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GREVES BOCHES OU LE PAN-PAN GERMANIQUE
En Allemagne, il y a toujours une façon « martiale » de s’arranger avec le peuple.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Je suis en train de fonder une nouvelle Société philanthro-.^
pique.
La Société protectrice des nouveaux riches.
Soyons bons pour les profiteurs de la guerre!
Je viens d’assister à différentes répétitions générales ou pre-
mières de comédies et de revues de fin de guerre.
Dans toutes, il est question des nouveaux riches, — et com-
ment !
Qu’est-ce qu’ils prennent, les malheureux!
Les auteurs en font des types odieux, ou tout au moins ridi-
cules. Le nouveau riche est, par définition, vulgaire, illettré,
bête, vêtu comme un tenancier de tripot (d’ailleurs profiteur, lui
aussi) ; la nouvelle riche est, toujours, une grosse dame couverte
de bijoux et qui mange avec ses doigts...
Vraiment, nos auteurs rendent la vie impossible aux nouveaux
millionnaires. Car ceux-ci sont bien forcés d’aller au théâtre pour
se distraire un peu... Et, après avoir payé très cher leurs fau-
teuils ou leurs loges de face, ils se voient traités de la belle
manière, aux applaudissements d’un public non moins impla-
cable !
Eh bien, non, c’est inhumain!
Les nouveaux riches sont des victimes... Il faut les défendre.
— Enfin, me disait l’un d’eux, est-ce de ma faute si je gagne
de l’argent à ne savoir où le mettre? Le ministère de la Guerre
m’accable de commandes que je ne puis pas refuser, car je suis
lié par des contrats qui ne pardonnent pas... Je gagne 25.000 francs
par jour. Le mois prochain, ce sera 30.000! C’est effrayant, mon-
sieur !
— Je vous plains, très sincèrement.
— Comment dépenser tout cet argent? Si j’achète des tableaux
de Mossieu Roybet, de grosses chaînes de montre, des autos, des
châteaux historiques, cela fait scandale... Si je n’achète rien, on
trouve que ma fortune est sans excuse, puisque je ne la gaspille
pas. Alors? Que faut-il faire?
— Heureusement, il y a un certain impôt de 80 0/0...
Je le paierai... Mais, en échange, je demande que la censure
nous protège. Il est inadmissible qu’on nous livre ainsi aux
revuistes et aux caricaturistes, tout en nous soumettant à des
taxes formidables. Monsieur, si cela continue, je ferai un
malheur!... Ou plutôt non, c’est ma femme : elle ira tuer Rip,
André Barde ou un autre de ces plaisantins! C’est comme je vous
le dis...
Pauvre nouveau riche !
* * ^ Des nouveaux riches, il y en a partout.
Par exemple, les « maisons d’illusion.» font des affaires d’or.
Le personnel y est sur les dents, littéralement.
— C’est que, expliquait la patronne d’un de ces établissements
d’utilité publique, c’est que nous ne pouvons pas, nous, faire le
travail en série... Impossible d’installer des machines-outils qui
permettraient d’accélérer la production. Notre industrie n’a pas
fait de progrès et ne peut pas en faire : nous en sommes restées
aux anciennes méthodes, lesquelles suffisent, d’ailleurs, à faire
le bonheur de notre clientèle. La main-d’œuvre ne manque pas,
il est vrai, et nous avons des spécialistes qui ont vraiment le
cœur à l’ouvrage.
— Le cœur... et le reste !
Un des projectiles lancés dans le centre de Paris par les gothas
a bien failli tomber sur une de ces usines que ne contrôle pas
M. Loucheur.
Quelques mètres à côté et ça y était... La bombe dégringolait
en plein salon !
Les ateliers étaient en pleine activité. Frôleuses, perceuses,
ajusteuses, riveuses, mettaient les bouchées doubles...
Soudain, la sirène donna l’alerte.
— Toutes les dames à la cave ! ordonna la surveillante géné-
rale.
Et les messieurs, cette fois, descendirent...
Il y avait là des officiers alliés, des français aussi... Et des
pékins.
— Je n’ai pas peur, disait l’un d’eux, mais je suis marié... Sup-
posez que je sois touché. J’aurais bien de la peine à expliquer
ma présence ici !
Enfin, la berloque fit entendre son joyeux refrain. On remonta...
Mais l’entrain n’y était plus.
— J’ai les jambes molles ! dit Carmen...
— Les jambes aussi? insinua Mireille, plutôt rosse.
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GREVES BOCHES OU LE PAN-PAN GERMANIQUE
En Allemagne, il y a toujours une façon « martiale » de s’arranger avec le peuple.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Je suis en train de fonder une nouvelle Société philanthro-.^
pique.
La Société protectrice des nouveaux riches.
Soyons bons pour les profiteurs de la guerre!
Je viens d’assister à différentes répétitions générales ou pre-
mières de comédies et de revues de fin de guerre.
Dans toutes, il est question des nouveaux riches, — et com-
ment !
Qu’est-ce qu’ils prennent, les malheureux!
Les auteurs en font des types odieux, ou tout au moins ridi-
cules. Le nouveau riche est, par définition, vulgaire, illettré,
bête, vêtu comme un tenancier de tripot (d’ailleurs profiteur, lui
aussi) ; la nouvelle riche est, toujours, une grosse dame couverte
de bijoux et qui mange avec ses doigts...
Vraiment, nos auteurs rendent la vie impossible aux nouveaux
millionnaires. Car ceux-ci sont bien forcés d’aller au théâtre pour
se distraire un peu... Et, après avoir payé très cher leurs fau-
teuils ou leurs loges de face, ils se voient traités de la belle
manière, aux applaudissements d’un public non moins impla-
cable !
Eh bien, non, c’est inhumain!
Les nouveaux riches sont des victimes... Il faut les défendre.
— Enfin, me disait l’un d’eux, est-ce de ma faute si je gagne
de l’argent à ne savoir où le mettre? Le ministère de la Guerre
m’accable de commandes que je ne puis pas refuser, car je suis
lié par des contrats qui ne pardonnent pas... Je gagne 25.000 francs
par jour. Le mois prochain, ce sera 30.000! C’est effrayant, mon-
sieur !
— Je vous plains, très sincèrement.
— Comment dépenser tout cet argent? Si j’achète des tableaux
de Mossieu Roybet, de grosses chaînes de montre, des autos, des
châteaux historiques, cela fait scandale... Si je n’achète rien, on
trouve que ma fortune est sans excuse, puisque je ne la gaspille
pas. Alors? Que faut-il faire?
— Heureusement, il y a un certain impôt de 80 0/0...
Je le paierai... Mais, en échange, je demande que la censure
nous protège. Il est inadmissible qu’on nous livre ainsi aux
revuistes et aux caricaturistes, tout en nous soumettant à des
taxes formidables. Monsieur, si cela continue, je ferai un
malheur!... Ou plutôt non, c’est ma femme : elle ira tuer Rip,
André Barde ou un autre de ces plaisantins! C’est comme je vous
le dis...
Pauvre nouveau riche !
* * ^ Des nouveaux riches, il y en a partout.
Par exemple, les « maisons d’illusion.» font des affaires d’or.
Le personnel y est sur les dents, littéralement.
— C’est que, expliquait la patronne d’un de ces établissements
d’utilité publique, c’est que nous ne pouvons pas, nous, faire le
travail en série... Impossible d’installer des machines-outils qui
permettraient d’accélérer la production. Notre industrie n’a pas
fait de progrès et ne peut pas en faire : nous en sommes restées
aux anciennes méthodes, lesquelles suffisent, d’ailleurs, à faire
le bonheur de notre clientèle. La main-d’œuvre ne manque pas,
il est vrai, et nous avons des spécialistes qui ont vraiment le
cœur à l’ouvrage.
— Le cœur... et le reste !
Un des projectiles lancés dans le centre de Paris par les gothas
a bien failli tomber sur une de ces usines que ne contrôle pas
M. Loucheur.
Quelques mètres à côté et ça y était... La bombe dégringolait
en plein salon !
Les ateliers étaient en pleine activité. Frôleuses, perceuses,
ajusteuses, riveuses, mettaient les bouchées doubles...
Soudain, la sirène donna l’alerte.
— Toutes les dames à la cave ! ordonna la surveillante géné-
rale.
Et les messieurs, cette fois, descendirent...
Il y avait là des officiers alliés, des français aussi... Et des
pékins.
— Je n’ai pas peur, disait l’un d’eux, mais je suis marié... Sup-
posez que je sois touché. J’aurais bien de la peine à expliquer
ma présence ici !
Enfin, la berloque fit entendre son joyeux refrain. On remonta...
Mais l’entrain n’y était plus.
— J’ai les jambes molles ! dit Carmen...
— Les jambes aussi? insinua Mireille, plutôt rosse.