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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1918 (Nr. 164-215)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25447#0649
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il aura fort à faire pour nous convaincre. « Vive le mélodrame où
Margot a pleuré ! » Les femmes préféreront toujours une mauvaise
pièce représentée au chef-d’œuvre enfoui dans l’ombre d’une
bibliothèque. Le théâtre est peut-être un non-sens, — mais ce
non-sens nous est cher depuis six mille ans et pkis...

* * * Ces. u i autre confrère de l’après-midi qui écrit ceci :

« Il faut donc réacclimater — le mot est juste — enfants,
femmes et hommes.

« Ln hiver, on le fera en ayant recours à la méthode inti-
tulée : Nature's cure ai home.

» Au printemps et en été, on s’habituera, petit à petit, à se
débarrasser, dans la maison même, dans un jardin, au soleil, à
l’ombre, des vêtements.

« On arrivera a nsi à faire une séance quotidienne de bain
d’air, de bain de soleil, en état de nudité ou de quasi-nudité. »

Je ne dis pas que la Nature s cure ai home n'est pas très
hygiénique, mais cela ne fait rien, ce « nu en famille » ne do t
pas manquer d’un certain pittoresque.

Vous voyez cela d’ici, Monsieur, Madame, leurs fils et leurs
demoiselles réunis au salon dans une tenue de paradis terrestre.

Et vous imaginez la tète du vieil ami qui est introduit dans ce
milieu patriarcal :

— Oui, dit l’ainée, nous nous réacclimatons!

— Natures cure! ajoute la cadette, qui est très forte en
anglais.

— Rien de plus sain! affirme Madame qui, très digne, a con-
servé son face-à-main.

— Faites-en autant, cher ami, dira Monsieur ; je vous assure,
nous nous en trouvons très bien.

Naturellement, la cuisinière et la bonne pratiquent, elles
aussi, la « nature’s cure ». Ce sera l’Eden au cinquième. Après
tout, le sport et l’hygiène purifient tout et, au sein de la
grande forêt équatoriale, il y a des familles très bien qui pra-
tiquent, en tout bien, tout honneur, le nu intégral.

Le rêve est d'ailleurs de faire la cure de nu en plein air.
Cette méthode est très goûtée en Allemagne... Il y a même des
établissements très chic où les deux sexes, dépourvus du
moindre voile, passent la journée ensemble au milieu de vastes
jardins. Ces garden parties sont tout ce qu’il y a de plus élé-
gant, ce qui prouve bien que l’habit ne fait pas le moine.

Ainsi, la civilisation nous ramène tout doucemeut aux mœurs

primitives... La Natures cure at home se perfectionnera pro-
bablement encore : non seulemont nous nous mettrons tout
nus, mais encore nous irons faire une saison dans quelque
local préhistorique.

Et nous lirons dans le Gaulois des informations mondaines
dans ce genre :

« l a duchesse de Mormoëlleux a donné hier, dans ses cavernes
de Rochedure, une élégante réunion où nous avons reconnu la
baronne de Hacksey-Bondy, vêtue d’un collier de perles, le
comte des Anchoix qui ne portait que sa barbe, la marquise
Meymoy-Sully, délicieusement parée d’un sac à main, etc., etc.

« Un repas préhistorique, composé de chair crue, a été servi
par petites tables. »

Tel sera, évidemment, le dernier mot du raffinement et du
luxe.

* * * En attendant, nos contemporains et nos contempo-
raines ne s’embêtent pas.

« Jouir », tel est le mot d’ordre qui n’a pas été donné seule-
ment par M. Paul Margueritte.

Un intense besoin de rigolade remplace l’union sacrée par
d’innombrables unions qui ne sont pas consacrées du tout.

L’autre jour une petite scène caractéristique s’est passée dans
un tramway, sur la rive gauche. La wattwoman et la receveuse
étaient deux jolies femmes, coquettement vêtues... Des officiers
alliés — ne précisons pas — montèrent dans le véhicule et
furent agréablement impressionnés par les deux charmantes
employées de la C. G. O. -

Un flirt-express s'ensuivit.

Si bien que, tout à coup, la wattwoman et la receveuse pla-
quèrent le tramway pour suivre nos séduisants alliés.

Les voyageurs restèrent ainsi en panne... Et peut-être atten-
dent-ils encore à l’heure actuelle, au beau milieu de la rue, le
retour des jeunes personnes qui devaient les conduire à desti-
nation. Telles sont les idylles du jour...

Les romans en trois cents pages sont vieux jeu : pour être
vraiment vécus, ils doivent tenir en quelques lignes, en quelques
mots, voire en quelques gestes. Même lorsqu’il prend le tram-
way, l’amour marche à cent cinquante à l’heure.

Après tout, ces prises de contact direct ont leur charme
aussi... Mais les gens qui aiment aller à Gythère par le chemin
des écoliers doivent avoir le vertige. Pick-me-up.

LES CHASSEURS DE PAPILLONS

• Maigre vos sacs à malices cousues de fil rouge, messieurs les socialentomologisles, celui-là s’envolera sans que vous « 1 ayez eu ».

Dessins de L. Métivet.
 
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