mondaine » et une « demi-mondaine » est une jeune et talen-
tueuse artiste ».
Nous tenons beaucoup à l’étiquette...
Ce qui ne nous empêche pas d’être ardemment démocrates!
* * * La Goulue, qui a pu lire son oraison funèbre avant la
lettre de faire part, est encore, Dieu merci, bien vivante...
Tous les journaux nous ont annoncé, avec force détails :
1° Sa mord.
2° Sa résurrection.
Tout cela, au moment où la guerre entre dans le tournant dé-
cisif, où des millions d’hommes attendent d’heure en heure le
signal du grand massacre, où le sort de la France est encore
une fois en suspens.
Trois lignes pour annoncer un torpillage qui a coûté la vie à
des centaines de personnes.
Cent lignes pour nous apprendre — à tort d’ailleurs — que la
Goulue a été avalée par l’autre Goulue, la grande, celle qui n’en
a jamais assez.
I.es moralistes peuvent évidemment s’en donner à cœur joie:
— Peuple frivole... : l’anecdote l’emporte sur l’Histoire .. Nous
ne serons jamais sérieux!
Possible, mais cette frivolité a sa grandeur.
Elle prouve, en tout cas, que le moral est bon (l’immoral aussi,
qui, d’ailleurs, lui ressemble).
Et puis, la Goulue est un personnage quasi historique : c’est la
survivante d’une époque qui nous paraît aussi lointaine que celle
de M. Guizot, — si toutefois il est permis de rapprocher ces
deux noms. Ah île grand écart, l’ancien Moulin-Rouge, le prince
de Sagan, le Pétomane, Toulouse-Lautrec, les rampes de gaz et
les affiches de Cliéret!
Ne disons pas de mal de ce Paris-là !
C’était le bon temps... Alors, la Bourgogne était heureuse et
les autres provinces aussi.
Nous n’avions pas d’autos, pas d’aéros, pas de guerre!
Hélas ! le 420 a remplacé le pétomane et il y a des restrictions
sévères pour les goulus et les goulues.
^ * * C’était aussi l’époque de Lemice-Terrieux.
MILITARISME BOLCHEVIK
— Creuse la tranchée, sale bourgeois ! Quand elle sera finie, nous
descendrons dedans et... nous foutrons le camp.
— La reverrai-je jamais? Voilà quinze jours déjà qu’elle est arrêtée!
— Qui ça? Ta bonne amie?
— ... la Pâtisserie. Dessins de L. Mètivet.
Il est d’ailleurs ressuscité, lui aussi... L’Académie française a
été bombardée de fausses lettres de candidatures.
C'est une plaisanterie évidemment facile, mais qui produit
toujours son petit effet.
Peut-être le mystificateur inconnu a-t-il manqué un peu d’ima-
gination. Que n’a-t-il adressé à M. Etienne Lamy, secrétaire per-
pétuel, des lettres signées Marcel Hutin, Renaudel, Arthur
Meyer, Charles Humbert ou Accambray? Après tout, pareilles
candidatures ne sont pas plus paradoxales que d’autres, qui pas-
sent pour sérieuses.
Il faut tout de même une certaine dose de vanité poui en arri-
ver un jour à se dire en nouant sa cravate :
— Tiens, mais je ferais un excellent académicien!... J’ai du
talent, je suis homme du monde. Rien ne me manque, vraiment,
pour mériter de devenir immortel !
Le monsieur qui raisonne de la sorte ne se mouche pas du
pied.
Et, pourtant, c’est ainsi qu’il faut raisonner pour entrer à
l’Académie!
Le bon sens voudrait que ce fût à l’Académie de choisir libre-
ment ses nouveaux membres. Elle l’a fait pour le maréchal Jof-
fre... Que ne continue-t-elle?
Cela lui éviterait, tout au moins, d’être mystifiée par des gens
qui ne respectent rien.
^ * * Mais qu’est cette prétention de gendelettre auprès de
celle des cantatrices qui, tranquillement, donnent leur nom à un
parfum ?
La première en date fut « Mary Garden ». Aujourd’hui, c’est
Marthe Chenal.
Pour un homme, la consécration suprême consiste à devenir
tête de pipe, à se voir reproduit en pain d’épices ou encore à
être l'homonyme du bœuf gras (mais il n’y a plus de pain d’épi-
ces et nous voici au temps des vaches maigres).
Pour une femme, le rêve est de voir son nom sur un flacon
d’odeur... Eh bien, je vous le dis tout net, si j’étais Marthe Che-
nal, ça m’embêterait de penser que n’importe qui peut acheter
mon odeur pour un louis ou deux.
Le parfum, c’est la femme.
L’extrait de la femme aimée ne doit pas être mis dans le com-
merce. Tout, mais pas ça!
Sans compter qu’il y a de petites amies qui disent :
— Celle-là, je ne peux pas la sentir!...
Pick-me-up.
tueuse artiste ».
Nous tenons beaucoup à l’étiquette...
Ce qui ne nous empêche pas d’être ardemment démocrates!
* * * La Goulue, qui a pu lire son oraison funèbre avant la
lettre de faire part, est encore, Dieu merci, bien vivante...
Tous les journaux nous ont annoncé, avec force détails :
1° Sa mord.
2° Sa résurrection.
Tout cela, au moment où la guerre entre dans le tournant dé-
cisif, où des millions d’hommes attendent d’heure en heure le
signal du grand massacre, où le sort de la France est encore
une fois en suspens.
Trois lignes pour annoncer un torpillage qui a coûté la vie à
des centaines de personnes.
Cent lignes pour nous apprendre — à tort d’ailleurs — que la
Goulue a été avalée par l’autre Goulue, la grande, celle qui n’en
a jamais assez.
I.es moralistes peuvent évidemment s’en donner à cœur joie:
— Peuple frivole... : l’anecdote l’emporte sur l’Histoire .. Nous
ne serons jamais sérieux!
Possible, mais cette frivolité a sa grandeur.
Elle prouve, en tout cas, que le moral est bon (l’immoral aussi,
qui, d’ailleurs, lui ressemble).
Et puis, la Goulue est un personnage quasi historique : c’est la
survivante d’une époque qui nous paraît aussi lointaine que celle
de M. Guizot, — si toutefois il est permis de rapprocher ces
deux noms. Ah île grand écart, l’ancien Moulin-Rouge, le prince
de Sagan, le Pétomane, Toulouse-Lautrec, les rampes de gaz et
les affiches de Cliéret!
Ne disons pas de mal de ce Paris-là !
C’était le bon temps... Alors, la Bourgogne était heureuse et
les autres provinces aussi.
Nous n’avions pas d’autos, pas d’aéros, pas de guerre!
Hélas ! le 420 a remplacé le pétomane et il y a des restrictions
sévères pour les goulus et les goulues.
^ * * C’était aussi l’époque de Lemice-Terrieux.
MILITARISME BOLCHEVIK
— Creuse la tranchée, sale bourgeois ! Quand elle sera finie, nous
descendrons dedans et... nous foutrons le camp.
— La reverrai-je jamais? Voilà quinze jours déjà qu’elle est arrêtée!
— Qui ça? Ta bonne amie?
— ... la Pâtisserie. Dessins de L. Mètivet.
Il est d’ailleurs ressuscité, lui aussi... L’Académie française a
été bombardée de fausses lettres de candidatures.
C'est une plaisanterie évidemment facile, mais qui produit
toujours son petit effet.
Peut-être le mystificateur inconnu a-t-il manqué un peu d’ima-
gination. Que n’a-t-il adressé à M. Etienne Lamy, secrétaire per-
pétuel, des lettres signées Marcel Hutin, Renaudel, Arthur
Meyer, Charles Humbert ou Accambray? Après tout, pareilles
candidatures ne sont pas plus paradoxales que d’autres, qui pas-
sent pour sérieuses.
Il faut tout de même une certaine dose de vanité poui en arri-
ver un jour à se dire en nouant sa cravate :
— Tiens, mais je ferais un excellent académicien!... J’ai du
talent, je suis homme du monde. Rien ne me manque, vraiment,
pour mériter de devenir immortel !
Le monsieur qui raisonne de la sorte ne se mouche pas du
pied.
Et, pourtant, c’est ainsi qu’il faut raisonner pour entrer à
l’Académie!
Le bon sens voudrait que ce fût à l’Académie de choisir libre-
ment ses nouveaux membres. Elle l’a fait pour le maréchal Jof-
fre... Que ne continue-t-elle?
Cela lui éviterait, tout au moins, d’être mystifiée par des gens
qui ne respectent rien.
^ * * Mais qu’est cette prétention de gendelettre auprès de
celle des cantatrices qui, tranquillement, donnent leur nom à un
parfum ?
La première en date fut « Mary Garden ». Aujourd’hui, c’est
Marthe Chenal.
Pour un homme, la consécration suprême consiste à devenir
tête de pipe, à se voir reproduit en pain d’épices ou encore à
être l'homonyme du bœuf gras (mais il n’y a plus de pain d’épi-
ces et nous voici au temps des vaches maigres).
Pour une femme, le rêve est de voir son nom sur un flacon
d’odeur... Eh bien, je vous le dis tout net, si j’étais Marthe Che-
nal, ça m’embêterait de penser que n’importe qui peut acheter
mon odeur pour un louis ou deux.
Le parfum, c’est la femme.
L’extrait de la femme aimée ne doit pas être mis dans le com-
merce. Tout, mais pas ça!
Sans compter qu’il y a de petites amies qui disent :
— Celle-là, je ne peux pas la sentir!...
Pick-me-up.