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Rochette, Desiré Raoul [Hrsg.]
Monuments inédits d'antiquité figurée, grecque, étrusque et romaine (Band 1): Cycle héroique — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.3750#0175
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MONUMENS INÉDITS.

qui l'attitude du deuil et l'expression de la douleur, telles que nous les offre notre statue du
Vatican, ont pu convenir plus particulièrement. C'est aussi de cette manière qu'a procédé
M. Thiersch, pour arriver à la détermination qui nous occupe; et après avoir nommé suc-
cessivement Phèdre, Ariane, Jndromaque et Pénélope, c'est à cette dernière qu'il s'arrête,
d'après le rapport effectivement très-sensible qui se trouve entre cette statue et la figure
de Pénélope, sur un bas-relief de terre cuite dont on connaît plusieurs répétitions antiques,
sans compter quelques contrefaçons modernes1. Il y aurait peut-être lieu de s'étonner
que M. Thiersch n'ait pas compris Electre dans le nombre des héroïnes affligées qui pouvaient
avoir fourni le sujet de notre statue; mais j'aime mieux convenir avec lui, parce que j'en
ai été frappé comme lui, de l'extrême ressemblance, pour ne pas dire de l'identité absolue
qui existe entre les deux figures du Vatican et la Pénélope du bas-relief antique. H y a
cependant une distinction à faire. Le torse Chiaramonti, où s'est conservée, sous le siège de
la figure, une partie de la corbeille à ouvrage, attribut caractéristique de Pénélope, semble
bien, à ce titre, devoir être rapporté à une statue de Pénélope; mais la figure du musée
Pie-Clémentin, assise sur un rocher, dont toute la partie supérieure est bien certainement
antique, pourrait avoir appartenu à un autre personnage, bien qu'elle fût dérivée d'un
même type. Ce ne serait pas la seule fois que la donnée primitive d'une figure aurait été
transportée à un autre sujet d'un caractère à-peu-près semblable ou dans une position
analogue : j'en ai déjà cité quelques exemples, et j'en produirai encore de nouveaux. On

r

pourrait donc reconnaître ici Electre, avec tout autant de vraisemblance que Pénélope; et,
dans cette hypothèse, voici de quelle manière je croirais pouvoir rendre compte de
l'ensemble et des détails de cette statue.

La fille d'Agamemnon, assise, non plus, comme dans la composition primitive, sur les
degrés d'un tombeau, mais sur une simple pierre brute, offre dans son costume et dans toute
son attitude l'image du deuil où elle est plongée. Elle est vêtue d'une longue stola à
manches courtes, attachées sur chaque bras par sept agrafes2; la ceinture en est détachée,
sans doute parce qu'Electre a déjà accompli l'intention qu'elle manifeste, dans la tragédie de
Sophocle, de déposer cette ceinture sans ornemens, en guise de bandelette, sur le tombeau
paternel3. Elle porte, par-dessus sa tunique, un long péplus qui couvre sa tête, et qui est
ramené par-devant sur ses genoux; ce péplus, sans bordures, sans franges et même sans ces
glands de métal qui servaient à fixer les plis élégamment disposés d'une riche draperie,
semble, par son extrême simplicité, le costume le mieux assorti à la situation d'Electre; et
c'est d'ailleurs ainsi que nous la montre Euripide, cachant sa tête dans son pépins". Ses

( i ) M. Thiersch cite cinc] répétitions de ce bas - relief et de
son pendant, dont une dans le musée Kircher, à Rome; une
seconde, aussi à Home, dans la bibliothèque du palais Barberini;
c'est celle que donne M. Thiersch , taf. n, fig. 3 ; deux autres,
en Angleterre, une desquelles est publiée dans le recueil des
Terracollas of Mas. british, pi. xn ; la cinquième, appartenant au
cabinet du Roi, figure dans les Monumens inédits de Millin, t. II,
pi. ho, 4i. Mais je n'oserais assurer, faute de les avoir vus
moi-même , que les exemplaires du docteur Mead et du Musée
britannique soient bien véritablement antiques, d'après les con-
trefaçons modernes que je connais de ces bas-reliefs. L'un de
ceux du palais Barberini est moulé sur l'exemplaire du musée
Kircher -^ il existe, à ma connaissance, une contrefaçon du même
genre, dans une collection particulière de Rome, et sans doute

encore ailleurs ; car ce genre d'industrie est un de ceux que
les modernes faiseurs d'antiquités exploitent à Rome avec le
plus d'habileté et de succès.

(2) Electre se représente elle-même, dans Sophocle, El. 1 g3 :
àeuui aiv <f\o\a.. Dans une autre tragédie, Euripid. Electr. 18/i,
elle rappelle ifv%i iâf *i*&>v mvkuv*

(3) Sophocl. El. 45/i : K«v fôw* toS^c, 0ô x^i&'ïç Yiny\[ûvov. L'ap-
plication qu'on peut faire de ce passage de Sophocle à notre
figure, vient à l'appui de l'interprétation, d'ailleurs très-plau-
sible , que propose ici le Scholiaste : ZÔma  vZv w Çmw «/Wu>7,...

jiJhai J«P -m fw/^a Ô.V77 lOlç TUlvittç.

(h) Euripid. Orest. 280 : K^w fltîj-' ù'm t^ttXw. Ce trait d'Eu-
ripide semble avoir réellement fourni le principal motif de toutes
nos figures à'Electre, telles qu'elles se produisent sur les vases.
 
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