A LA SANTE
— Ici, le trône...
M. Caillaux a fait apporter
un fauteuil dans sa cellule.
LE RIRE DE LA SEMAINE
M. Ignace, sous-secrétaire d’État de la Justice militaire, pour-
rait troquer son titre contre celui de sous-secrétaire d’Etat du
Service de la Santé.
La, Santé est devenue un de nos palaces les plus fréquentés:
on y rencontre des anciens présidents du Conseil (au moins un),
des députés, des pachas, des journalistes... C’est décidément
très chic et quand quelqu’un vous dit : « Je sors de la Santé, »
cela vous impressionne tout autant que s’il vous disait : « Je sors
de l’Élysée ! »
Évidemment, M. Caillaux est un homme qui ne manque pas
d’intelligence, mais c’est, paraît-il, avec l’ennemi. On l’accuse
d’avoir fait de la politique d’extrême-Boche et tout le monde lui
court après :
— Caillaux, Caillaux, taïaut, taïaut!...
Cet homme aurait tort de se croire populaire... Et cependant,
il songeait à faire un coup d’Etat, comme le 18 Brumaire et le
2 Décembre. Voyez-vous ça? Et deux régiments corses devaient
mater les Parisiens récalcitrants...
Une garde corse? M. Caillaux en a une à présent, car la plu-
part des gardiens de prison ont vu le jour dans l’ile de Colomba
et d’Emmanuel Arène.
C’est vraiment une drôle d’idée de croire que Paris se prend
comme ça!
Mais un ami vient de me donner le fin mot de l’histoire :
— Le complot de Caillaux, le « plan politique » découvert à
Florence, savez-vous ce que c’est?
— Une loufoquerie?
— Non ; un scénario de cinéma!
Et mon ami de me démontrer que c’est même un excellent
scénario.
— Vous voyez ça d’ici... Rigadin ou Chariot joue le rôle du
conspirateur en chef. Les deux régiments corses sont représentés
par les clowns du cirque Médrano... Grande poursuite des parle-
mentaires à travers toutes sortes d’obstacles, scènes cocasses
dans la prison où. tous les personnages finissent par être enfermés
et finalement mariage du Dictateur avec Mistinguett. N’est-ce
pas épatant?
Si; mais l’existence de M. Caillaux est elle-même un superbe
scénario de cinéma. Rien n’y manque, le comique et le drama-
tique, voire le tragique.
Nous en sommes au dénouement... Clemenceau-Judex le pré-
pare.
* * La Commission chargée de dresser la liste des « objets
de luxe » taxés à 10 0/0 continue ses travaux...
Elle a, par exemple, décidé qu’un parapluie dont le prix
dépasse 4 francs doit être considéré comme un objet de luxe...
Sans doute, ces messieurs de la Commission ne portent que des
imperméables.
J’ai entendu un contribuable s’écrier, avec l’accent auvergnat :
— Le luxche, c’est pas cha qui manque... Les baignoires, les
cuvettes, les rachoirs, le chavon, ch’est du luxche!... La preuve,
ch’est que je ne m’en chers pas et que je me porte comme le
Pont-Neuf.
Sa femme a même ajouté :
— Eh bien, et ces machins dont se chervent les cocottes, vous
chavez, ces mandolines pour apprendre à monter à cheval !
C’est au rayon des chaussures, qu’il y en a du luxe! Depuis
quelque temps, les bons citoyens protestent contre la hauteur
excessive des bottines de ces dames... Tant de cuir gaspillé alors
que les auxiliaires eux-mêmes renoncent aux leggings, ceinturons
et baudriers I
Les « élégantes » ont répondu par un geste crâne, — non, pas
celui que vous croyez.
Elles se mettent à porter des bottes, de vraies bottes russes :
une débauche de box-calf! Ah! ah! mes gaillards, vous avez
voulu nous donner des leçons d'économie ! Eh bien, voilà comment
nous tenons compte de vos patriotiques observations, espèces de
sales embusqués 1
Comment voulez-vous que ces dames n’aient pas adopté la
botte? Elles ont tellement l’habitude qu’on la leur propose !
En revanche, Mis? Hélène Maxwell vient d’apparaître, dans le
salon délia Robbia, à l’hôtel Vanderbilt, à New-York, avec des
bandes molletières...
— Ici, le trône...
M. Caillaux a fait apporter
un fauteuil dans sa cellule.
LE RIRE DE LA SEMAINE
M. Ignace, sous-secrétaire d’État de la Justice militaire, pour-
rait troquer son titre contre celui de sous-secrétaire d’Etat du
Service de la Santé.
La, Santé est devenue un de nos palaces les plus fréquentés:
on y rencontre des anciens présidents du Conseil (au moins un),
des députés, des pachas, des journalistes... C’est décidément
très chic et quand quelqu’un vous dit : « Je sors de la Santé, »
cela vous impressionne tout autant que s’il vous disait : « Je sors
de l’Élysée ! »
Évidemment, M. Caillaux est un homme qui ne manque pas
d’intelligence, mais c’est, paraît-il, avec l’ennemi. On l’accuse
d’avoir fait de la politique d’extrême-Boche et tout le monde lui
court après :
— Caillaux, Caillaux, taïaut, taïaut!...
Cet homme aurait tort de se croire populaire... Et cependant,
il songeait à faire un coup d’Etat, comme le 18 Brumaire et le
2 Décembre. Voyez-vous ça? Et deux régiments corses devaient
mater les Parisiens récalcitrants...
Une garde corse? M. Caillaux en a une à présent, car la plu-
part des gardiens de prison ont vu le jour dans l’ile de Colomba
et d’Emmanuel Arène.
C’est vraiment une drôle d’idée de croire que Paris se prend
comme ça!
Mais un ami vient de me donner le fin mot de l’histoire :
— Le complot de Caillaux, le « plan politique » découvert à
Florence, savez-vous ce que c’est?
— Une loufoquerie?
— Non ; un scénario de cinéma!
Et mon ami de me démontrer que c’est même un excellent
scénario.
— Vous voyez ça d’ici... Rigadin ou Chariot joue le rôle du
conspirateur en chef. Les deux régiments corses sont représentés
par les clowns du cirque Médrano... Grande poursuite des parle-
mentaires à travers toutes sortes d’obstacles, scènes cocasses
dans la prison où. tous les personnages finissent par être enfermés
et finalement mariage du Dictateur avec Mistinguett. N’est-ce
pas épatant?
Si; mais l’existence de M. Caillaux est elle-même un superbe
scénario de cinéma. Rien n’y manque, le comique et le drama-
tique, voire le tragique.
Nous en sommes au dénouement... Clemenceau-Judex le pré-
pare.
* * La Commission chargée de dresser la liste des « objets
de luxe » taxés à 10 0/0 continue ses travaux...
Elle a, par exemple, décidé qu’un parapluie dont le prix
dépasse 4 francs doit être considéré comme un objet de luxe...
Sans doute, ces messieurs de la Commission ne portent que des
imperméables.
J’ai entendu un contribuable s’écrier, avec l’accent auvergnat :
— Le luxche, c’est pas cha qui manque... Les baignoires, les
cuvettes, les rachoirs, le chavon, ch’est du luxche!... La preuve,
ch’est que je ne m’en chers pas et que je me porte comme le
Pont-Neuf.
Sa femme a même ajouté :
— Eh bien, et ces machins dont se chervent les cocottes, vous
chavez, ces mandolines pour apprendre à monter à cheval !
C’est au rayon des chaussures, qu’il y en a du luxe! Depuis
quelque temps, les bons citoyens protestent contre la hauteur
excessive des bottines de ces dames... Tant de cuir gaspillé alors
que les auxiliaires eux-mêmes renoncent aux leggings, ceinturons
et baudriers I
Les « élégantes » ont répondu par un geste crâne, — non, pas
celui que vous croyez.
Elles se mettent à porter des bottes, de vraies bottes russes :
une débauche de box-calf! Ah! ah! mes gaillards, vous avez
voulu nous donner des leçons d'économie ! Eh bien, voilà comment
nous tenons compte de vos patriotiques observations, espèces de
sales embusqués 1
Comment voulez-vous que ces dames n’aient pas adopté la
botte? Elles ont tellement l’habitude qu’on la leur propose !
En revanche, Mis? Hélène Maxwell vient d’apparaître, dans le
salon délia Robbia, à l’hôtel Vanderbilt, à New-York, avec des
bandes molletières...