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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1918 (Nr. 164-215)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25447#0593
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STRATÉGIE

SURPRISE

— Le plan de Foch? Mais voilà quatre ans, monsieur, que j’en avais
eu l’idée... Je regrette que la crise des allumettes ne me permette pas de
vous démontrer comment on aurait pu aller encore plus vite.

Dessin de M. Radiguet.

UNE HEUREUSE NOUVELLE

Un de nos amis, attaché à la Préfecture de Somme-et-Rhône,
nous communique avant l’affichage le document suivant qui
causera vraisemblablement une joie légitime aux disciples de
Nemrod.

Nous reproduisons,'sous toutes réserves, le texte de l’affiche
en question :

« Le Préfet de Somme-et-Rhône, vu les préjudices considé-
rables causés à l’agriculture et à ses administrés par l’invasion
et la reproduction en liberté d’une espèce animale nuisible
entre toutes, le mercanti, arrête ce qui suit :

arrêté :

Article premier. — La chasse au mercanti mâle et femelle
est ouverte sur tout le territoire du département de Somme-et-
Rhône.

Art. 2. — Des battues seront organisées par les soins des
commandants d’étapes, capitaines de gendarmerie, lieutenants
de louveterie, gardes forestiers, gardes pêches, gardes cham-
pêtres, sacristains et bedeaux.

Art. 3. — Pour se livrer à cette chasse toutes les armes
connues jusqu’à ce jour sont autorisées depuis le gourdin
jusqu’à la grenade à main en passant par l’espingole, le fléau
et la hallebarde. (Ne pas se servir d’artillerie lourde à grande
puissance pour ne pas abîmer les récoltes et la peau de
l'animal.)

v Art. 4. — Les pièges sont également tolérés. Les collets,
gluaux, trappes, trébuchets,peuvent donner de bons résultats si
l’on prend soin de les garnir comme appât d'un billet de cent
sous, légume dont le mercanti est friand.

PARRAIN DE GUERRE

— Je vais te dire... : le pauvre garçon m’est arrivé tellement fatigué
que le docteur, qui se trouvait là, lui a conseillé de s’aliter immédia-
tement.

— Et tu as éprouvé une telle émotion que tu as dû t’aliter également?

Dessin de M. Radiguet.

Art. 5. — Il est recommandé aux chasseurs de ne s’adonner à
la chasse au mercanti que revêtus d’un costume civil. En effet,
quoique dangereux pour toute l’espèce humaine, le mercanti ne
devient littéralement furieux que lorsqu’il aperçoit un militaire.
Les uniformes de soldat anglais ou américain sont formelle-
ment prohibés pour se livrer à la chasse du mercanti, la vue
de ces uniformes poussant cet animal à des excès regrettables
et funestes.

Art. 6.— Il est interdit de jeter les cadavres des mercantis
dans les puits, la chair de cet anthropoïde étant nocive au plus
haut point. Il ne faut donc pas compter sur l’abattage du mer-
canti pour remédier au marasme de notre cheptel.

Art. 7. — Le secrétaire communal allouera pour chaque mer-
canti mis à mort la somme de 0 fr. 125. (Ça ne vaut pas plus!)

Art. 8. — Les peaux des mercantis abattus seront réparties
entre les cordonniers pour activer la fabrication des chaussures
nationales. Il faut remarquer, en effet, que la peau du mercanti
remplace admirablement celle de la vache.

Art. 9. — Les bourreliers, herboristes de première et ^ de
deuxième classes sont chargés de l’exécution du présent arrêté.

Le Préfet de Somme-et-Rhône.

Aux dernières nouvelles nous apprenons que le document ci-
dessus est apocryphe et que notre ami s’est indignement laissé
bourrer le crâne.

Dernière heure. — Le Gouvernement mettant les choses au
point vient de décréter le mercanti d’utilité publique et d’en
autoriser l’élevage et la reproduction dans les Haras nationaux.

Roger d’Augar.

EN ANGLETERRE

— John, mon ami, le rôti sera brûlé. Le Gouvernement nous a donné
ce conseil économique : « Ne vous servez pas en même temps du fourneau
à gaz et de la cuisinière. » Dessin de M. Radiguet.
 
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