MERCANTIS
REGRETS
Babouche, très fatiguée de la vie de Paris, était partie depuis
trois semaines... Oh ! cette vie de Paris, si déprimante, si éner-
vante !... Elle était allée très loin, du côté de Biarritz, pour se
reposer l’esprit et se tonifier un peu les muscles en faisant du
sport, beaucoup de sport, tous les sports !
Or Babouche revint hier matin avec des yeux... jusque-là, et
les jambes molles. Fatiguée lors de son déport, elle était érein-
tée à son retour, elle marchait sur les genoux...
— Ben ! t’en as une fameuse bouillotte ! lui dit Mauricette qui
était allée la cueillir à la gare : c’est pour te flanquer dans cet
état-là que tu vas en villégiature?...
— Ah ! mon pauvre coco, m’en parle pas ! soupira languissam-
ment Babouche... J’ai rencontré là-bas un tas de gens, figure-
toi... des acteurs, des auteurs, des aviateurs... ils ne m’ont pas
laissé un instant de répit !
— Oui, oui, je vois ça, tu es une femme très sportive, tu aimes
— Enfin, n’empêche, citoyen camarade, que si on avait été vaincus,
on crèverait dè faim !
— Oui- -., mais quelle belle révolution! Dessin de Xob.
les exercices robustes, tu ne veux jamais t’avouer vaincue, et
tu t’es laissé entraîner, tu as abusé des sports... A présent, te
voilà sur le flanc...
— Heu! heu! les sports... bredouilla Babouche en dodelinant
de la tête...
— Enfin, reprit Mauricette, raconte-moi au moins ce que
vous avez fait comme sports intéressants : de l’auto? de l’aéro ?
du canot ? du polo ?
— Non, fit Babouche, les yeux au ciel... pas ces sports-ci.
— De la natation, de l’ascension, de la bicyclette ?
— Non, fit Babouche, les yeiwc baissés... pas ces sports-là.
— Du footing, du camping, du rowing, du bowling?
— Non, non, marmotta encore la dolente Babouche... pas fait
de ça non plus.
— Alors, quoi? Qu’avez-vous fait? Je me le demande..,
— Eh bien, on a fait surtout du plumard, répondit la jou-
vencelle fatiguée : c’est ce que les aviateurs aiment le mieux.
Robert Francheville.
LE PÈRE LA VICTOIRE
Ah ! tu voudrais qu’on ne donne pas de
charbon aux écoles...; mais vous y gèleriez !...
— Mai» non, m’sieu!... On n’irait pas!
Dessin de M. Sauvayrk.
— Et maintenant, mes enfants, il va falloir « gagner la paix ».
Dessin de Raoul Viow.
»
REGRETS
Babouche, très fatiguée de la vie de Paris, était partie depuis
trois semaines... Oh ! cette vie de Paris, si déprimante, si éner-
vante !... Elle était allée très loin, du côté de Biarritz, pour se
reposer l’esprit et se tonifier un peu les muscles en faisant du
sport, beaucoup de sport, tous les sports !
Or Babouche revint hier matin avec des yeux... jusque-là, et
les jambes molles. Fatiguée lors de son déport, elle était érein-
tée à son retour, elle marchait sur les genoux...
— Ben ! t’en as une fameuse bouillotte ! lui dit Mauricette qui
était allée la cueillir à la gare : c’est pour te flanquer dans cet
état-là que tu vas en villégiature?...
— Ah ! mon pauvre coco, m’en parle pas ! soupira languissam-
ment Babouche... J’ai rencontré là-bas un tas de gens, figure-
toi... des acteurs, des auteurs, des aviateurs... ils ne m’ont pas
laissé un instant de répit !
— Oui, oui, je vois ça, tu es une femme très sportive, tu aimes
— Enfin, n’empêche, citoyen camarade, que si on avait été vaincus,
on crèverait dè faim !
— Oui- -., mais quelle belle révolution! Dessin de Xob.
les exercices robustes, tu ne veux jamais t’avouer vaincue, et
tu t’es laissé entraîner, tu as abusé des sports... A présent, te
voilà sur le flanc...
— Heu! heu! les sports... bredouilla Babouche en dodelinant
de la tête...
— Enfin, reprit Mauricette, raconte-moi au moins ce que
vous avez fait comme sports intéressants : de l’auto? de l’aéro ?
du canot ? du polo ?
— Non, fit Babouche, les yeux au ciel... pas ces sports-ci.
— De la natation, de l’ascension, de la bicyclette ?
— Non, fit Babouche, les yeiwc baissés... pas ces sports-là.
— Du footing, du camping, du rowing, du bowling?
— Non, non, marmotta encore la dolente Babouche... pas fait
de ça non plus.
— Alors, quoi? Qu’avez-vous fait? Je me le demande..,
— Eh bien, on a fait surtout du plumard, répondit la jou-
vencelle fatiguée : c’est ce que les aviateurs aiment le mieux.
Robert Francheville.
LE PÈRE LA VICTOIRE
Ah ! tu voudrais qu’on ne donne pas de
charbon aux écoles...; mais vous y gèleriez !...
— Mai» non, m’sieu!... On n’irait pas!
Dessin de M. Sauvayrk.
— Et maintenant, mes enfants, il va falloir « gagner la paix ».
Dessin de Raoul Viow.
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