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Rochette, Desiré Raoul [Editor]
Monuments inédits d'antiquité figurée, grecque, étrusque et romaine (Band 1): Cycle héroique — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.3750#0244
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ORESTEIDE.

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conviennent si bien à un génie, il est difficile de ne pas reconnaître celui d'Achille nouveau-né,
ou tout au moins un Génie natal, témoin naturel de la scène domestique ou idéale, mytho-
logique ou réelle, qu'on voit ici représentée.

Une image purement grecque d'un autre génie du même genre, est celle que nous offre
un vase curieux et inédit, de la collection de M. Durand1. On y voit un jeune homme ab-
solument nu, la tête ceinte de la couronne mystique de myrte, qui vole, les ailes déployées,
tenant d'une main un oiseau, de l'autre une petite baguette, et au-devant duquel est tracé
un grand cerceau. Il existe, dans une autre collection particulière de Paris, dans le cabinet
de M. Réville, un vase également inédit, et de tout point semblable à celui-ci, si ce n'est
que l'oiseau que le Génie tient de la main droite, est un coq, symbole connu des exercices
gymnastiques auxquels se livraient les Ephèbes2. Le cerceau, ou le trochus, n'est pas un attribut
moins significatif, moins propre à caractériser, dans le personnage qui nous occupe, le Génie
de ïéphébie, ou de l'adolescence*; et la baguette que tient ce génie, et qui ne se rapporte pas
moins indubitablement au jeu du trochus11, vient à l'appui de cette explication. Ce même
instrument s'est déjà produit, avec la même intention, sur quelques autres monumens grecs,
notamment sur le superbe vase du musée royal Bourbon, à Naples, représentant la fable
de Pélops et d'QEnomaùY; et j'ai déjà eu occasion de relever la singulière méprise dont ce
cerceau et cette baguette, portés par le jeune Ganymède, avaient été l'objet de la part d'un
des derniers interprètes de ce beau monument6. C'est donc, à n'en pas douter, le Génie
de Yéphébie, qui se voit ici représenté, avec ses principaux attributs; et le jeune homme,
peint de l'autre côté du vase, le front ceint de la même couronne de myrte, dans le costume
propre aux éphèbes, avec le nom aiokaees (aiokahx), et l'acclamation ordinaire kaaos,
le beau dioklÈs, doit être regardé comme le portrait idéal d'un Ephebe, accompagné du
nom particulier de la personne à qui ce vase était destiné.

et divinités marines d'un ordre inférieur, que la couleur pourpre
à Thétis et à ses sœurs. C'est ce qui résulte des expressions
mêmes que je viens de citer, ainsi que de leur emploi, sans
compter une foule d'autres témoignages, où la couleur verte
est plus spécialement indiquée, entre autres dans un passage
d'Ovide,Epist. v, 5j, où wVic/es Nereidasrépond à^*u^/j N«p*W,
de Théocrite, Jd. vu, 5g; voy. les autorités recueillies par Cuper,
Apotli. Homcr. 183, et sur-tout parles Académiciens d'Hercu-
lanum, au sujet de quelques peintures antiques qui présentent
des nymphes marines avec des vêtemens de cette couleur, Pitture,
I, 113, note 8, III, 85 et 89. Je suis donc autorisé à croire qua
l'auteur de notre peinture avait choisi à dessein la couleur en
question, pour celle du péplus dont il a revêtu le Génie natal
d'Achille; et nous avons ici une nouvelle preuve de ces intentions
symboliques, qui dirigèrent constamment la pratique de l'art
chez les anciens, jusque dans les détails de costume les plus in-
différais en apparence.

(1) Voyez planche XLIV, 1.

(2) Le coij avait été figuré sur le casque d'une statue de Mi-
nerve à Élis, par une raison que donne Pausanias, vi, 26, 2 :
677 <j3f>ox*i&Ttt\a. ipçumf h iû.%cn ol AXizjfvoviç. C'est à ce titre qu'il
était devenu l'animal symbolique d'Hermès, dieu delà palestre,
comme on le voit, entre autres exemples, sur une pierre gravée
du Musée Worsley, iv, 7, sur une autre du Musée de Cortone, 32,
mais nulle part d'une manière plus positive que sur un célèbre
camée de la collection Farnèse, où cet animal se montre avec
les Génies de la lutte. Une autre classe de monumens antiques,
encore plus digne de confiance, comme produite directement

d'après les données de l'art grec, les vases peints, nous offrent
fréquemment le coq figuré avec cette intention. On le trouve
notamment sur ces beaux vases qui se découvrent à Athènes, à
Nola, et jusque dans ïÉtrurie, Millingen, Ane. uned. mon. part.
I, pi. i-iv; Vases de Lamberg, I, lxxiii; Gerhard, antàe Bild-
werke, I, v-vn; Panofka, Neapels antike Bildwerhe, I, 33li; voy.
aussi le Catalogo discelte antichitàetrusche delpr. di Canino, pag. g3:
monumens des jeux panathénaïques, qui suffiraient seuls pour
revendiquer à la Grèce, je veux dire, à ses arts et à ses croyances,
la classe entière des vases peints, en quelque lieu et dans quelque
fabrique qu'aient été exécutés ces vases, sur la patrie desquels il
a été tout récemment avancé en Italie une opinion si étrange.

(3) Voy. les observations faites à ce sujet par Winckelmann,
Monum. ined.n. 19,4, *Q&, et Pierres de Stosch,]). 452; et par
l'interprète des Vases de Lamberg, II, 53, note 2, qui indique
la différence à faire entre le trochus et le rhombus.

(à) Celte baguette, parfaitement indiquée sur les deux pierres
de Stosch décrites par Winckelmann , a été méconnue par
M. Inghirami, sur le célèbre vase de Pélops et d'OEnomaûs,
Maisonneuve, Introduction à l'étude des vases, xxx, où ce savant
a cru que ce pouvait être un serpent, et le cerceau de bronze, ou
trochus, que porte Ganymède, un cercle zodiacal; symboles qu'il
explique comme astronomiques; voy. Inghirami, Monum. etr.
ined. ser. V, tav. xv, p. 1 itx sgg.

(5) Panofka, Neapeb ant Bildwerhe, I, 3/i/r, voyez d'autres
exemples du même jeu, figuré sur les vases peints, dans Pas-
seri, Pict. Etr. in vase. II, clvi; Vases de Lamberg, I, lxxxix.

(6) Journal des savans, décembre 1828, p. 714.
 
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