux qui menait fa vie à grandes guides songe à devenir
cocher de fiacre.
— Comme ça, déclare-t-il, j'aurai toujours ma voiture... Tout
ce qu’on voudra, mais pas piéton!...
% * * Une voiture, c’est du luxe... Il faudra payer dix pour
t.e soeiALO. — C’est pourtant un assez joli travail pour qu’on ait envie
d’aller voir ça de près.
Et sous le nouveau, quelle est la « forme » des procès ?...
Dessins de L. Métivet.
cent d’impôt, car tous les objets de luxe vont être taxés, dès leur
achat, sans préjudice, naturellement, du timbre-quittance et des
droits subséquents.
Taxons les objets de luxe, rien de plus démocratique!
Mais il s'agit de savoir où commence le luxe... C’est toute urne
affaire! Pour MUe X... le piano, c’est du luxe; mais pour Mlle Z...,
c’est un instrument de travail. De même, pour une honnête
femme, une chemise de dentelles, c’est du luxe; mais pour une
femme déshonnête, c’est un accessoire indispensable, jusqu'au
moment où on lui demande de l’enlever.
Le citoyen qui a deux ménages devrait payer la taxe sur le
deuxième : en effet, la deuxième « âme sœur », c’est du luxe...
Le célibataire jeune et pauvre qui s’offre un huitième de mon-
daine à tarif réduit ne fait, en somme, qu’une dépense néces-
saire : il faut bien sacrifier à la nature!
Mais le vieux monsieur riche qui entretient une jolie fille dont
il n’use pas devra — en toute justice — payer la taxe sur le
superflu.
Il y a la femme utile et il y a la poule de luxe. Taxons celle-ci
(non pas d’immoralité) mais de dix pour cent.
Au fond, celles qui figureront sur la liste en seront très flat-
tées...
— Après tout, disait une courtisane qui avait l’orgueil de sa
profession, les hommes casquent pour coucher avec nous... Et
les honnêtes filles paient pour coucher avec eux! Nous sommés
dans la vraie tradition...
C’est pourquoi il y a des maris titrés et blasonnés qui peuvent
passer, eux ausssi, pour des objets de luxe.
Mlle Poirier versera au fisc dix pour cent de sa dot pour avoir
le droit de s’appeler Mrae la marquise Gaston de Presles.
Pick-me-up.
ABONNEMENTS POUR LE FRONT
Les Poilus éprouvant parfois quelques difficultés à se pro-
curer Le Rire sur le front, nous avons décidé d'accepter des
ABONNEMENTS SPÉCIAUX DE TROIS MOIS au prix
fie DEUX FRANCS CINQUANTE. Il suffit d'envoyer, avec
l’adresse exacte, un mandat ou des timbres français au
DIRECTEUR DU RIRE, 1, rue de Choiseul, Paris.
fleurs et des éventails. Heureuse péninsule !
* * * Espérons donc que l’Espagne restera bien sage... Que
le sort de la Russie la fera réfléchir.
La Russie est fichue, — tout au moins pour les danseuses.
Jadis, les petites Cardinal n’ambitionnaient rien de mieux que
la protection d’un prince russe. Le prince russe était le Mécène
classique de ces demoiselles du corps de ballet. Sans doute,
depuis quelques années, il a.vait été battu en brèche par les Sud-
Américains. Les danseuses trouvaient que les planteurs argen-
tins avaient plus d’argent et plantaient mieux... Tout de même,
le prince russe avait gardé un grand prestige.
C’en est fait aujourd’hui de ce légendaire figurant de la grande
vie parisienne.
Car il n’a plus le .sou...
L’un d’eux, le prince de Lapardeki, me disait hier avec mé-
lancolie :
— Maxim’s m’a coûté la moitié de ma fortune : les maximalistes
m’ont pris le reste 1
— C’est affreux!
— Je me console avec les maximes de La Rochefoucauld!
Ces grands seigneurs slaves ont d'ailleurs d’étonnantes ré-
serves de philosophie un peu fataliste... Les hauts et les bas de
l’existence ne les démontent pas : cela vient peut-être de leur
habitude (les montagnes russes !
J’ai connu notre confrère Stanislas Rzewuski, fils d’une
illustre famille polonaise ; après avoir dévoré quelques millions
avec la collaboration de maints croupiers et de quelques jolies
quenottes bien parisiennes, il ne dévorait plus que les bouquins
de Schopenhaüer. Le viveur de jadis se contentait de vivoter en
écrivant quelques articles maigrement rétribués, et son humeur
restait égale. Après les petits chevaux, nitchevo!
Tels seront les princes russes tombés dans la débine... Déjà
l’un d’eux qui menait fa vie à grandes guides songe à devenir
cocher de fiacre.
— Comme ça, déclare-t-il, j'aurai toujours ma voiture... Tout
ce qu’on voudra, mais pas piéton!...
% * * Une voiture, c’est du luxe... Il faudra payer dix pour
t.e soeiALO. — C’est pourtant un assez joli travail pour qu’on ait envie
d’aller voir ça de près.
Et sous le nouveau, quelle est la « forme » des procès ?...
Dessins de L. Métivet.
cent d’impôt, car tous les objets de luxe vont être taxés, dès leur
achat, sans préjudice, naturellement, du timbre-quittance et des
droits subséquents.
Taxons les objets de luxe, rien de plus démocratique!
Mais il s'agit de savoir où commence le luxe... C’est toute urne
affaire! Pour MUe X... le piano, c’est du luxe; mais pour Mlle Z...,
c’est un instrument de travail. De même, pour une honnête
femme, une chemise de dentelles, c’est du luxe; mais pour une
femme déshonnête, c’est un accessoire indispensable, jusqu'au
moment où on lui demande de l’enlever.
Le citoyen qui a deux ménages devrait payer la taxe sur le
deuxième : en effet, la deuxième « âme sœur », c’est du luxe...
Le célibataire jeune et pauvre qui s’offre un huitième de mon-
daine à tarif réduit ne fait, en somme, qu’une dépense néces-
saire : il faut bien sacrifier à la nature!
Mais le vieux monsieur riche qui entretient une jolie fille dont
il n’use pas devra — en toute justice — payer la taxe sur le
superflu.
Il y a la femme utile et il y a la poule de luxe. Taxons celle-ci
(non pas d’immoralité) mais de dix pour cent.
Au fond, celles qui figureront sur la liste en seront très flat-
tées...
— Après tout, disait une courtisane qui avait l’orgueil de sa
profession, les hommes casquent pour coucher avec nous... Et
les honnêtes filles paient pour coucher avec eux! Nous sommés
dans la vraie tradition...
C’est pourquoi il y a des maris titrés et blasonnés qui peuvent
passer, eux ausssi, pour des objets de luxe.
Mlle Poirier versera au fisc dix pour cent de sa dot pour avoir
le droit de s’appeler Mrae la marquise Gaston de Presles.
Pick-me-up.
ABONNEMENTS POUR LE FRONT
Les Poilus éprouvant parfois quelques difficultés à se pro-
curer Le Rire sur le front, nous avons décidé d'accepter des
ABONNEMENTS SPÉCIAUX DE TROIS MOIS au prix
fie DEUX FRANCS CINQUANTE. Il suffit d'envoyer, avec
l’adresse exacte, un mandat ou des timbres français au
DIRECTEUR DU RIRE, 1, rue de Choiseul, Paris.