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Rochette, Desiré Raoul [Hrsg.]
Monuments inédits d'antiquité figurée, grecque, étrusque et romaine (Band 1): Cycle héroique — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.3750#0101
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90 MONUMENS INÉDITS.

relatifs à cette scène de l'Iliade, et appartenant à l'art grec, aussi bien qu'à l'art étrusque, dont
le rapport sert de plus en plus à confirmer l'intime et antique relation, si vainement contestée
par des écrivains systématiques, qui existait entre les arts, les croyances et les institutions
de ces deux peuples.

Le premier de ces monumens, et le plus remarquable peut-être de tous ceux du même
genre qui sont connus, est une ciste mystique, de bronze, récemment découverte aux environs
de Palestrine, l'antique Préneste1. Trouvée dans un état presque complet d'intégrité, avec
son couvercle, elle renfermait de plus un de ces instrumens vulgairement nommés patères,
qui doivent être indubitablement reconnus pour des miroirs mystiques. Les sujets représentés
sur la ciste même et sur son couvercle étant relatifs à Achille, il en résulte, à l'égard de celui
qui est qravé sur le miroir, une présomption semblable; et c'est aussi l'opinion que j'aurai
bientôt occasion d'établir.

La composition gravée sur le couvercle de la ciste présente trois Néréides, montées chacune
sur divers monstres marins, et portant, l'une, une épée dans le fourreau, les deux autres,
deux cnémides, indication suffisante de l'armure complète fabriquée par Vulcain2. J'ai dit
trois Néréides, et non Thétis elle-même avec deux de ses sœurs, parce que le costume des
trois nymphes, lequel ne diffère que par des particularités indifférentes, empêche de recon-
naître dans aucune d'elles une divinité-mère, telle que Thétis, et que, d'ailleurs, l'état à-peu-
près complet de nudité où elles se montrent, ne convient pas à Thétis, dont le vaste péplus
était, ainsi que je l'ai montré par le témoignage même des monumens, le costume propre-
ment homérique, et n'aurait pu, à ce titre, être supprimé sur un monument de la nature
de celui-ci, que nous trouverons si parfaitement conforme dans tout le reste aux traditions
homériques. Les trois Néréides portent le collier , qui paraît avoir été particulièrement à l'u-

r

sage des Etrusques, à en juger par le grand nombre des monumens de ce style qui nous

témoignages non moins clignes de foi ; voy. Creuzer, Symbolik und clans toute l'antiquité, sans qu'on n'en doive inférer qu'ils avaient

Mythologie, II, 861, o56; et de toutes les hypothèses propres à été ainsi rassemblés par le même motif religieux, et qu'ils avaient

expliquer ce phénomène, dans les îles de l'Archipel, en Sicile, fait parlic des ustensiles sacrés dédiés à cette divinité ou em-

sur les côtes de l'Italie, de l'Asie mineure , et du Pont, c'est - à - ploy es à son culte. La ciste Borgia renfermait, au témoignage

dire, dans tous les lieux qui furent le siège de colonies phéni- de Guattani, endroit cité plus haut, p. xxix, deux patères, c'est-à-

ciennes, il n'en est certainement pas qui répondent mieux à toutes dire, deux miroirs, un style, un striqile, un petit chevreau, animal

les difficultés de la question, que le système de M. Boettiger. consacré à Bacebus, Pitlur. d'Ercolan. III, xxxiv, p. 168, n. 7,

(1) Voy. notre planche XX, 1 et 2. Celte ciste, acquise à une panthère, et un morceau de métal façonné en prisme, le tout

Rome, au moment de sa découverte, en 182 6, a passé des mains contenu dans une seconde ciste plus petite. La nôtre ne renfer-

cle M. Durand dans le cabinet de M. Réville, à Paris; et c'est mait qu'un seul miroir, dont le dessin, très-négligé, ne semble

sur le monument même qu'a été fait le dessin que je publie, pas appartenir à la même époque; ce qui n'empêche pas qu'il

le seul qui soit exact et conforme à l'original. La circonstance n'ait pu faire partie du même dépôt.

indiquée plus haut, que ce monument a été trouvé dans les (2) La circonstance, si souvent indiquée par Homère, que la

environs de Palestrine, est d'autant plus digne de remarque, cnémide était la première partie de l'armure dont on se revêtait,

que c'est dans le même territoire qu'ont été découvertes les circonstance confirmée par tant de monumens de l'art, peut avoir

autres cistes mystiques connues jusqu'à ce jour, ou du moins contribué à rendre cette même pièce d'armure plus caractéris-

quatre sur cinq, c'est à savoir, les deux du musée Kircher et tique qu'aucune autre, et, en quelque sorte, symbolique. Telle on

du cabinet Borgia ; une troisième, acquise par J. Byrcs, et men- la voit figurée, notamment sur le beau vase du Vatican publié

tionnée par Visconti, Monum. Gabini, p. 5o, et une quatrième, par Winckclmann, Monum. ined. 1 3i, où j'ai déjà remarqué que

appartenant au prélat Casali, et publiée par Guattani, Monum. Millin, trompé par son dessinateur, a cru voir, en place de la

ined. per tanna 1787, marzo, tav. m, p. xxv-xxxn. Une cin- cnémide que tient Achille prêt à s armer, une petite idole de

quième, trouvée en 1795, et possédée à Rome par le comte Minerve, dont il ne sait, du reste, quelle explication donner;

délia Rovere, est décrite par Visconti, Monum. Gabini, p. 5o , qui voy. ses Vases peints, I, xiv-xv.

n'indique pas le lieu de sa découverte ; mais il est permis de (3) Ce collier consiste en un cercle auquel est supendu un

présumer qu'elle provenait, comme toutes les autres, du sol de corps ovoïde, qui semble, à sa dimension, avoir dû être creux

Palestrine. Or, il n'est guère probable que tant de monumens et propre à renfermer des amulettes : incksis intra eam remediis,

du même genre aient été découverts dans un même lieu, où Macrob. Saturn.i, 6. De cet ornement porté avec cette intention,

exista ce fameux temple de la Fortune de Préneste, si célèbre est certainement dérivée la bulla des Romains, qui servait à un
 
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