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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1918 (Nr. 164-215)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25447#0589
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ABONNEMENTS :

Demokf aiics. 1 rak.

PangermanisLes... 25 »

Relié par fil spécial avec
Lenine et Longuet.

LE MANIFESTE
DES 93 INTELLECTUELS

(revu ET CORRIGÉ)

Nous sommes les 93 intellectuels alle-
mands qui avons signé le fameux mani-
feste du mois d’août 1914, et nous nous
empressons de déclarer que nous n’en
avons jamais pensé le premier mot...

Ce manifeste a été rédigé à Potsdam,
par les soins du chancelier, et nous décla-
rons de la façon lapins katégorique, qu’on
nous a extorqué nos signatures d’une façon
qui mérite d’être relatée :

Le manifeste fut dia-
boliquement présenté à
chacun de nous, au mo-
ment psychologique,c’est-
à-dire quand des cir-
constances diverses nous
avaient enlevé la posses-
sion de nos moyens...

Ce jour-là, von Har-
nack était saoul, Bren-
tano avait la grippe espa-
gnole, Erlich venait de
perdre sa belle-mère,
Wassermann était en
train de se marier, Su-
derman crut que c’était
une blague, Koch avait besoin d’argent, Har-
den avait des peines de kœur, etc..., etc...

On s’étonnera peut-être que nous ayons
mis quatre ans et demi à protester... Là,
encore, nous avons des excuses.

Von Harnack n’a pas lu un seul journal
depuis cette époque, Brentano a eu des
rhumatismes articulaires, Erlich pensait
avoir envoyé une lettre rectificative : il l’a
retrouvée hier dans sa poche, Wasser-
mann était mobilisé, Suderman avait trop
de travail, Koch avait du monde à déjeu-
ner, Harden était en prison, etc..., etc...

■ Vous pensez bien qu’il
ne nous serait jamais
venu à l’idée d’approu-
ver une guerre qui nous
a conduits à la défaite la
plus stupide, et des dé-
prédations que nous som-
mes, aujourd’hui, obli-
gés de payer 1 Nous ne
sommes tout de même
pas des imbéciles, et ce
serait méchant de la
part des alliés, de croire
que nous avons voulu
cela.

Aucun, parmi nous,
n’«.urait signé le manifeste en conscience,
et pour ces raisons bien simples :

Von Harnack est démokrate, Brentano a
horreur de la réclame, Erlich est pacifiste,
Wassermann n’y connaît rien, Suderman
a des droits d’auteur en France, Koch ne
sait pas écrire, Harden s’en fout, etc...

« Les 93 Intellectuels ».

ARCHITECTE ÉMÉRITE

offre ses talents pour reconstruire villes
et villages détruits.

Ecrire Guillaume dit Kaiser, poste
restante, Hollande.

NOTRE NOUVELLE KARTE DE GUERRE

Il serait puéril de le dissimuler : nous
avons perdu la guerre. C’est la faute de la
clique militaire. Cette clique mériterait des
claques! 11 suffit, en effet, de jeter un coup
d’œil sur les revendications pangerma-
nistes, antérieures à l’armistice, pour en
être, instantanément, écœuré!

Quand on pense que ces Kochons-là re-
fusaient non seulement de rendre l’Alsace-
Lorraine à la France, mais qu’ils voulaient

encore s’octroyer le Bassin de Briey, la
Belgique et Kalais !

Heureusement que, nous autres, démo-
krates, nous avons montré les dents! Nous
n’admettrions jamais que le droit des peu-
ples soit lésé ! L’Alsace-Lorraine est fran-
çaise, elle redeviendra française! M. Barrés
veut la rive gauche du Rhin, nous la lui
offrons à titre de prime et c’est de bon
cœur! 11 peut même prendre la Bavière
par-dessus le marché !

Naturellement, le Schleswig revient au

LA VÉRITÉ SUR LA LIGNE HINDENBURG

On a beaucoup écrit, dans les journaux
de l’Entente, sur la ligne Hindenburg, et,
naturellement, on a dit beaucoup de bê-
tises.

Trompée par les apparences, la presse
alliée n’a pas craint d’affirmer hardiment
que la ligne Hindenburg était une succes-
sion de retranchements formidables, bour-
rés de soldats, hérissés de fils barbelés, de
mitrailleuses et de minnenwerfers, que
nous avions creusés dans l’intention de
nous opposer à la marche de nos ennemis.

Les événements, fort heureusement sont r
venus démentir cette fable ridicule. On a
bien vu, dans la suite, qu’il n’y avait pas
plus de iigne Hindenburg que sur la main,
puisque nous nous sommes toujours cour-

Danemark, Héligoland, à l’Angleterre ;
quant à nos Kolonies, les alliés pourront
bien en faire ce qu’ils voudront!

Nous autres Allemands démokrates,
qu’est-ce que nous voulons ? Que les peu-
ples suivent leurs aspirations... Ainsi,
n’est-ce pas, il y a 9 millions d’Allemands
en Autriche... Les séparer de nous, ce se-
rait comme si on nous arrachait les petits
boyaux !

C’est comme dans les provinces balti-
ques : il n’y a rien que des démokrates al-

lemands; on en trouve en Lithuanie, en
Finlande, en Ukraine, et jusque chez les
Samoyèdes... Pourvu que tous les Alle-
mands se trouvent réunis, nous ne deman-
dons pas autre chose...

Qu’on refasse donc la Karte d’Europe en
partant de ces principes-là ; nous ne dirons
pas un mot de travers.

Et puis, qu’est-ce que vous voulez... il
faut bien que nous nous inclinions : nous
avons perdu la guerre, nous avons perdu
la guerre! Brofit-Ebert.

toisement retirés, au fur et à mesure que
les troupes adverses nous chassaient.

En réalité, la ligne Hindenburg était tout
bonnement une ligne d’autobus, allant de

la Wilhelmstrasse au Reichstag. Etait-ce
pas démontrer clairement nos intentions
pacifiques?

Du reste, en fait de lignes, Hindenburg
n'en ajamaiseu ou’une : une ligne àpêche...

Von Harnack
en 1914.

Von Harnack
en 1918.

Ce qui restera de l'Allemagne, après la paix.
 
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